Côte d''Ivoire
Face-à-face Compaoré-Gbagbo à Bamako
Les présidents burkinabé et ivoirien arrivés mardi à Bamako sont réunis pour un tête-à-tête sous les auspices du président malien Amadou Toumani Touré. La rencontre vise à décrisper les relations plus que tendues entre Abidjan et Ouagadougou depuis le 19 septembre, date du déclenchement de la guerre civile en Côte d’Ivoire.
De notre envoyé spécial à Bamako
C’est le président Blaise Compaoré qui est arrivé le premier dans la capitale malienne suivis quelques dizaines de minutes plus tard par son homologue ivoirien. Installés brièvement au palais présidentiel de Koulouba sur les hauteurs de Bamako, les deux chefs d’État ont été accueillis dans les bureaux du président ATT pour leur première entrevue depuis le sommet du 29 septembre à Accra. Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo se sont donnés l’accolade. Devant les caméras, l’ambiance était détendue. Le président ivoirien s’est même montré bavard réussissant à arracher des rires à son homologue burkinabé. Après quelques minutes de civilités, ATT a invité ses deux hôtes à le suivre dans son bureau au second étage pour un huis-clos laissant en bas dans le grand salon de la présidence, les deux délégations installées face-à-face. Celles-ci sont composées côté burkinabé du ministre des affaires étrangères Youssouf Ouédraogo et de la défense, le général Kwamé Lougué.
Côté ivoirien, outre le ministre des affaires étrangères Aboudramane Sangaré, Laurent Gbagbo est accompagné de son ministre des eaux et forêts, du chef d’état-major général des armées le général Mathias Doué, du chef d’état-major particulier le colonel Marcel Gléhi ainsi que d’une bonne partie de son cabinet. Le huis-clos était prévu pour durer quelques heures avec une suspension pour le déjeuner sur place au palais présidentiel. La rencontre devait déboucher en fin d’après-midi par une déclaration scellant de nouvelles relations entre Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo, autrefois amis lorsque le président ivoirien était encore dans l’opposition mais aujourd’hui frères ennemis.
Depuis le 19 septembre, la méfiance, déjà forte entre les deux hommes depuis la tentative de coup d’État de janvier 2001, a atteint un niveau inquiétant. Laurent Gbagbo accuse ouvertement le Burkina de «complicité ne serait-ce que passive» avec les rebelles. Ce que nie le pouvoir de Ouagadougou qui estime que les causes de la guerre civile en Côte d’ivoire sont plutôt à rechercher à l’intérieur du pays. A cause des exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabé en Côte d’Ivoire et des accusations de la presse proche du pouvoir ivoirien contre Blaise Compaoré, la tension était plus que vive entre les deux voisins. Les deux chefs d’État n’utilisaient plus de formules diplomatiques pour s’accuser.
Objectif : désescalade
L’objectif de la présidence malienne qui organise le tête-à-tête entre les deux frères ennemis, est d’arriver à une désescalade. «Chacun doit dire ce qu’il reproche à l’autre. Après ce langage de vérité, on doit pouvoir s’entendre et relancer les contacts entre les deux», confie un conseiller du président malien. «Il ne s’agit pas de signer un quelconque accord entre la Côte d’Ivoire et le Burkina mais d’arriver à une déclaration de principe permettant aux deux chefs d’État de se parler régulièrement», ajoute-t-on.
Mais les discussions devraient s’étendre sur les questions de fond qui divisent Abidjan et Ouagadougou. Outre donc, la sécurité physique de ses ressortissants, le Burkina entend réclamer des réparations pour ses milliers de fils qui auraient été victimes de spoliation. Le gouvernement burkinabé parle de 400 000 ressortissants «chassés» de la Côte d’Ivoire depuis 1999 dont plus de 20 000 exploitants agricoles «qui ont dû abandonner» leurs plantations. La délégation du Burkina espère également obtenir une révision de la loi sur le domaine foncier rural qui risque d’exproprier les héritiers des milliers de planteurs burkinabé installés depuis des générations notamment dans les régions de production de café et de cacao. De plus en plus décidé à s’entendre avec Ouagadougou, Abidjan, en proie à de nouveaux fronts rebelles, semble prêt à faire un geste. Il y a une semaine, Laurent Gbagbo avait dépêché son ministre de l’agriculture chez Compaoré avant de demander au ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin en tournée dans la région de transmettre un message «d’amitié et de bonne volonté» à son ancien ami.
C’est le président Blaise Compaoré qui est arrivé le premier dans la capitale malienne suivis quelques dizaines de minutes plus tard par son homologue ivoirien. Installés brièvement au palais présidentiel de Koulouba sur les hauteurs de Bamako, les deux chefs d’État ont été accueillis dans les bureaux du président ATT pour leur première entrevue depuis le sommet du 29 septembre à Accra. Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo se sont donnés l’accolade. Devant les caméras, l’ambiance était détendue. Le président ivoirien s’est même montré bavard réussissant à arracher des rires à son homologue burkinabé. Après quelques minutes de civilités, ATT a invité ses deux hôtes à le suivre dans son bureau au second étage pour un huis-clos laissant en bas dans le grand salon de la présidence, les deux délégations installées face-à-face. Celles-ci sont composées côté burkinabé du ministre des affaires étrangères Youssouf Ouédraogo et de la défense, le général Kwamé Lougué.
Côté ivoirien, outre le ministre des affaires étrangères Aboudramane Sangaré, Laurent Gbagbo est accompagné de son ministre des eaux et forêts, du chef d’état-major général des armées le général Mathias Doué, du chef d’état-major particulier le colonel Marcel Gléhi ainsi que d’une bonne partie de son cabinet. Le huis-clos était prévu pour durer quelques heures avec une suspension pour le déjeuner sur place au palais présidentiel. La rencontre devait déboucher en fin d’après-midi par une déclaration scellant de nouvelles relations entre Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo, autrefois amis lorsque le président ivoirien était encore dans l’opposition mais aujourd’hui frères ennemis.
Depuis le 19 septembre, la méfiance, déjà forte entre les deux hommes depuis la tentative de coup d’État de janvier 2001, a atteint un niveau inquiétant. Laurent Gbagbo accuse ouvertement le Burkina de «complicité ne serait-ce que passive» avec les rebelles. Ce que nie le pouvoir de Ouagadougou qui estime que les causes de la guerre civile en Côte d’ivoire sont plutôt à rechercher à l’intérieur du pays. A cause des exactions dont sont victimes les ressortissants burkinabé en Côte d’Ivoire et des accusations de la presse proche du pouvoir ivoirien contre Blaise Compaoré, la tension était plus que vive entre les deux voisins. Les deux chefs d’État n’utilisaient plus de formules diplomatiques pour s’accuser.
Objectif : désescalade
L’objectif de la présidence malienne qui organise le tête-à-tête entre les deux frères ennemis, est d’arriver à une désescalade. «Chacun doit dire ce qu’il reproche à l’autre. Après ce langage de vérité, on doit pouvoir s’entendre et relancer les contacts entre les deux», confie un conseiller du président malien. «Il ne s’agit pas de signer un quelconque accord entre la Côte d’Ivoire et le Burkina mais d’arriver à une déclaration de principe permettant aux deux chefs d’État de se parler régulièrement», ajoute-t-on.
Mais les discussions devraient s’étendre sur les questions de fond qui divisent Abidjan et Ouagadougou. Outre donc, la sécurité physique de ses ressortissants, le Burkina entend réclamer des réparations pour ses milliers de fils qui auraient été victimes de spoliation. Le gouvernement burkinabé parle de 400 000 ressortissants «chassés» de la Côte d’Ivoire depuis 1999 dont plus de 20 000 exploitants agricoles «qui ont dû abandonner» leurs plantations. La délégation du Burkina espère également obtenir une révision de la loi sur le domaine foncier rural qui risque d’exproprier les héritiers des milliers de planteurs burkinabé installés depuis des générations notamment dans les régions de production de café et de cacao. De plus en plus décidé à s’entendre avec Ouagadougou, Abidjan, en proie à de nouveaux fronts rebelles, semble prêt à faire un geste. Il y a une semaine, Laurent Gbagbo avait dépêché son ministre de l’agriculture chez Compaoré avant de demander au ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin en tournée dans la région de transmettre un message «d’amitié et de bonne volonté» à son ancien ami.
par Alpha Barry
Article publié le 03/12/2002