Iran
Politique : avis de tempête sur Téhéran
Comme prévu, le parlement iranien, dominé par les réformateurs, a adopté à une très large majorité la réforme de la loi électorale, qui vise à empêcher le Conseil de surveillance de la constitution de rejeter massivement les candidats réformateurs lors des prochaines élections législatives de 2004 et présidentielle de 2005. Les conservateurs préparent la riposte.
De notre correspondant à Téhéran
«Le but de cette loi, c'est d'en finir avec l'arbitraire dans l’approbation des candidatures», a affirmé devant le parlement le ministre de l'Intérieur Abdolvahed Moussavi-Lari. Une candidature ne doit plus désormais être repoussée sur de simples suspicions, mais sur des preuves matérielles de sa non-validité, a-t-il insisté.
«Ce qui nous différencie (des conservateurs), c'est que nous pensons que le droit d'élire et d'être élu existe pour tous les Iraniens. Ces dernières années, les commissions de contrôle (qui dépendent du Conseil de surveillance) ont rejeté de nombreuses candidatures» sans motifs, a-t-il ajouté. Ainsi, selon Elaheh Koulaï, députée réformatrice de Téhéran, «aux dernières législatives (en 2000), le Conseil de surveillance a annulé 700 000 voix à Téhéran et on s'est aperçu ensuite qu'il n'y avait aucun problème». Immédiatement, Gholahossein Elham, un responsable du Conseil de surveillance a annoncé que ce Conseil rejettera ce projet de loi, une fois adoptée définitivement par le Parlement.
Le projet de réforme de la loi électorale a été présenté en septembre, en même temps qu’un autre projet de loi visant à donner au président les moyens de suspendre une décision judiciaire contraire à la constitution. Le président Khatami veut en fait empêcher la justice de fermer les journaux réformateurs et de juger les responsables réformateurs ou de l’opposition libérale. Le parlement doit examiner ce projet d’ici deux semaines.
Selon Gholahossein Elham, ces deux projets de loi sont anticonstitutionnels et ne seront pas approuvés par le Conseil de surveillance, contrôlé par les conservateurs. Ce conseil, gardien de la loi fondamentale iranienne, est directement visé par le texte voté par le Parlement, qui restreint son champ d'intervention sur les candidatures aux élections. Le rejet de ces deux projets de loi pourrait plonger l’Iran dans une grave crise politique. Certains proches de Mohammad Khatami ont en effet lié son maintien à la présidence au sort des deux textes. Une démission ouvrirait une crise politique majeure. Saeed Hajarian, un proche de Mohammad Khatami, a déclaré il y a quelques jours que, si les conservateurs franchissaient «les lignes rouges qu'il avait tracées, il démissionnerait». Ce qui ne semble pas effrayer outre mesure certains conservateurs. M. Elham, connu pour ses positions hostiles aux réformateurs, a ainsi affirmé que «la démission est le droit de ceux qui ne sont pas capables d'exercer leurs responsabilités».
La contre-attaque des conservateurs
En cas de rejet de ces deux textes de loi, il reviendra au Conseil de discernement, présidé par l’ancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani (et où les conservateurs sont également majoritaires) de trancher. Le Conseil de discernement est l’instance suprême d'arbitrage politique. Il joue le rôle de conseil consultatif auprès du guide suprême, l’ayatollah Ali Khameneï.
En tout cas, depuis le dépôt des deux projets de loi, les conservateurs ont lancé une vaste offensive contre les amis du président Khatami. Abbas Abdi, un des membres de la direction du principal parti réformateur, a été arrêté. Il dirigeait un institut de sondage, accusé par la justice de «liens» avec l’étranger. Il aurait réalisé des sondages pour le compte de l’institut américain Gallup, mais aussi pour des ambassades étrangères à Téhéran. En quelques semaines, deux instituts de sondages ont ainsi été fermés. L’un d’eux avait réalisé une enquête selon laquelle 74% des Iraniens sont favorables à un dialogue avec les Etats-Unis, si l’intérêt du pays l’exigeait. A la suite de la publication de ce sondage, plusieurs chercheurs et deux responsables des deux sociétés d’enquête d’opinion ont été arrêtés.
En accusant d’«espionnage» les responsables des instituts de sondages, les conservateurs cherchent «démontrer les liens entre les réformateurs et les ennemis de l’Iran», affirme un journaliste iranien. En tout cas, il ne fait pas de doute que ces prochaines semaines, en particulier après le vote des deux projets de loi et leur probable rejet, l’Iran entrera dans une période de tension politique extrême.
«Le but de cette loi, c'est d'en finir avec l'arbitraire dans l’approbation des candidatures», a affirmé devant le parlement le ministre de l'Intérieur Abdolvahed Moussavi-Lari. Une candidature ne doit plus désormais être repoussée sur de simples suspicions, mais sur des preuves matérielles de sa non-validité, a-t-il insisté.
«Ce qui nous différencie (des conservateurs), c'est que nous pensons que le droit d'élire et d'être élu existe pour tous les Iraniens. Ces dernières années, les commissions de contrôle (qui dépendent du Conseil de surveillance) ont rejeté de nombreuses candidatures» sans motifs, a-t-il ajouté. Ainsi, selon Elaheh Koulaï, députée réformatrice de Téhéran, «aux dernières législatives (en 2000), le Conseil de surveillance a annulé 700 000 voix à Téhéran et on s'est aperçu ensuite qu'il n'y avait aucun problème». Immédiatement, Gholahossein Elham, un responsable du Conseil de surveillance a annoncé que ce Conseil rejettera ce projet de loi, une fois adoptée définitivement par le Parlement.
Le projet de réforme de la loi électorale a été présenté en septembre, en même temps qu’un autre projet de loi visant à donner au président les moyens de suspendre une décision judiciaire contraire à la constitution. Le président Khatami veut en fait empêcher la justice de fermer les journaux réformateurs et de juger les responsables réformateurs ou de l’opposition libérale. Le parlement doit examiner ce projet d’ici deux semaines.
Selon Gholahossein Elham, ces deux projets de loi sont anticonstitutionnels et ne seront pas approuvés par le Conseil de surveillance, contrôlé par les conservateurs. Ce conseil, gardien de la loi fondamentale iranienne, est directement visé par le texte voté par le Parlement, qui restreint son champ d'intervention sur les candidatures aux élections. Le rejet de ces deux projets de loi pourrait plonger l’Iran dans une grave crise politique. Certains proches de Mohammad Khatami ont en effet lié son maintien à la présidence au sort des deux textes. Une démission ouvrirait une crise politique majeure. Saeed Hajarian, un proche de Mohammad Khatami, a déclaré il y a quelques jours que, si les conservateurs franchissaient «les lignes rouges qu'il avait tracées, il démissionnerait». Ce qui ne semble pas effrayer outre mesure certains conservateurs. M. Elham, connu pour ses positions hostiles aux réformateurs, a ainsi affirmé que «la démission est le droit de ceux qui ne sont pas capables d'exercer leurs responsabilités».
La contre-attaque des conservateurs
En cas de rejet de ces deux textes de loi, il reviendra au Conseil de discernement, présidé par l’ancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani (et où les conservateurs sont également majoritaires) de trancher. Le Conseil de discernement est l’instance suprême d'arbitrage politique. Il joue le rôle de conseil consultatif auprès du guide suprême, l’ayatollah Ali Khameneï.
En tout cas, depuis le dépôt des deux projets de loi, les conservateurs ont lancé une vaste offensive contre les amis du président Khatami. Abbas Abdi, un des membres de la direction du principal parti réformateur, a été arrêté. Il dirigeait un institut de sondage, accusé par la justice de «liens» avec l’étranger. Il aurait réalisé des sondages pour le compte de l’institut américain Gallup, mais aussi pour des ambassades étrangères à Téhéran. En quelques semaines, deux instituts de sondages ont ainsi été fermés. L’un d’eux avait réalisé une enquête selon laquelle 74% des Iraniens sont favorables à un dialogue avec les Etats-Unis, si l’intérêt du pays l’exigeait. A la suite de la publication de ce sondage, plusieurs chercheurs et deux responsables des deux sociétés d’enquête d’opinion ont été arrêtés.
En accusant d’«espionnage» les responsables des instituts de sondages, les conservateurs cherchent «démontrer les liens entre les réformateurs et les ennemis de l’Iran», affirme un journaliste iranien. En tout cas, il ne fait pas de doute que ces prochaines semaines, en particulier après le vote des deux projets de loi et leur probable rejet, l’Iran entrera dans une période de tension politique extrême.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 06/11/2002