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Union européenne

La Commission distribue bons points et bonnets d’ânes

Dans son évaluation de la mise en œuvre, par les pays membres de l’Union européenne, des grandes orientations de politique économique, la Commission européenne se pose en censeur sévère. Résultats décevants, juge-t-elle globalement. Danemark et Suède sont les premiers de la classe, Allemagne, France et Italie se traînent en queue.
Le Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, a établi un plan de dix ans pour faire de l’Union européenne l’économie la plus dynamique et la compétitive du monde. Depuis, chaque année, la Commission européenne fait passer un examen aux Quinze afin de voir comment ils appliquent les grandes orientations de politique économique arrêtées en commun pour y parvenir. Remise officielle des résultats et distribution des prix le 21 mars prochain au Conseil de printemps des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne.

Les pays de l’Union européenne, de même que l’ensemble l’économie mondiale, connaissent un ralentissement de leur activité et l’argent public vient alors compenser la diminution des investissements privés tandis que les impôts ont un rendement moindre du fait même de la baisse d’activité. Ce sont les «stabilisateurs automatiques». Jusque là, la Commission européenne, dans son rapport d’évaluation des politiques économiques des pays membres, n’y voit rien à redire. Sauf que, dit-elle, plusieurs Etats membres en ont profité pour relâcher la discipline budgétaire et ont suspendu la réduction de leurs déficits. C’est pourquoi Pedro Solbes, commissaire aux affaires économiques et monétaires, a jugé le bilan général pour 2002 «plutôt décevant» en dépit des progrès enregistrés. Pour lui, «rien n’empêche d’entreprendre des réformes structurelles en phase de ralentissement».

Outre «l’absence de détermination à atteindre une situation budgétaire saine», jugée «préoccupante», la Commission européenne souligne que les réformes ne se sont guère accélérées en 2002. Ces réformes, destinées à améliorer la compétitivité de l’Europe, portent sur l’assouplissement du marché du travail, la libéralisation des services, des transports, de l’énergie, des services financiers et l’amélioration de la concurrence. Il s’agit aussi de réformer les systèmes de protection sociale et particulièrement les régimes de retraites. En effet, l’objectif européen est de reculer d’environ cinq ans l’âge moyen effectif de la retraite d’ici 2010.

Tableau d’honneur

Face à ces différentes exigences, les pays de l’Union européenne n’ont pas tous accomplis les mêmes performances. Les bons points de la Commission vont au Danemark et à la Suède qui ont le mieux suivi les recommandations. Belgique, Grèce, Espagne, Irlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni obtiennent des résultats qualifiés de «moyens», tandis que l’Allemagne, la France, l’Italie, le Luxembourg, l’Autriche et la Finlande ferment la marche.

En matière de finances publiques le bonnet d’âne revient à l’Allemagne, à la France, à l’Italie et l’Autriche. L’Allemagne et l’Autriche sont également épinglés pour ce qui concerne la réforme du marché du travail. Quant à favoriser l’esprit d’entreprise et l’amélioration des qualifications, Danemark et Royaume-Uni obtiennent les félicitations du jury, le Luxembourg et la Finlande un blâme.

Ce tableau d’honneur a-t-il valeur d’encouragement ou de remontrance auprès des Quinze et en fonction de leur situation politique et sociale intérieure ? Les critiques de la commission de Bruxelles mettant la France en garde contre l’augmentation du déficit public, désormais officiellement formulées, se heurtent à la volonté de Jacques Chirac de poursuivre la politique mise en place depuis sa réélection en mai 2002. Il a fermement réaffirmé, en ce début d’année que «ce n’est pas au moment où la croissance est faible qu’il faudrait entrer dans une politique budgétaire restrictive». Ce qui n’empêche pas le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, de soutenir que la France tiendra bien ses engagements européens.

A écouter :
Daniel Desesquelle
Quel sera le prochain visage institutionnel de l'Union Européenne ? Daniel Desesquelle, journaliste à RFI est l'invité de Valérie Lehoux (21/01/2003).



par Francine  Quentin

Article publié le 16/01/2003