Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d''Ivoire

Mobilisation sur tous les fronts

L’heure de la mobilisation générale a d’ores et déjà sonné, chez les loyalistes comme chez les rebelles. Même si le président a annoncé qu’il signerait ce mercredi avec tous les grands partis ivoiriens un «document politique» préconisant une issue pacifique aux affrontements en cours depuis le 19 septembre.
Des milliers de jeunes ivoiriens décidés à s’enrôler dans l’armée nationale se sont rendus mardi matin au ministère de la Défense, répondant ainsi à l’appel à la mobilisation générale lancé samedi dernier par le gouvernement de Laurent Gbagbo, pour «libérer le pays» de la rébellion. Une mobilisation qui concerne «tout Ivoirien âgé de 20 à 26 ans» désireux d’aller au front, mais sur la base du volontariat.

La veille, Charles Blé Goudé, président de la Coordination des jeunes patriotes - une organisation proche du pouvoir - avait exhorté ses troupes à se rassembler dans la cour du ministère de la Défense: «nous allons mettre un terme à la rébellion, avait déclaré celui qu’on appelle ‘le général de la jeunesse’. Nous ne négocierons pas avec les rebelles, nous allons marcher sur eux». Finalement, ces jeunes ont été invités à revenir dans deux jours, pour être recensés, avant d’être mobilisés et faire partie des 3 000 volontaires requis par le gouvernement.

Parallèlement, les forces armées nationales (FANCI) continuaient à envoyer des renforts en direction du Grand Ouest, où les rebelles «gueïstes» occupent toujours des villes proches de la frontière avec le Liberia. C’est apparemment autour des villes de Guiglo et Duekoué que pourrait jouer le sort de cette région, mais aussi celui de toute la «boucle du cacao». Ces villes sont situées à égale distance de Daloa et de Man, deux villes tenues par les FANCI mais menacées par les insurgés se réclamant respectivement du MPCI et du MPIGO.

Toutes ces villes sont aussi situées sur la route stratégique qui mène du Nord vers le port de San Pédro, débouché traditionnel sur le Golfe de Guinée, non loin du Liberia, du cacao et du coton ivoiriens. Une position qui n’a sans doute pas échappé aux rebelles, qui, en partant de Séguéla, pourraient décider de tenter une percée en direction de Daloa et de San Pédro.

«La grande bataille est pour bientôt»

Si l’on croit différents envoyés spéciaux occidentaux, les chefs rebelles du MPCI basés à Séguéla, à Vavoua et à Bouaké ne cachent plus leurs difficultés à tenir leurs hommes chauffés à blanc, tous désireux d’en découdre avec les forces loyalistes basés à Man et Daloa. A Bouaké - où le couvre-feu a été instauré pour la première fois ce lundi - les mutins s’entraînent et, sur le ton de la confidence, ont affirmé au correspondant de l’Agence France presse que la «grande bataille» est pour bientôt.

Depuis de nombreuses semaines les forces rebelles peuvent compter non seulement sur des milliers de guerriers traditionnels - les fameux «dozos» - mais aussi sur l’incorporation de milliers de jeunes, souvent sans emploi. Certains d’entre eux ont déjà participé à des combats, notamment lors des batailles de Bouaké et de Daloa, et ont été les premiers à tomber sous les balles ennemies, en raison de l’entraînement sommaire reçu en quelques jours.



par Elio  Comarin

Article publié le 10/12/2002