Côte d''Ivoire
Arrivée des renforts français dans un climat tendu
Les premiers militaires envoyés par la France pour renforcer le contingent déjà présent en Côte d’Ivoire, ont atterri dans la nuit de samedi à dimanche à Abidjan. Avant même leur arrivée, une grande manifestation anti-français a eu lieu à Bouaké, une ville située dans la partie Nord du pays, aux mains des rebelles depuis le mois de septembre.
Les cent-cinquante soldats du 2ème régiment étranger de parachutiste (REP), qui étaient partis de la base de Solenzara, en Corse, à destination de la capitale ivoirienne, sont arrivés. Ils doivent être rapidement déployés du côté de Daloa, sur la ligne qui traverse le pays d’Est en Ouest et sépare les zones aux mains des rebelles (Nord), de celles sous contrôle des forces gouvernementales ivoiriennes (Sud). Ils vont apporter leur soutien aux quelque 1200 hommes déjà sur le terrain dans le cadre de l’opération Licorne, pour assurer notamment la sécurité des ressortissants hexagonaux présents en Côte d’Ivoire.
L’envoi de cette première vague de renforts correspond aux engagements pris par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui a annoncé que la France voulait marquer «sa volonté d’être présente» devant la «détérioration de la situation en Côte d’Ivoire». D’ici une dizaine de jours, d’autres soldats devraient arriver dans le pays, portant le total des forces envoyées en soutien à environ 500 soldats supplémentaires. Il s’agit de la plus importante intervention militaire française dans un Etat africain depuis 1983, date à laquelle Paris avait envoyé 3000 hommes au Tchad pour lutter contre une tentative d’invasion du pays menée par des forces soutenues par la Libye.
L’intervention de la France est fondée sur trois principes : appuyer les autorités légitimes, préserver l’intégrité et la souveraineté de la Côte d’Ivoire et soutenir les efforts de médiation régionale. Mais au départ les forces françaises n’avaient pour mission d’intervenir que pour protéger leurs ressortissants. Devant la multiplication des combats et les risques dérapages, Paris a décidé de les autoriser à s’interposer et à utiliser leurs armes pour sécuriser le cessez-le-feu ou si elles sont témoins «d’exactions de masse».
Identifier les responsables des massacres
D’ailleurs, la France a saisi le haut commissaire des Nations unies pour les Droits de l’homme, Sergio Vieira de Mello, pour qu’il diligente une enquête pour établir les responsabilités dans les cas de violations des droits de l’homme qui ont été constatés depuis le début des affrontements en Côte d’Ivoire. Notamment concernant le charnier découvert, fin novembre, à Monoko-Zohi, à l’Ouest du pays. Selon le ministère des Affaires étrangères : «L’impunité de la Côte d’Ivoire doit cesser».
Dans un contexte tendu où toutes les tentatives de négociations ont pour le moment échoué, le renforcement du dispositif militaire français qui a été accueilli avec satisfaction par le gouvernement de Laurent Gbagbo, a provoqué la colère des rebelles. Le porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) qui contrôle la partie Nord du pays depuis le mois de septembre, a dénoncé l’implication de la France dans la guerre civile ivoirienne. Il s’est même dit prêt à en découdre avec «la milice et les mercenaires de Gbagbo et toute autre armée étrangère acteur ou complice du génocide». Le MPCI a donc invité la France considérée comme «une force d’occupation» à quitter le pays.
A Bouaké, une ville détenue par les rebelles, la journée de samedi a d’ailleurs été marquée par l’organisation d’une manifestation de grande ampleur dont l’objectif était aussi de protester contre la présence française. Plusieurs milliers de personnes se sont réunies (600 000 selon les organisateurs, 10 000 selon les soldats français) et ont forcé une barrière gardée par les militaires pour apporter directement au commandant des forces françaises stationnées dans l’école baptiste de la ville, une «motion de protestation contre l’occupation de la Côte d’Ivoire par la France». Des incidents se sont alors produits et deux personnes auraient été blessées.
L’un des organisateurs de la manifestation, Paulin Zagadou, a affirmé que les militaires avaient tiré sur la foule. Le porte-parole de l’armée, Ange-Antoine Leccia, a démenti et déclaré que les soldats avaient tiré en l’air. Selon lui, les blessés ont reçu des coups de machettes à la suite d’altercations entre manifestants.
Sur le front diplomatique, le sommet qui devait réunir plusieurs chefs d’Etat de la région à Kara, au Togo, ce week-end, pour discuter de la crise ivoirienne, a été reporté. Mais il devrait finalement avoir lieu, lundi, en présence du président togolais qui est aussi le médiateur désigné par la CEDEAO, Gnassingbé Eyadéma, d’Abdoulaye Wade (Sénégal), d’Olusegun Obasanjo (Nigeria) et John Kufuor (Ghana).
A écouter :
Le Colonel Emmanuel Maurin, il s'exprime sur la mission de ces renforts en Côte d'Ivoire, au micro de Cyril Bensimon (15/12/2002).
L’envoi de cette première vague de renforts correspond aux engagements pris par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui a annoncé que la France voulait marquer «sa volonté d’être présente» devant la «détérioration de la situation en Côte d’Ivoire». D’ici une dizaine de jours, d’autres soldats devraient arriver dans le pays, portant le total des forces envoyées en soutien à environ 500 soldats supplémentaires. Il s’agit de la plus importante intervention militaire française dans un Etat africain depuis 1983, date à laquelle Paris avait envoyé 3000 hommes au Tchad pour lutter contre une tentative d’invasion du pays menée par des forces soutenues par la Libye.
L’intervention de la France est fondée sur trois principes : appuyer les autorités légitimes, préserver l’intégrité et la souveraineté de la Côte d’Ivoire et soutenir les efforts de médiation régionale. Mais au départ les forces françaises n’avaient pour mission d’intervenir que pour protéger leurs ressortissants. Devant la multiplication des combats et les risques dérapages, Paris a décidé de les autoriser à s’interposer et à utiliser leurs armes pour sécuriser le cessez-le-feu ou si elles sont témoins «d’exactions de masse».
Identifier les responsables des massacres
D’ailleurs, la France a saisi le haut commissaire des Nations unies pour les Droits de l’homme, Sergio Vieira de Mello, pour qu’il diligente une enquête pour établir les responsabilités dans les cas de violations des droits de l’homme qui ont été constatés depuis le début des affrontements en Côte d’Ivoire. Notamment concernant le charnier découvert, fin novembre, à Monoko-Zohi, à l’Ouest du pays. Selon le ministère des Affaires étrangères : «L’impunité de la Côte d’Ivoire doit cesser».
Dans un contexte tendu où toutes les tentatives de négociations ont pour le moment échoué, le renforcement du dispositif militaire français qui a été accueilli avec satisfaction par le gouvernement de Laurent Gbagbo, a provoqué la colère des rebelles. Le porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) qui contrôle la partie Nord du pays depuis le mois de septembre, a dénoncé l’implication de la France dans la guerre civile ivoirienne. Il s’est même dit prêt à en découdre avec «la milice et les mercenaires de Gbagbo et toute autre armée étrangère acteur ou complice du génocide». Le MPCI a donc invité la France considérée comme «une force d’occupation» à quitter le pays.
A Bouaké, une ville détenue par les rebelles, la journée de samedi a d’ailleurs été marquée par l’organisation d’une manifestation de grande ampleur dont l’objectif était aussi de protester contre la présence française. Plusieurs milliers de personnes se sont réunies (600 000 selon les organisateurs, 10 000 selon les soldats français) et ont forcé une barrière gardée par les militaires pour apporter directement au commandant des forces françaises stationnées dans l’école baptiste de la ville, une «motion de protestation contre l’occupation de la Côte d’Ivoire par la France». Des incidents se sont alors produits et deux personnes auraient été blessées.
L’un des organisateurs de la manifestation, Paulin Zagadou, a affirmé que les militaires avaient tiré sur la foule. Le porte-parole de l’armée, Ange-Antoine Leccia, a démenti et déclaré que les soldats avaient tiré en l’air. Selon lui, les blessés ont reçu des coups de machettes à la suite d’altercations entre manifestants.
Sur le front diplomatique, le sommet qui devait réunir plusieurs chefs d’Etat de la région à Kara, au Togo, ce week-end, pour discuter de la crise ivoirienne, a été reporté. Mais il devrait finalement avoir lieu, lundi, en présence du président togolais qui est aussi le médiateur désigné par la CEDEAO, Gnassingbé Eyadéma, d’Abdoulaye Wade (Sénégal), d’Olusegun Obasanjo (Nigeria) et John Kufuor (Ghana).
A écouter :
Le Colonel Emmanuel Maurin, il s'exprime sur la mission de ces renforts en Côte d'Ivoire, au micro de Cyril Bensimon (15/12/2002).
par Valérie Gas
Article publié le 15/12/2002