Côte d''Ivoire
L’Afrique de l’Ouest en sommet à Dakar
Un sommet extraordinaire de la CEDEAO doit se tenir ce mercredi à Dakar, 48 heures après la rencontre informelle de Kara au Togo au cours de laquelle les chefs d’Etat présents ont condamné les rebelles ivoiriens en dénonçant «les attaques armées».
Après quelques cafouillages de communication c’est finalement Dakar (Sénégal) et non Accra (Ghana) qui doit accueillir ce mercredi le sommet extraordinaire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) consacré à la crise ivoirienne. L’hôte du sommet, le président sénégalais Abdoulaye Wade qui assure la présidence de la CEDEAO, a fixé le cahier des charges pour les quinze chefs d’Etat des pays de la Communauté: mettre sur pied «un programme clair et net de rétablissement de la paix».
La tâche est ambitieuse et le travail doit être préparé juste avant le sommet lors d’une réunion du groupe de contact sur la Côte d’Ivoire qui réunit six des quinze membres de la CEDEAO (Togo, Ghana, Niger, Nigeria, Mali, Guinée-Bissau). L’objectif est ambitieux surtout si l’on se souvient que lors du précédent sommet qui s’était tenu à Accra au Ghana le 29 septembre dernier, les pays de la CEDEAO avaient annoncé la mise sur pied d’une force d’interposition ouest-africaine qui n’a toujours pas vu le jour. Toutefois, en l’espace de trois, nombre de données de la crise ivoirienne ont changé.
Réunis lundi à Kara au nord du Togo autour du «médiateur» Gnassingbé Eyadéma, les présidents sénégalais, ghanéen, nigerian et libérien ont clairement condamné «les attaques armées» en demandant à leurs auteurs «de cesser immédiatement leurs agissements et de se retirer des localités occupées» tout en réaffirmant leur soutien à la légalité constitutionnelle. Une déclaration qui ne peut être interprêtée que comme un appui sans faux-semblant au chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo. Le sommet informel de Kara semble aussi avoir permis au Sénégalais Wade et au Togolais Eyadéma de solder leur différend, le premier ayant qualifié la médiation du second «d’échec» alors même que le président togolais était en train de négocier avec les forces rebelles et les représentants du gouvernement ivoirien.
La France se tient prête à organiser un sommet à Paris
Autre donnée diplomatique nouvelle, la position de la France. Dans une longue interview accordé lundi au quotidien La Croix, le ministre français des Affaires étrangères explicite la position de Paris. Dominique de Villepin affirme qu’«il n’existe pas de solution militaire durable» et que «la solution ne peut être que politique». Le chef de la diplomatie française précise que l’action de la France repose sur trois principes: «le soutien aux autorités légitimes», «la préservation de l’intégrité du territoire» et «le respect des droits de l’Homme». Au passage, le ministre des Affaires étrangères dénonce «les ingérences extérieures, c’est à dire toute action menée à partir des Etats voisins, livraisons d’armes, soutien en hommes». Une dernière remarque immédiatement condamnée avec vigueur par les autorités burkinabè.
La France aujourd’hui maintient sa proposition d’organiser rapidement à Paris un sommet des chefs d’Etat de la région auxquels pourraient s’adjoindre le président gabonais, Omar Bongo, le Sud-Africain Thabo Mbeki, ainsi que le secrétaire général de l’ONU et celui de l’Union africaine. Dans la foulée, la France souhaite pouvoir organiser «une table ronde des différentes forces politiques ivoiriennes». Comme lors de toutes les négociations difficiles de ce type, Paris estime que le fait de délocaliser les discussions permettra aux représentants de chaque partie d’échapper à l’emprise des plus radicaux de son camp pour parvenir à des solutions de compromis.
Autre changement et non des moindres depuis le dernier sommet de la CEDEAO, l’évolution de la situation militaire. En effet, de nouveaux mouvements rebelles sont apparus dans l’ouest du pays où de violents combats ont eu lieu tandis que la France a décidé de renforcer son dispositif militaire avec l’envoi de renforts qui porteront les effectifs à 2500 soldats. Des militaires français qui ont reçu pour consigne «d’ouvrir le feu si nécessaire» pour assurer sa double mission: vérification du respect du cessez-le-feu conclu entre les forces gouvernementales et les rebelles du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) et sécurisation de l’importante communauté française dans le pays qui est évaluée à quelque 20000 personnes.
Dans ce contexte le sommet extraordinaire de Dakar et ses résultats seront examinés avec une attention particulière. C’est la capacité d’une organisation régionale africaine à prendre en charge une crise qui menace de déstabiliser un pan entier du continent qui est en jeu.
La tâche est ambitieuse et le travail doit être préparé juste avant le sommet lors d’une réunion du groupe de contact sur la Côte d’Ivoire qui réunit six des quinze membres de la CEDEAO (Togo, Ghana, Niger, Nigeria, Mali, Guinée-Bissau). L’objectif est ambitieux surtout si l’on se souvient que lors du précédent sommet qui s’était tenu à Accra au Ghana le 29 septembre dernier, les pays de la CEDEAO avaient annoncé la mise sur pied d’une force d’interposition ouest-africaine qui n’a toujours pas vu le jour. Toutefois, en l’espace de trois, nombre de données de la crise ivoirienne ont changé.
Réunis lundi à Kara au nord du Togo autour du «médiateur» Gnassingbé Eyadéma, les présidents sénégalais, ghanéen, nigerian et libérien ont clairement condamné «les attaques armées» en demandant à leurs auteurs «de cesser immédiatement leurs agissements et de se retirer des localités occupées» tout en réaffirmant leur soutien à la légalité constitutionnelle. Une déclaration qui ne peut être interprêtée que comme un appui sans faux-semblant au chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo. Le sommet informel de Kara semble aussi avoir permis au Sénégalais Wade et au Togolais Eyadéma de solder leur différend, le premier ayant qualifié la médiation du second «d’échec» alors même que le président togolais était en train de négocier avec les forces rebelles et les représentants du gouvernement ivoirien.
La France se tient prête à organiser un sommet à Paris
Autre donnée diplomatique nouvelle, la position de la France. Dans une longue interview accordé lundi au quotidien La Croix, le ministre français des Affaires étrangères explicite la position de Paris. Dominique de Villepin affirme qu’«il n’existe pas de solution militaire durable» et que «la solution ne peut être que politique». Le chef de la diplomatie française précise que l’action de la France repose sur trois principes: «le soutien aux autorités légitimes», «la préservation de l’intégrité du territoire» et «le respect des droits de l’Homme». Au passage, le ministre des Affaires étrangères dénonce «les ingérences extérieures, c’est à dire toute action menée à partir des Etats voisins, livraisons d’armes, soutien en hommes». Une dernière remarque immédiatement condamnée avec vigueur par les autorités burkinabè.
La France aujourd’hui maintient sa proposition d’organiser rapidement à Paris un sommet des chefs d’Etat de la région auxquels pourraient s’adjoindre le président gabonais, Omar Bongo, le Sud-Africain Thabo Mbeki, ainsi que le secrétaire général de l’ONU et celui de l’Union africaine. Dans la foulée, la France souhaite pouvoir organiser «une table ronde des différentes forces politiques ivoiriennes». Comme lors de toutes les négociations difficiles de ce type, Paris estime que le fait de délocaliser les discussions permettra aux représentants de chaque partie d’échapper à l’emprise des plus radicaux de son camp pour parvenir à des solutions de compromis.
Autre changement et non des moindres depuis le dernier sommet de la CEDEAO, l’évolution de la situation militaire. En effet, de nouveaux mouvements rebelles sont apparus dans l’ouest du pays où de violents combats ont eu lieu tandis que la France a décidé de renforcer son dispositif militaire avec l’envoi de renforts qui porteront les effectifs à 2500 soldats. Des militaires français qui ont reçu pour consigne «d’ouvrir le feu si nécessaire» pour assurer sa double mission: vérification du respect du cessez-le-feu conclu entre les forces gouvernementales et les rebelles du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) et sécurisation de l’importante communauté française dans le pays qui est évaluée à quelque 20000 personnes.
Dans ce contexte le sommet extraordinaire de Dakar et ses résultats seront examinés avec une attention particulière. C’est la capacité d’une organisation régionale africaine à prendre en charge une crise qui menace de déstabiliser un pan entier du continent qui est en jeu.
par Philippe Couve
Article publié le 17/12/2002