Côte d''Ivoire
Seydou Diarra : technicien respecté
Actif sur les scènes politique et économique de son pays depuis une quarantaine d’année, Seydou Diarra a largement fait la démonstration de sa principale qualité : il peut travailler avec tout le monde. Mais son talent suffira-t-il à faire accepter ce choix aux Ivoiriens ?
Le nouveau Premier ministre ivoirien, Seydou Elimane Diarra, a déjà deux atouts : l’âge et l’expérience. Il fêtera ses soixante-dix ans le 23 novembre prochain et il est, de longue date, un acteur engagé de la vie publique ivoirienne, tant aux niveaux politique qu’économique, et aussi bien sur les plans national, qu’international.
Ingénieur agronome de formation, Seydou Diarra a notamment exercé ses compétences professionnelles au sein de la Caisse de stabilisation des prix des produits agricoles (la Caistab, aujourd’hui disparue), ainsi qu’à la tête de plusieurs sociétés agro-industrielles. Ses qualités de technicien le désignent pour devenir ambassadeur, au Brésil et auprès de la Communauté économique européenne. Il occupe enfin le fauteuil de président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, avant d’être rattrapé par l’accélération des événements dans son pays.
Peu après le coup d’Etat militaire de Noël 1999, à partir de janvier 2000, les tractations vont bon train pour tenter de monter une équipe de transition. Il va accepter le poste de Premier ministre que lui propose le chef de la junte au pouvoir, le général Robert Gueï. Une curieuse cohabitation s’installe en Côte d’Ivoire, au sein de laquelle on retrouve des militaires putschistes et des membres de partis politiques, du FPI du futur candidat Laurent Gbagbo pour l’essentiel. Ce dernier lui rendit d’ailleurs un vibrant hommage pour le travail accompli en prenant ses fonctions, une fois élu. Et dans les jours qui suivirent, il fût placé à la tête de la délégation chargée d’effectuer une tournée d’explications à Washington et à New York, auprès des grandes administrations politique et économique, américaine et internationale.
Il peut travailler avec tout le monde
Mais sa principale contribution au service de son pays restera sans doute le rôle qu’il joua à la tête du forum de réconciliation nationale, en 2001. L’affaire est menée honnêtement, et jusqu’à son terme. On évoque alors la Commission vérité et réconciliation sud-africaine (Truth and Reconciliation Commission), chargée d’entendre les victimes de l’apartheid et d’engager des poursuites contre leurs bourreaux. Seydou Diarra écoute et prend conseil : il est notamment reçu à Libreville à cette époque par le président Bongo, toujours attentif au dossier, comme nous le voyons aujourd’hui encore. Seydou Diarra réussit même à faire venir témoigner les quatre principaux acteurs : le général Gueï (ex-chef de la junte au pouvoir), Henri Konan Bédié (PDCI), Alassane Ouattara (RDR) et le président de la République en personne. Et les 22 et 23 janvier 2002, à Yamoussoukro, les quatre hommes se rencontrent et conviennent que la délivrance d’un certificat de nationalité au leader du RDR ouvrirait la voie à un retour rapide de la paix et de la stabilité.
La suite de l’histoire est celle de l’inexorable montée des périls. Malgré des mois de vaines tentatives, cette résolution n’aura jamais de traduction concrète. En juin, Seydou Diarra renonce. La formule de gouvernement d’union nationale mise sur pied par le président Gbagbo ne fonctionne pas. La Côte d’Ivoire entre en guerre civile le 19 septembre.
Si les conditions de l’accession de Seydou Diarra à la primature ne sont pas les meilleures, c’est certainement moins sa personnalité que les circonstances de son arrivée qui sont en cause. Les apparences sont sauves mais, à l’évidence, il n’a pas été choisi par les Ivoiriens mais par les parrains du processus de réconciliation. Le président français, son homologue gabonais et le secrétaire général de l’ONU (dont Seydou Diarra a été l’envoyé spécial lors des dernières élections au Cameroun) ont dû longuement entourer le chef de l’Etat ivoirien, à la veille du sommet, pour le convaincre de la pertinence de ce choix. Toutefois Seydou Diarra dispose, outre ses compétences de technicien, d’un capital inestimable : il a prouvé qu’il pouvait travailler avec tout le monde. Dernière qualité, enfin : il n’a pas d’ambition politique et, à ce titre, ne constitue donc une menace pour personne.
Seydou Diarra est musulman de confession, originaire de la ville de Katiola. Il est marié et père de sept enfants.
Ingénieur agronome de formation, Seydou Diarra a notamment exercé ses compétences professionnelles au sein de la Caisse de stabilisation des prix des produits agricoles (la Caistab, aujourd’hui disparue), ainsi qu’à la tête de plusieurs sociétés agro-industrielles. Ses qualités de technicien le désignent pour devenir ambassadeur, au Brésil et auprès de la Communauté économique européenne. Il occupe enfin le fauteuil de président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, avant d’être rattrapé par l’accélération des événements dans son pays.
Peu après le coup d’Etat militaire de Noël 1999, à partir de janvier 2000, les tractations vont bon train pour tenter de monter une équipe de transition. Il va accepter le poste de Premier ministre que lui propose le chef de la junte au pouvoir, le général Robert Gueï. Une curieuse cohabitation s’installe en Côte d’Ivoire, au sein de laquelle on retrouve des militaires putschistes et des membres de partis politiques, du FPI du futur candidat Laurent Gbagbo pour l’essentiel. Ce dernier lui rendit d’ailleurs un vibrant hommage pour le travail accompli en prenant ses fonctions, une fois élu. Et dans les jours qui suivirent, il fût placé à la tête de la délégation chargée d’effectuer une tournée d’explications à Washington et à New York, auprès des grandes administrations politique et économique, américaine et internationale.
Il peut travailler avec tout le monde
Mais sa principale contribution au service de son pays restera sans doute le rôle qu’il joua à la tête du forum de réconciliation nationale, en 2001. L’affaire est menée honnêtement, et jusqu’à son terme. On évoque alors la Commission vérité et réconciliation sud-africaine (Truth and Reconciliation Commission), chargée d’entendre les victimes de l’apartheid et d’engager des poursuites contre leurs bourreaux. Seydou Diarra écoute et prend conseil : il est notamment reçu à Libreville à cette époque par le président Bongo, toujours attentif au dossier, comme nous le voyons aujourd’hui encore. Seydou Diarra réussit même à faire venir témoigner les quatre principaux acteurs : le général Gueï (ex-chef de la junte au pouvoir), Henri Konan Bédié (PDCI), Alassane Ouattara (RDR) et le président de la République en personne. Et les 22 et 23 janvier 2002, à Yamoussoukro, les quatre hommes se rencontrent et conviennent que la délivrance d’un certificat de nationalité au leader du RDR ouvrirait la voie à un retour rapide de la paix et de la stabilité.
La suite de l’histoire est celle de l’inexorable montée des périls. Malgré des mois de vaines tentatives, cette résolution n’aura jamais de traduction concrète. En juin, Seydou Diarra renonce. La formule de gouvernement d’union nationale mise sur pied par le président Gbagbo ne fonctionne pas. La Côte d’Ivoire entre en guerre civile le 19 septembre.
Si les conditions de l’accession de Seydou Diarra à la primature ne sont pas les meilleures, c’est certainement moins sa personnalité que les circonstances de son arrivée qui sont en cause. Les apparences sont sauves mais, à l’évidence, il n’a pas été choisi par les Ivoiriens mais par les parrains du processus de réconciliation. Le président français, son homologue gabonais et le secrétaire général de l’ONU (dont Seydou Diarra a été l’envoyé spécial lors des dernières élections au Cameroun) ont dû longuement entourer le chef de l’Etat ivoirien, à la veille du sommet, pour le convaincre de la pertinence de ce choix. Toutefois Seydou Diarra dispose, outre ses compétences de technicien, d’un capital inestimable : il a prouvé qu’il pouvait travailler avec tout le monde. Dernière qualité, enfin : il n’a pas d’ambition politique et, à ce titre, ne constitue donc une menace pour personne.
Seydou Diarra est musulman de confession, originaire de la ville de Katiola. Il est marié et père de sept enfants.
par Georges Abou
Article publié le 25/01/2003