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Côte d''Ivoire

Sommet de Dakar: grandes ambitions, faible mobilisation

Boudé par la plupart des chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, le sommet extraordinaire de Dakar a fixé au 31 décembre la date-limite du déploiement des troupes de la CEDEAO en Côte d’Ivoire.
L’ambition et le volontarisme affiché dans le communiqué final du sommet extraordinaire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) qui s’est tenu mercredi à Dakar risque fort de se heurter à la passivité, voire la mauvaise volonté, des pays membres. En effet, ce sommet consacré à la crise majeure qui menace de déstabiliser l’ensemble de la sous-région a été boudé par la plupart des chefs d’Etats de l’organisation.

Ils n’étaient que trois présidents à avoir fait le déplacement de Dakar (Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Cap Vert). Au total, ce sont toutefois douze pays sur les quinze que compte la CEDEAO qui étaient représentés à divers niveaux (ministres ou ambassadeurs). Une absence est toutefois apparue comme symptomatiques des dissensions internes à l’organisation, celle du Togolais Eyadéma qui est pourtant le «médiateur» de la crise ivoirienne officiellement désigné par le CEDEAO. Manifestement, le différend qui l’oppose au président sénégalais Abdoulaye Wade n’a pas été aplani. En dépit de cette faible mobilisation régionale, le sommet a accouché de décisions dont la présidence sénégalaise a répété sur tous les tons qu’elles «engagent tous les Etats concernés».

Les combats ont repris dans l'Ouest

Premier engagement pris lors du sommet, il concerne le déploiement des troupes de la CEDEAO sur le sol ivoirien dont le principe avait été arrêté lors du sommet d’Accra le 29 septembre dernier. Le sommet de Dakar «a fixé au 31 décembre la date limite pour le déploiement de la force de la CEDEAO en Côte d’Ivoire». Le texte ne précise pas quelle sera la mission exacte de cette force dont, selon le président Wade, le déploiement n’est pas antinomique avec le maintien d’une présence militaire française sur le terrain. Rappelons qu’initialement, les forces françaises ne devaient être déployées qu’à titre intérimaire dans l’attente de l’arrivée de la force ouest-africaine.

Concernant la situation politique, le sommet de Dakar réaffirme solennellement «la légitimité» du président Gbagbo qui pour «montrer sa bonne volonté» a promis de présenter dès la semaine prochaine «un plan global de sortie de crise» dont "les réformes profondes" seraient entérinées par "des consultations populaires". Le chef de l’Etat ivoirien a indiqué qu’il était «prêt à signer un accord avec les insurgés comportant leur cantonnement dans un espace du territoire national sous la supervision de la CEDEAO».

Si l’on en croit les déclaration du président Wade, les pays d’Afrique de l’Ouest ont désormais «une parfaite maîtrise du processus de paix en Côte d’Ivoire» et en conséquence, «la réunion que la France prévoyait d’organiser à Paris avec des chefs d’Etat et de partis politiques ne s’impose pas». Des déclarations qui apparaissent particulièrement optimistes prononcées au moment où les combats reprennent dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Mercredi, c’est autour de la ville de Man que des combats particulièrement violents à l’arme lourde ont éclaté. Dans cette zone agissent deux groupes rebelles apparus fin novembre, le MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du grand Ouest) et le MJP (Mouvement pour la justice et la paix), qui ne s’estiment pas tenus par le cessez-le-feu conclu le 17 octobre entre le gouvernement et le MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire).

Les rebelles, chassés de Man par les forces loyalistes, auraient lancé une offensive sur plusieurs fronts. Selon des informations de source militaire citées par l’AFP jeudi matin, les forces rebelles auraient repris le contrôle de la ville. Au début du mois, les rebelles avaient été délogés de Man par les forces loyalistes.

Ecoutez Christophe Champin, l'invité de la rédaction (19/12/2002, 3'39)



par Philippe  Couve

Article publié le 19/12/2002