Congo démocratique
La tentation du pire
L’Union africaine et l’ONU sont très inquiètes de la relance du conflit en République démocratique du Congo (RDC) et condamnent la reprise des combats dans l’est du pays où deux fronts se sont ouverts. A quelques jours de l’application prévue des accords de paix de Pretoria, plusieurs camps semblent en fait animés par la volonté de conforter ou d’étendre leurs positions. Au risque de tout faire capoter.
Il n’y avait pas pire moment pour relancer l’activité militaire dans la région. Surtout à ce niveau. A peine plus d’une semaine s’est écoulée depuis la signature de l’accord inter-congolais («historique» ?) de Pretoria qui doit, dès le début de l’année prochaine, dans quelques jours, aboutir à l’installation d’un gouvernement d’union nationale de transition et, d’ici deux ans, à des élections véritablement historiques. Or, depuis la fin de la semaine dernière, deux nouveaux fronts particulièrement actifs et dévastateurs se sont ouverts dans l’est du pays.
Le premier concerne la province d’Ituri dans le Nord-Est, prés de la frontière ougandaise, où la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo a qualifié d’«injustifiable reprise des combats» l’offensive lancée par le Mouvement de libération du Congo (MLC) et son allié du Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N). Les troupes des deux mouvements affrontent celles d’une autre faction, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de Libération (RCD-ML) associé dans la région aux soldats gouvernementaux des Forces armées congolaises (FAC) et à la milice Maï-Maï. Elles se sont emparées des localités de Mambasa, Komanda et Teturi, et menacent Beni. Le RCD-N revendique la capture de douze militaires gouvernementaux.
Selon l’ONU et les organisations non-gouvernementales qui travaillent dans la région, la progression des assaillants s’accompagne d’épouvantables exactions à l’encontre des populations civiles. Selon l’évêque de Butembo, cité par l’AFP, les hommes du MLC contraindraient notamment leurs prisonniers au cannibalisme. Accusation démentie par le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba qui conteste même sa participation aux combats. Terrorisées, les gens fuient en masse et on compte au moins quarante mille déplacés. Soixante mille dans quelques jours selon les travailleurs humanitaires qui semblent éprouver les plus grandes difficultés à leur venir en aide car ils sont eux-mêmes menacés.
Menace sur l’accord de Pretoria
L’autre front concerne l’axe Uvira-Baraka, dans la province du Sud-Kivu. Samedi soir, à Kinshasa, le Commissaire du gouvernement pour le suivi du processus de paix dans les région des Grands lacs a confirmé qu’«une offensive de grande envergure des armées rwandaise et burundaise était en cours» sur les hauts-plateaux qui bordent la rive nord-ouest du lac Tanganika. Peu auparavant le porte-parole des miliciens Maï-Maï, alliés du régime de Kinshasa, avait signalé une attaque de «grande envergure», mettant en œuvre plusieurs chars rwandais et la marine de guerre burundaise. L’objectif militaire de cette offensive, démentie tant à Kigali qu’à Bujumbura, semblerait être de soutenir le mouvement rebelle Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD originel, allié (voire créature) du Rwanda depuis le début de la guerre, il y a quatre ans. Ce mouvement, qui continue de contrôler Uvira, fait face à l’hostilité armée des combattants nationalistes Maï-Maï, associés dans leur combat contre les étrangers aux miliciens hutus rwandais interahamwe et hutus burundais des Forces pour la défense de la démocratie (FDD). Selon le porte-parole du RCD, les combats ont fait de nombreux morts chez les assaillants Maï-Maï et, désormais, Uvira est «sécurisée». Jusqu’à quand ?
Car cette situation fait évidemment peser une très lourde menace sur l’application de l’accord de Pretoria. Les réactions d’inquiétude se sont multipliées au cours de ces derniers jours pour amener les belligérants à ne trahir ni leur signature, ni les espoirs qu’ils ont fait naître. C’est en effet une série d’accords qui ont été bafoués au cours de ces derniers jours de conflit congolais. Outre le principe de l’arrêt des hostilités, l’accord de retrait des troupes étrangères de RDC est violé s’il s’avère que l’armée burundaise et l’Armée patriotique rwandaise sont entrées en territoire congolais. Violation de l’accord de désengagement mutuel des forces gouvernementales et rebelles burundaises des théâtres d’opération étrangers et, enfin, violation d’un autre accord «historique», conclu entre les FDD et les autorités du Burundi, le 3 décembre à Arusha, et censé mettre un terme à la guerre civile qui ravage ce pays depuis près de dix ans.
Le premier concerne la province d’Ituri dans le Nord-Est, prés de la frontière ougandaise, où la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo a qualifié d’«injustifiable reprise des combats» l’offensive lancée par le Mouvement de libération du Congo (MLC) et son allié du Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N). Les troupes des deux mouvements affrontent celles d’une autre faction, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de Libération (RCD-ML) associé dans la région aux soldats gouvernementaux des Forces armées congolaises (FAC) et à la milice Maï-Maï. Elles se sont emparées des localités de Mambasa, Komanda et Teturi, et menacent Beni. Le RCD-N revendique la capture de douze militaires gouvernementaux.
Selon l’ONU et les organisations non-gouvernementales qui travaillent dans la région, la progression des assaillants s’accompagne d’épouvantables exactions à l’encontre des populations civiles. Selon l’évêque de Butembo, cité par l’AFP, les hommes du MLC contraindraient notamment leurs prisonniers au cannibalisme. Accusation démentie par le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba qui conteste même sa participation aux combats. Terrorisées, les gens fuient en masse et on compte au moins quarante mille déplacés. Soixante mille dans quelques jours selon les travailleurs humanitaires qui semblent éprouver les plus grandes difficultés à leur venir en aide car ils sont eux-mêmes menacés.
Menace sur l’accord de Pretoria
L’autre front concerne l’axe Uvira-Baraka, dans la province du Sud-Kivu. Samedi soir, à Kinshasa, le Commissaire du gouvernement pour le suivi du processus de paix dans les région des Grands lacs a confirmé qu’«une offensive de grande envergure des armées rwandaise et burundaise était en cours» sur les hauts-plateaux qui bordent la rive nord-ouest du lac Tanganika. Peu auparavant le porte-parole des miliciens Maï-Maï, alliés du régime de Kinshasa, avait signalé une attaque de «grande envergure», mettant en œuvre plusieurs chars rwandais et la marine de guerre burundaise. L’objectif militaire de cette offensive, démentie tant à Kigali qu’à Bujumbura, semblerait être de soutenir le mouvement rebelle Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD originel, allié (voire créature) du Rwanda depuis le début de la guerre, il y a quatre ans. Ce mouvement, qui continue de contrôler Uvira, fait face à l’hostilité armée des combattants nationalistes Maï-Maï, associés dans leur combat contre les étrangers aux miliciens hutus rwandais interahamwe et hutus burundais des Forces pour la défense de la démocratie (FDD). Selon le porte-parole du RCD, les combats ont fait de nombreux morts chez les assaillants Maï-Maï et, désormais, Uvira est «sécurisée». Jusqu’à quand ?
Car cette situation fait évidemment peser une très lourde menace sur l’application de l’accord de Pretoria. Les réactions d’inquiétude se sont multipliées au cours de ces derniers jours pour amener les belligérants à ne trahir ni leur signature, ni les espoirs qu’ils ont fait naître. C’est en effet une série d’accords qui ont été bafoués au cours de ces derniers jours de conflit congolais. Outre le principe de l’arrêt des hostilités, l’accord de retrait des troupes étrangères de RDC est violé s’il s’avère que l’armée burundaise et l’Armée patriotique rwandaise sont entrées en territoire congolais. Violation de l’accord de désengagement mutuel des forces gouvernementales et rebelles burundaises des théâtres d’opération étrangers et, enfin, violation d’un autre accord «historique», conclu entre les FDD et les autorités du Burundi, le 3 décembre à Arusha, et censé mettre un terme à la guerre civile qui ravage ce pays depuis près de dix ans.
par Georges Abou
Article publié le 25/12/2002