Iran
L'ayatollah Montazeri est libre
En décidant de mettre fin à cinq ans de résidence surveillée de l’ayatollah Montazeri, les autorités iraniennes ont sans doute tenu compte de son état de santé et du risque d’un éventuel décès qui aurait pu créer des tensions dans le pays.
De notre correspondant à Téhéran
Agé de 80 ans, l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, ex-dauphin de l’imam Khomeiny, le fondateur de la République islamique, devrait retrouver la liberté à la suite d’une décision du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN), présidé par le président Khatami, mais composé majoritairement de responsables conservateurs. Le CSSN est la plus haute instance habilitée à prendre des décisions liées à la sécurité du pays.
Selon des responsables réformateurs, les conservateurs, qui avaient également demandé ces derniers jours la levée de la surveillance, craignaient que le décès de l'ayatollah Montazeri ne provoque des troubles dans le pays. En effet, il était très malade ces dernières semaines, selon ses médecins. En particulier, il dort plus de douze heures par jour et se sent très fatigué. L’ayatollah Montazeri était le successeur désigné de l’imam jusqu’en 1988. Il a été écarté du pouvoir peu avant la mort de ce dernier, notamment à cause de ses critiques contre certaines pratiques des autorités, notamment la répression des prisonniers membres des groupes d’extrême gauche marxistes mais aussi islamistes qui avaient opté pour la lutte armée contre la République islamique.
En novembre 1997, quelques mois après l’élection de Mohammad Khatami à la présidence de la République, l’ayatollah Montazeri a été mis en résidence surveillée pour avoir remis en cause l'autorité politique et religieuse du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Sa libération devrait lui permettre d’intervenir plus facilement dans le débat politique en faveur des réformateurs et du président Khatami engagés dans un long bras de fer avec les conservateurs. Malgré son isolement politique, l’ayatollah Montazeri intervenait régulièrement pour dénoncer les religieux conservateurs, qui détiennent la réalité du pouvoir.
«Mon père suit les affaires politiques en lisant tous les jours la presse, en écoutant et regardant la radio et la télévision. Il utilise aussi l'ordinateur qui est dans son bureau pour consulter Internet», a déclaré son fils Ahmad Montazeri. «S’il juge qu’il doit intervenir politiquement, il le fera», a-t-il ajouté. Dans une première interview au service persan de la BBC, l’ayatollah Montazeri a affirmé qu’il n’avait «fait aucune demande pour être libéré et n’accepterait aucune condition». Il a également affirmé qu’il ne regrettait aucune de ses prises de position, notamment ses critiques à l’égard des conservateurs. Il en a profité pour demander au président Khatami d’être plus ferme dans son action et son bras de fer avec les conservateurs.
Faire face à des troubles éventuels
Malgré son isolement, il est considéré comme une autorité religieuse respectée et a de nombreux partisans, y compris au parlement et au gouvernement, contrôlés par les réformateurs, partisans du président Khatami. Il y a deux mois, une délégation du Front de la participation, le principal parti réformateur au Parlement dirigé par Mohammad Reza Khatami, le frère du président, s'est rendue à Qom et a réussi à s'entretenir brièvement avec le dissident. Intervenant régulièrement dans le débat politique par des communiqués, celui-ci a récemment pris position en faveur des réformateurs en demandant aux députés d'approuver deux projets de loi présentés par Mohammad Khatami et contestant la mainmise des conservateurs sur le pouvoir.
«Cette mesure peut renforcer l'unité et l'entente nationale. L'ayatollah Montazeri a des partisans dans le pays qui auront un regard plus positif sur le pouvoir», a estimé son fils Ahmad Montazeri. «Cette libération est bienvenue pour le camp réformateur. J'espère que les conservateurs tiendront compte de la situation intérieure et régionale et changeront d'attitude, notamment en relâchant les prisonniers politiques», a affirmé le député réformateur Mohammad Naïmipour, qui dirige le groupe parlementaire du Front de la participation. Les autorités redoutent des rassemblements des partisans de l'ayatollah Montazeri à l'occasion de la levée de sa résidence surveillée. «Les gouverneurs d'Ispahan (ville natale de M. Montazeri) et de Qom ont reçu des ordres pour faire face à des troubles éventuels», selon un responsable du ministère de l'Intérieur.
Malgré sa récente maladie, l’ayatollah Montazeri semble se porter plutôt bien. Sa libération pourrait poser des problèmes aux conservateurs, en particulier s’il décide d’intervenir directement dans le débat politique. En tout cas, les réformateurs espèrent que son poids politique et religieux rééquilibrera la balance en leur faveur dans le bras de fer avec les conservateurs.
Agé de 80 ans, l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, ex-dauphin de l’imam Khomeiny, le fondateur de la République islamique, devrait retrouver la liberté à la suite d’une décision du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN), présidé par le président Khatami, mais composé majoritairement de responsables conservateurs. Le CSSN est la plus haute instance habilitée à prendre des décisions liées à la sécurité du pays.
Selon des responsables réformateurs, les conservateurs, qui avaient également demandé ces derniers jours la levée de la surveillance, craignaient que le décès de l'ayatollah Montazeri ne provoque des troubles dans le pays. En effet, il était très malade ces dernières semaines, selon ses médecins. En particulier, il dort plus de douze heures par jour et se sent très fatigué. L’ayatollah Montazeri était le successeur désigné de l’imam jusqu’en 1988. Il a été écarté du pouvoir peu avant la mort de ce dernier, notamment à cause de ses critiques contre certaines pratiques des autorités, notamment la répression des prisonniers membres des groupes d’extrême gauche marxistes mais aussi islamistes qui avaient opté pour la lutte armée contre la République islamique.
En novembre 1997, quelques mois après l’élection de Mohammad Khatami à la présidence de la République, l’ayatollah Montazeri a été mis en résidence surveillée pour avoir remis en cause l'autorité politique et religieuse du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Sa libération devrait lui permettre d’intervenir plus facilement dans le débat politique en faveur des réformateurs et du président Khatami engagés dans un long bras de fer avec les conservateurs. Malgré son isolement politique, l’ayatollah Montazeri intervenait régulièrement pour dénoncer les religieux conservateurs, qui détiennent la réalité du pouvoir.
«Mon père suit les affaires politiques en lisant tous les jours la presse, en écoutant et regardant la radio et la télévision. Il utilise aussi l'ordinateur qui est dans son bureau pour consulter Internet», a déclaré son fils Ahmad Montazeri. «S’il juge qu’il doit intervenir politiquement, il le fera», a-t-il ajouté. Dans une première interview au service persan de la BBC, l’ayatollah Montazeri a affirmé qu’il n’avait «fait aucune demande pour être libéré et n’accepterait aucune condition». Il a également affirmé qu’il ne regrettait aucune de ses prises de position, notamment ses critiques à l’égard des conservateurs. Il en a profité pour demander au président Khatami d’être plus ferme dans son action et son bras de fer avec les conservateurs.
Faire face à des troubles éventuels
Malgré son isolement, il est considéré comme une autorité religieuse respectée et a de nombreux partisans, y compris au parlement et au gouvernement, contrôlés par les réformateurs, partisans du président Khatami. Il y a deux mois, une délégation du Front de la participation, le principal parti réformateur au Parlement dirigé par Mohammad Reza Khatami, le frère du président, s'est rendue à Qom et a réussi à s'entretenir brièvement avec le dissident. Intervenant régulièrement dans le débat politique par des communiqués, celui-ci a récemment pris position en faveur des réformateurs en demandant aux députés d'approuver deux projets de loi présentés par Mohammad Khatami et contestant la mainmise des conservateurs sur le pouvoir.
«Cette mesure peut renforcer l'unité et l'entente nationale. L'ayatollah Montazeri a des partisans dans le pays qui auront un regard plus positif sur le pouvoir», a estimé son fils Ahmad Montazeri. «Cette libération est bienvenue pour le camp réformateur. J'espère que les conservateurs tiendront compte de la situation intérieure et régionale et changeront d'attitude, notamment en relâchant les prisonniers politiques», a affirmé le député réformateur Mohammad Naïmipour, qui dirige le groupe parlementaire du Front de la participation. Les autorités redoutent des rassemblements des partisans de l'ayatollah Montazeri à l'occasion de la levée de sa résidence surveillée. «Les gouverneurs d'Ispahan (ville natale de M. Montazeri) et de Qom ont reçu des ordres pour faire face à des troubles éventuels», selon un responsable du ministère de l'Intérieur.
Malgré sa récente maladie, l’ayatollah Montazeri semble se porter plutôt bien. Sa libération pourrait poser des problèmes aux conservateurs, en particulier s’il décide d’intervenir directement dans le débat politique. En tout cas, les réformateurs espèrent que son poids politique et religieux rééquilibrera la balance en leur faveur dans le bras de fer avec les conservateurs.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 29/01/2003