Côte d''Ivoire
Koulibaly a quitté la table ronde
Premier coup d’éclat à Marcoussis: le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a quitté précipitamment la réunion inter-ivoirienne de Marcoussis, après avoir mis en cause les méthodes quelque peu «à la hussarde» utilisées par Pierre Mazeaud.
Mamadou Koulibaly a littéralement claqué la porte. Visiblement agacé par la méthode employée par le président de la table ronde de Marcoussis, l’ancien ministre français Pierre Mazeaud, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, également membre du FPI (le parti de Laurent Gbagbo), a quitté lundi après-midi la réunion de réconciliation et a aussitôt regagné Abidjan, où il a été aussitôt reçu par le président de la République. Toujours partisan du langage franc, Mamadou Koulibaly avait auparavant mis les pieds dans le plat à plusieurs reprises, lors des réunions plénières de la table ronde, en s’adressant tout à la fois à ses concitoyens ivoiriens et au «coordonateur» français.
Interrogé par Boniface Vignon de la rédaction Afrique de RFI, le président de l’Assemblée nationale a reconnu avoir été souvent irrité, en tant qu’Africain et en tant que responsable de l’Etat ivoirien, par Pierre Mazeaud, et notamment d’avoir été «rabroué» par celui-ci. Il n’a visiblement pas supporté que l'ancien ministre français ait quelque peu imposé ce qu’il a qualifié de «consensus à la hussarde» sur des questions somme toute secondaires. Sans affronter les «vrais problèmes» qui concerne directement la paix la Côte d’Ivoire, à commencer par le désarmement et le cantonnement des forces rebelles préconisé dès la première rencontre de la CEDEAO à Accra (Ghana).
«Mazeaud est trop favorable aux rebelles»
«J’ai constaté que Pierre Mazeaud était en train de faire un coup d’Etat constitutionnel. Ce que les rebelles n’ont pas réussi à faire militairement, il le fait à Marcoussis, a déclaré mercredi matin Mamadou Koulibaly. Au lieu de rappeler les procédures constitutionnelles, de condamner l’usage des armes, M. Mazeaud a renversé le problème: ce ne sont plus les rebelles, c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui se retrouve à la barre des accusés». Pour le président de l’Assemblée nationale, «la méthodologie de travail de Pierre Mazeaud, son comportement et ses propos au cours de la table ronde ne sont pas de nature à favoriser un travail serein, surtout pour quelqu’un comme moi. Il fait pression pour que nous changions nos textes pour plaire aux rebelles». Selon lui le médiateur «est trop favorable aux rebelles et au RDR». «C’est le président de la République qui est parti, par respect des textes, des juges et de la Constitution. Moi je ne pouvais pas accepter cela, mais le reste de la délégation travaille et continue de discuter. On attend que les chefs d’Etat de réunissent et nous assumerons leurs décisions» a-t-il conclu.
Mamadou Koulibaly - on le savait déjà - n’aime pas le langage des diplomates et leur langue de bois. Récemment, lors d’un débat à la télévision ivoirienne, il avait mis en cause le président burkinabè Blaise Compaoré, en affirmant qu’il voulait conquérir la Côte d’Ivoire pour offrir un port sur l’Atlantique à son pays. En ajoutant que, selon, lui, «l’ennemi de la Côte d’Ivoire, ce n’est pas Alassane Ouattara, mais Blaise Compaoré».
Dès les premières séances plénières de la table ronde de Marcoussis, Mamadou Koulibaly a, selon des sources citées par le quotidien Fraternité Matin, contesté la nationalité ivoirienne du président du RDR Alassane Ouattara et demandé aux institutions internationales (le FMI et la BECEAO) dans lesquelles ADO a travaillé dans le passé de mettre leurs dossiers à la disposition du sommet de Paris. Il aurait également soulevé un autre lièvre susceptible de provoquer de nouvelles polémiques: le financement de la rébellion, qui dispose visiblement d’un armement moderne et d’importants moyens de communication et de transport.
Avant même de quitter Abidjan pour Paris, Mamadou Koulibaly avait publiquement soutenu que son parti ne devait pas s’asseoir autour de la table des négociations en étant sur la défensive. Au contraire, selon lui, il convenait d’accepter l’invitation française afin de pouvoir enfin aborder toutes les questions concernant la crise ivoirienne, même si cela pouvait mettre en cause des pays voisins.
Après avoir reçu le président de l’Assemblée, Laurent Gbagbo a tenu à faire savoir mardi soir qu’il n’avait pas demandé à Mamadou Koulibaly de revenir en Côte d’Ivoire. Ce qui signifie que les négociations de Marcoussis peuvent se poursuivre, même si le retrait retentissant d’une des figures les plus connues d’Abidjan traduit le désenchantement de certains délégués en provenance d’Abidjan (notamment au sein du FPI), qui n’ont toujours pas accepté d’être mis sur un pied d’égalité avec des rebelles responsables du déclenchement de la «guerre civile larvée» en cours depuis plus de quatre mois.
Pour les partisans de Laurent Gbagbo, la question essentielle à affronter à Marcoussis, et qui conditionne l’avenir politique du pays comme le retour à la paix, demeure le cantonnement des rebelles et la reprise du travail de l’administration sur l’ensemble du territoire. Alors que dans de nombreuses villes contrôlées par la rébellion les bâtiments administratifs ont été abondamment pillés et vidés. Ce qui ne peut que retarder encore plus l’éventuelle révision des listes électorales et l’établissement des cartes d’identité ivoiriennes comme des cartes de séjour pour les étrangers.
Interrogé par Boniface Vignon de la rédaction Afrique de RFI, le président de l’Assemblée nationale a reconnu avoir été souvent irrité, en tant qu’Africain et en tant que responsable de l’Etat ivoirien, par Pierre Mazeaud, et notamment d’avoir été «rabroué» par celui-ci. Il n’a visiblement pas supporté que l'ancien ministre français ait quelque peu imposé ce qu’il a qualifié de «consensus à la hussarde» sur des questions somme toute secondaires. Sans affronter les «vrais problèmes» qui concerne directement la paix la Côte d’Ivoire, à commencer par le désarmement et le cantonnement des forces rebelles préconisé dès la première rencontre de la CEDEAO à Accra (Ghana).
«Mazeaud est trop favorable aux rebelles»
«J’ai constaté que Pierre Mazeaud était en train de faire un coup d’Etat constitutionnel. Ce que les rebelles n’ont pas réussi à faire militairement, il le fait à Marcoussis, a déclaré mercredi matin Mamadou Koulibaly. Au lieu de rappeler les procédures constitutionnelles, de condamner l’usage des armes, M. Mazeaud a renversé le problème: ce ne sont plus les rebelles, c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui se retrouve à la barre des accusés». Pour le président de l’Assemblée nationale, «la méthodologie de travail de Pierre Mazeaud, son comportement et ses propos au cours de la table ronde ne sont pas de nature à favoriser un travail serein, surtout pour quelqu’un comme moi. Il fait pression pour que nous changions nos textes pour plaire aux rebelles». Selon lui le médiateur «est trop favorable aux rebelles et au RDR». «C’est le président de la République qui est parti, par respect des textes, des juges et de la Constitution. Moi je ne pouvais pas accepter cela, mais le reste de la délégation travaille et continue de discuter. On attend que les chefs d’Etat de réunissent et nous assumerons leurs décisions» a-t-il conclu.
Mamadou Koulibaly - on le savait déjà - n’aime pas le langage des diplomates et leur langue de bois. Récemment, lors d’un débat à la télévision ivoirienne, il avait mis en cause le président burkinabè Blaise Compaoré, en affirmant qu’il voulait conquérir la Côte d’Ivoire pour offrir un port sur l’Atlantique à son pays. En ajoutant que, selon, lui, «l’ennemi de la Côte d’Ivoire, ce n’est pas Alassane Ouattara, mais Blaise Compaoré».
Dès les premières séances plénières de la table ronde de Marcoussis, Mamadou Koulibaly a, selon des sources citées par le quotidien Fraternité Matin, contesté la nationalité ivoirienne du président du RDR Alassane Ouattara et demandé aux institutions internationales (le FMI et la BECEAO) dans lesquelles ADO a travaillé dans le passé de mettre leurs dossiers à la disposition du sommet de Paris. Il aurait également soulevé un autre lièvre susceptible de provoquer de nouvelles polémiques: le financement de la rébellion, qui dispose visiblement d’un armement moderne et d’importants moyens de communication et de transport.
Avant même de quitter Abidjan pour Paris, Mamadou Koulibaly avait publiquement soutenu que son parti ne devait pas s’asseoir autour de la table des négociations en étant sur la défensive. Au contraire, selon lui, il convenait d’accepter l’invitation française afin de pouvoir enfin aborder toutes les questions concernant la crise ivoirienne, même si cela pouvait mettre en cause des pays voisins.
Après avoir reçu le président de l’Assemblée, Laurent Gbagbo a tenu à faire savoir mardi soir qu’il n’avait pas demandé à Mamadou Koulibaly de revenir en Côte d’Ivoire. Ce qui signifie que les négociations de Marcoussis peuvent se poursuivre, même si le retrait retentissant d’une des figures les plus connues d’Abidjan traduit le désenchantement de certains délégués en provenance d’Abidjan (notamment au sein du FPI), qui n’ont toujours pas accepté d’être mis sur un pied d’égalité avec des rebelles responsables du déclenchement de la «guerre civile larvée» en cours depuis plus de quatre mois.
Pour les partisans de Laurent Gbagbo, la question essentielle à affronter à Marcoussis, et qui conditionne l’avenir politique du pays comme le retour à la paix, demeure le cantonnement des rebelles et la reprise du travail de l’administration sur l’ensemble du territoire. Alors que dans de nombreuses villes contrôlées par la rébellion les bâtiments administratifs ont été abondamment pillés et vidés. Ce qui ne peut que retarder encore plus l’éventuelle révision des listes électorales et l’établissement des cartes d’identité ivoiriennes comme des cartes de séjour pour les étrangers.
par Elio Comarin
Article publié le 22/01/2003