Serbie
Le nouveau visage de la Serbie
C’est une tout autre image de la Serbie qu’incarne celle qui a pris le relais de l’ancien président Milan Milutinovic, parti à la Haye : progressiste, jeune et féminine. Les élections présidentielles destinées à remplacer l’ancien acolyte de Slobodan Milosevic à l’expiration de son mandat ayant échoué deux fois faute de quorum, Natasa Micic, présidente du Parlement serbe, assure l’intérim.
De notre correspondante à Belgrade
La belle jeune femme de 37 ans, avocate aux cheveux bouclés roux et aux yeux verts, a déjà un surnom à Belgrade : Nicole Kidman. «Mon modèle serait plutôt Indira Gandhi», rétorque-t-elle, agacée que l’on s’intéresse tant à son physique, notamment à ses longues jambes mise en valeur sous de parfaits tailleurs. Résolument opposée au nationalisme, sous le régime de Slobodan Milosevic elle a milité au sein de nombreuses ONG dont la célèbre organisation «Otpor»-Résistance en serbe, tout en étant membre du parti de l’Alliance civique, dont le leader est aujourd’hui ministre des Affaires étrangères.
«Mon domicile est à Uzice, à 180 km au sud-ouest de Belgrade et à quelques dizaines de kilomètres de la frontière bosniaque, j’ai ressenti de près les horreurs de la guerre», explique-t-elle. Aussi est-ce tout naturellement qu’elle a rejoint la «révolution de velours» en octobre 2000 et participé au renversement de Slobodan Milosevic. Déboulant comme une trombe à Belgrade avec une amie, au volant de sa vieille Lada et affichant sur le capot «Thelma et Louise» sous une photo du futur président yougoslave Kostunica. Présidente du parlement, elle a su affirmer son autorité, notamment devant les injures et insultes des députés machistes. «Un tiers du Parlement me soutient, un autre tiers est réservé, mais il y a de l’espoir. Quant au reste, je les ignore, ce serait un travail de Sisyphe de les convaincre, il vaut mieux attendre leur extinction», nous dit-elle, depuis son bureau du parlement, qu’elle préfère à celui de la présidence. L’extrême droite en a pris pour son grade aussi : cinq députés ont été jetés dehors par la sécurité, et l’un d’entre eux a fini à l’hôpital, après un incident au cours duquel on lui a envoyé un verre d’eau à la figure.
L'administration «nettoyée»
«Ils pensaient que parce que je suis une femme, je n’aurais pas la force de me charger d’eux, ils se sont trompés», explique-t-elle avec un sourire ferme. Quant au reproche qu’on lui fait d’être inféodée au Premier ministre Djindjic, elle rejette catégoriquement l’accusation : «si mon parti soutient son gouvernement, je ne suis pas son pion. Il nous arrive d’entrer en conflit, lorsque je défends le parlement et lui l’exécutif». Toujours est-il que dans la sourde lutte qui oppose le président yougoslave nationaliste modéré Kostunica et le Premier ministre serbe réformiste Djindjic, ses préférences sont claires: «Le premier est nationaliste, convaincu que nous avons le temps de mener des réflexions théoriques, alors que le second est pragmatique, pressé de se rapprocher de l’Europe et de rattraper le temps perdu. Il est aussi plus engagé à se distancer catégoriquement de l’ancien régime».
«Intelligente, travailleuse, elle est certes une image très positive de la Serbie», estime un diplomate occidental. «Mais elle a peu de pouvoir et manque de charisme et de bouteille. Peut-être dans dix ans», nous dit-il, soulignant que par ailleurs, son parti ne représente que 5% de l’électorat.
Natasa Micic dit ne pas avoir envie de s’attarder au poste de présidente par intérim qui lui a «compliqué l’existence». «Je déciderai le 6 février quand de nouvelles élections auront lieu, après une série de consultations», annonce-t-elle. En attendant, elle forme un cabinet et «nettoie» l’administration présidentielle des «fonctionnaires qui représentent le passé». Son oxygène ? Les week-end, elle se rend dans la maison familiale de Uzice, dans une région de montagnes et pâturages. Là vivent ses parents, juriste et électrotechnicienne, son mari, informaticien spécialisé en jeux vidéo, et sa fille de 13 ans. Comme elle, cette dernière joue du piano, et ne manque pas de caractère. «Le plus dur, c’est lorsqu’elle me jette les journaux devant le nez en demandant : qu’est ce que c’est que ça, est-ce pourquoi nous nous sommes battus ?»
La belle jeune femme de 37 ans, avocate aux cheveux bouclés roux et aux yeux verts, a déjà un surnom à Belgrade : Nicole Kidman. «Mon modèle serait plutôt Indira Gandhi», rétorque-t-elle, agacée que l’on s’intéresse tant à son physique, notamment à ses longues jambes mise en valeur sous de parfaits tailleurs. Résolument opposée au nationalisme, sous le régime de Slobodan Milosevic elle a milité au sein de nombreuses ONG dont la célèbre organisation «Otpor»-Résistance en serbe, tout en étant membre du parti de l’Alliance civique, dont le leader est aujourd’hui ministre des Affaires étrangères.
«Mon domicile est à Uzice, à 180 km au sud-ouest de Belgrade et à quelques dizaines de kilomètres de la frontière bosniaque, j’ai ressenti de près les horreurs de la guerre», explique-t-elle. Aussi est-ce tout naturellement qu’elle a rejoint la «révolution de velours» en octobre 2000 et participé au renversement de Slobodan Milosevic. Déboulant comme une trombe à Belgrade avec une amie, au volant de sa vieille Lada et affichant sur le capot «Thelma et Louise» sous une photo du futur président yougoslave Kostunica. Présidente du parlement, elle a su affirmer son autorité, notamment devant les injures et insultes des députés machistes. «Un tiers du Parlement me soutient, un autre tiers est réservé, mais il y a de l’espoir. Quant au reste, je les ignore, ce serait un travail de Sisyphe de les convaincre, il vaut mieux attendre leur extinction», nous dit-elle, depuis son bureau du parlement, qu’elle préfère à celui de la présidence. L’extrême droite en a pris pour son grade aussi : cinq députés ont été jetés dehors par la sécurité, et l’un d’entre eux a fini à l’hôpital, après un incident au cours duquel on lui a envoyé un verre d’eau à la figure.
L'administration «nettoyée»
«Ils pensaient que parce que je suis une femme, je n’aurais pas la force de me charger d’eux, ils se sont trompés», explique-t-elle avec un sourire ferme. Quant au reproche qu’on lui fait d’être inféodée au Premier ministre Djindjic, elle rejette catégoriquement l’accusation : «si mon parti soutient son gouvernement, je ne suis pas son pion. Il nous arrive d’entrer en conflit, lorsque je défends le parlement et lui l’exécutif». Toujours est-il que dans la sourde lutte qui oppose le président yougoslave nationaliste modéré Kostunica et le Premier ministre serbe réformiste Djindjic, ses préférences sont claires: «Le premier est nationaliste, convaincu que nous avons le temps de mener des réflexions théoriques, alors que le second est pragmatique, pressé de se rapprocher de l’Europe et de rattraper le temps perdu. Il est aussi plus engagé à se distancer catégoriquement de l’ancien régime».
«Intelligente, travailleuse, elle est certes une image très positive de la Serbie», estime un diplomate occidental. «Mais elle a peu de pouvoir et manque de charisme et de bouteille. Peut-être dans dix ans», nous dit-il, soulignant que par ailleurs, son parti ne représente que 5% de l’électorat.
Natasa Micic dit ne pas avoir envie de s’attarder au poste de présidente par intérim qui lui a «compliqué l’existence». «Je déciderai le 6 février quand de nouvelles élections auront lieu, après une série de consultations», annonce-t-elle. En attendant, elle forme un cabinet et «nettoie» l’administration présidentielle des «fonctionnaires qui représentent le passé». Son oxygène ? Les week-end, elle se rend dans la maison familiale de Uzice, dans une région de montagnes et pâturages. Là vivent ses parents, juriste et électrotechnicienne, son mari, informaticien spécialisé en jeux vidéo, et sa fille de 13 ans. Comme elle, cette dernière joue du piano, et ne manque pas de caractère. «Le plus dur, c’est lorsqu’elle me jette les journaux devant le nez en demandant : qu’est ce que c’est que ça, est-ce pourquoi nous nous sommes battus ?»
par Milica Cubrilo
Article publié le 22/01/2003