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Mondialisation

Inquiétudes partagées à Davos et Porto Alegre

En participant successivement au Forum social mondial de Porto Alegre et au Forum économique mondial de Davos le président brésilien Lula da Silva symbolise le rapprochement progressif, depuis trois ans, des thèmes abordés de part et d’autre de l’Atlantique.
Où, de Davos ou Porto Alegre, a-t-il été question des responsabilités des riches envers les pauvres ? D’un nouvel ordre économique plus juste ? De l’accès au médicament des pays pauvres non producteurs ? Réponse : au Forum économique mondial. Et c’est également à Davos que Bill Gates, président de Microsoft, a annoncé un don de 200 millions de dollars pour la recherche médicale en faveur du sida et du paludisme.

En revanche, quand Hugo Chavez, président du Venezuela, en grande difficulté dans son pays et confronté à une grève de six semaines, vient chercher un soutien, il se rend à Porto Alegre au Forum social mondial pour y compter ses amis. Il est vrai que les mesures annoncées par le président vénézuelien, instauration d’un contrôle des prix et du contrôle des changes, auraient détoné dans le cénacle des 2000 décideurs économiques et financiers de Davos, ardents défenseurs du libéralisme. Hugo Chavez a donc résolument choisi son camp en déclarant : «Je ne crois pas que le libre échange soit immortel». Il a même proposé d’établir une taxe sur les mouvements spéculatifs de capitaux du type «taxe Tobin», une des propositions-phares des militants de l’antimondialisation.

Ces deux exemples illustrent l’influence réciproque du Forum social, soucieux de faire des propositions plus constructives, le passage du terme d’antimondialisation à celui d’altermondialisation en est le signe, et du Forum économique mondial, davantage préoccupé des conséquences sociales de la mondialisation. Lors de la création de la rencontre de Porto Alegre, il y a trois ans, le pari n’était pas gagné d’avance. Le contre-sommet social brésilien s’est rapidement hissé au rang d’interlocuteur valable d’un Forum économique mondial naturellement enclin à l’ignorer.

Mais, dans le contexte politico-économique mondial actuel, les participants au Forum de Davos ont abandonné beaucoup de leurs certitudes. Les déclarations du secrétaire d’Etat américain Colin Powell, réaffirmant la volonté des Etats-Unis de faire la guerre en Irak, n’étaient pas de nature à leur remonter le moral. C’est d’ailleurs avec une grande prudence que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, a évoqué le sommet de l’OMC, en septembre prochain à Cancun au Mexique.

De Porto Alegre à Cancun

A cette occasion, les négociations en cours sur un accord permettant l’accès aux médicaments bon marché pour les pays qui n’ont pas d’industrie pharmaceutique devrait avoir abouti. Autre thème épineux entre pays développés et pays en développement, celui des aides à l’agriculture, également au menu de la conférence ministérielle de l’OMC et qui devrait parvenir, selon son directeur général, à un consensus d’ici fin mars. Au milieu de toutes ces préoccupations, c’est tout juste si la dépréciation rapide du dollar par rapport à l’euro et au yen a retenu l’attention, à l’exception d’un des gouverneurs de la Banque centrale européenne l’Allemand Ernst Welteke. Pourtant, il y a peu, cette question aurait constitué un point fort des discussions de Davos. Les temps changent.

A Porto Alegre, l’éventualité d’une attaque américaine contre l’Irak a également constitué la toile de fond des multiples ateliers et meetings. Mais, dès à présent, les participants ont lancé le signal de la mobilisation pour préparer le sommet de l’OMC. Première consigne, faire pression sur les gouvernements afin que les négociations préparatoires aient lieu dans la transparence. Et, qu’il s’agisse de libéralisation des services publics, d’ouverture des agricultures nationales à la concurrence, le réseau associatif de l’altermondialisation sera vigilant. Chacun se souvient que la contestation du sommet de l’OMC, à Seattle en 1999, est devenue l’acte fondateur de la résistance à la globalisation ultralibérale.

Pour en savoir plus :

http://www.weforum.org/

http://www.forumsocialmundial.org.br/home.asp



par Francine  Quentin

Article publié le 27/01/2003