Union européenne
Accord à l’arraché sur la réforme de la pêche
Il aura fallu cinq jours de négociations, un marathon sans précédent, pour permettre aux ministres de la Pêche des Quinze de parvenir à un compromis sur la réforme du secteur. Un compromis qui n’a toutefois été entériné que par treize des quinze Etats membres de l’UE, la Suède et l’Allemagne ayant refusé de signer l’accord conclu qui doit entrer en vigueur dès le 1er janvier prochain. Cet accord prévoit pour seulement fin 2004 l’arrêt des aides publiques au renouvellement des flottes et une nouvelle gestion des stocks par «l’effort de pêche» qui ne concerne que le cabillaud et dans certaines zones des eaux européennes. Des organisations de défense de la nature ont d’ores et déjà vivement critiqué l’accord conclu par les Quinze.
«Les amis de la pêche» sont satisfaits. La France, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie et la Grèce sont en effet parvenus, vendredi, à imposer leur point de vue au commissaire européen à l’Agriculture, Franz Fischler, qui souhaitait notamment retirer, dès la fin de cette année, 8600 bateaux de la flotte de pêche européenne. L’accord conclu à l’arraché par les Quinze, après un marathon de cinq jours de négociations, prévoit ainsi que des aides au renouvellement des bateaux pourront être encore octroyées jusqu’au 31 décembre 2004. Et les pays membres de l’UE qui auront recours à ces fonds, devront en contre-partie réduire d’au moins 3% la capacité de leur flotte au cours des deux prochaines années. En outre, pour chaque navire neuf financé grâce à ces aides, un ancien sera retiré de la flotte. Et au dessus de 100 tonnes, une capacité 1,35 fois supérieure devra être retiré. Ainsi pour un nouveau bateau de 400 tonnes, un ancien de 540 tonnes sera envoyé à la casse. Franz Fischler, qui s’est félicité de cet accord, a estimé que le compromis trouvé allait désormais garantir qu’«aucune ressource publique ne contribuera plus à agrandir encore davantage une flotte qui est déjà pléthorique». Une satisfaction bien mince pour celui qui voulait bannir dès janvier prochain toute aide au renouvellement des bateaux européens.
Concernant les ressources halieutiques déclarées en danger pour de nombreuses espèces, «les amis de la pêche» ont sur ce point également obtenu gain de cause. La commission européenne qui avait proposé de généraliser la gestion des stocks de poisson par «l’effort de pêche» (temps passé en mer) n’a pas réussi à convaincre les pays de l’Europe du Sud et l’Irlande qui voulaient eux s’en tenir au système actuel des quotas de pêche par pays et de plafonds de capture par zone et par espèce. L’accord prévu limite donc «l’effort de pêche» proposé par Franz Fischler au seul cabillaud et à quelques espèces associées mais dans un nombre limité de zones de pêche européennes et non pas sur l’ensemble des eaux européennes. L’Est de la Manche, à la grande satisfaction des Français, ne fait ainsi pas partie de ces zones et seuls les pêcheurs écossais devraient en pâtir. En outre, la réduction de l’effort de pêche sur cette espèce de poisson, prévue initialement à 80%, a été ramenée à 45% et seulement à titre provisoire.
Colère des écologistes
Si le compromis trouvé à Bruxelles satisfait largement les pays du Sud de l’Europe et l’Irlande, «les amis des poissons», comme la Suède et l’Allemagne qui ont refusé d’entériner l’accord, sont en revanche très déçus. La ministre verte allemande Renate Kuenast a ainsi expliqué son vote contre la réforme par le caractère «insuffisant» de ses mesures. L'accord global trouvé par les Quinze marque certes «un progrès significatif mais il est aussi clair, sur la base des preuves scientifiques, qu'il n'est pas suffisant à mes yeux en particulier pour les stocks de cabillauds», a-t-elle notamment déploré.
Beaucoup plus sévères, les associations écologistes ont dénoncé un «lamentable échec». L’organisation WWF estime ainsi que cette réforme de la pêche européenne risque de «condamner à mort» le cabillaud et estime qu’elle contient «des failles» qui permettront toujours de donner de l’argent public aux flottes de pêche. Pour l’organisation Greenpeace, l’UE a opté pour un compromis «faible et inefficace». «Les gagnants de la réforme sont les grosses flottes de pêche qui déserteront la mer du Nord quand il n’y aura plus de poisson, laissant les pêcheurs locaux sur le carreau», a-t-elle estimé.
Concernant les ressources halieutiques déclarées en danger pour de nombreuses espèces, «les amis de la pêche» ont sur ce point également obtenu gain de cause. La commission européenne qui avait proposé de généraliser la gestion des stocks de poisson par «l’effort de pêche» (temps passé en mer) n’a pas réussi à convaincre les pays de l’Europe du Sud et l’Irlande qui voulaient eux s’en tenir au système actuel des quotas de pêche par pays et de plafonds de capture par zone et par espèce. L’accord prévu limite donc «l’effort de pêche» proposé par Franz Fischler au seul cabillaud et à quelques espèces associées mais dans un nombre limité de zones de pêche européennes et non pas sur l’ensemble des eaux européennes. L’Est de la Manche, à la grande satisfaction des Français, ne fait ainsi pas partie de ces zones et seuls les pêcheurs écossais devraient en pâtir. En outre, la réduction de l’effort de pêche sur cette espèce de poisson, prévue initialement à 80%, a été ramenée à 45% et seulement à titre provisoire.
Colère des écologistes
Si le compromis trouvé à Bruxelles satisfait largement les pays du Sud de l’Europe et l’Irlande, «les amis des poissons», comme la Suède et l’Allemagne qui ont refusé d’entériner l’accord, sont en revanche très déçus. La ministre verte allemande Renate Kuenast a ainsi expliqué son vote contre la réforme par le caractère «insuffisant» de ses mesures. L'accord global trouvé par les Quinze marque certes «un progrès significatif mais il est aussi clair, sur la base des preuves scientifiques, qu'il n'est pas suffisant à mes yeux en particulier pour les stocks de cabillauds», a-t-elle notamment déploré.
Beaucoup plus sévères, les associations écologistes ont dénoncé un «lamentable échec». L’organisation WWF estime ainsi que cette réforme de la pêche européenne risque de «condamner à mort» le cabillaud et estime qu’elle contient «des failles» qui permettront toujours de donner de l’argent public aux flottes de pêche. Pour l’organisation Greenpeace, l’UE a opté pour un compromis «faible et inefficace». «Les gagnants de la réforme sont les grosses flottes de pêche qui déserteront la mer du Nord quand il n’y aura plus de poisson, laissant les pêcheurs locaux sur le carreau», a-t-elle estimé.
par Mounia Daoudi
Article publié le 21/12/2002