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Côte d''Ivoire

Un accord en quête de parrains

La journée du 24 janvier a été autant celle des incertitudes que des certitudes au sujet de la participation au sommet de Paris. «A l’ouverture on verra bien qui est venu et qui n’est pas là», laisse-t-on entendre dans les couloirs du ministère français des Affaires étrangères.
Le sommet des chefs d’Etats africains convoqués par le président Jacques Chirac pour entériner l’accord de Marcoussis sur la crise en Côte d’Ivoire révèle aussi les nombreuses dissensions qui existent entre les pays africains. Les pays membres du groupe de contact de la CEDEAO sur la crise ivoirienne, le Togo, le Mali, le Sénégal, le Ghana, la Guinée Bissau et le Nigeria, ne seront pas tous représentés au niveau des chefs d’Etats. Les présidents Mamadou Tandja du Niger et Olushegun Obasanjo du Nigeria ont justifié leur absence en raison d'un agenda «très chargé». Gnassingbé Eyadema du Togo, qui a conduit la première phase des négociations à Lomé, ne sera pas présent non plus à Paris. Il sera représenté par un ministre. Entre désistement et confirmation des uns et des autres le quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères), a préféré ne pas communiquer une liste exhaustive des participants au sommet de Paris.

Les participants «sûrs», sont ceux qui viennent effectivement à Paris et ne se contentent pas seulement d’annoncer leur arrivée prochaine. L’embarras était manifeste au ministère des Affaires étrangères où le porte-parole invitait la presse à s’adresser à l’Elysée, le palais présidentiel, censé reprendre le dossier en main, après la signature de l’accord de Marcoussis. Les arrivées confirmées ont été celles du président Laurent Gbagbo, celle du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Ils ont été reçus par Jacques Chirac, avec qui ils ont abordé les termes de l’application de l’Accord de Marcoussis. Au même moment tous les protagonistes ivoiriens étaient reçus au quai d’Orsay pour un déjeuner de famille.

Vers un retour de la CEDEAO ?

A Paris, on attend aussi Charles Taylor, le président du Libéria dont l’implication dans le conflit ivoirien est affirmé par le pouvoir d’Abidjan. Il s’en défend, mais l’état-major de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire confirme l’intrusion en territoire ivoirien d’importantes bandes armées libériennes à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Après ces accusations Charles Taylor avait annoncé son intention de ne pas participer au sommet de Paris, avant de se raviser. Il sera à Paris, tout comme son homologue du Burkina Faso, Blaise Compaoré. De nombreux observateurs évoquent la collusion entre les deux hommes et leur implication dans le conflit en Côte d’Ivoire. Abdoulaye Wade du Sénégal, président en exercice de la CEDEAO participera au sommet de Paris. Il a toujours été un ardent défenseur d’une solution africaine de cette crise et du rôle central que la CEDEAO devrait jouer. De source diplomatique à Paris, on affirme que la France souhaite effectivement que la CEDEAO reprenne une position centrale qu’elle a quelque peu perdu dans la conduite des négociations de paix.

Par ailleurs, certains chefs d’Etat africains apparaissent comme des invités surprise : Omar Bongo du Gabon et Paul Biya du Cameroun. Pour François Rivasseau, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, «il n’y a rien de surprenant à leur participation au sommet de Paris. Nous accueillons tous ceux qui peuvent faciliter les choses et nous ne nous cantonnons pas seulement à l’Afrique de l’ouest», précise-t-il. Le président sud-africain Thabo Mbeki est aussi attendu à Paris pour que sa signature apporte une validation africaine à l'accord, du fait de son rang de président en exercice de l’Union africaine.



par Didier  Samson

Article publié le 24/01/2003