Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mondialisation

Attac change de tête

L’association antimondialisation libérale s’est dotée d’un nouveau président. Jacques Nikonoff a été élu le 1er décembre et remplace ainsi Bernard Cassen, fondateur du mouvement, il y a quatre ans. Sans circonvolution, Jacques Nikonoff a fixé les règles du jeu: Attac pèsera dans le débat politique tout en gardant son indépendance.
Agé de 50 ans, ancien ouvrier spécialisé devenu énarque et adhérent au Parti communiste français (PCF), Jacques Nikonoff a été élu à la tête de l’association phare de lutte contre la mondialisation libérale, le 1er décembre -lors des Assises de l’association à La Rochelle- en remplacement de Bernard Cassen qui a été nommé président d’honneur et qui dirigera la commission internationale. Dans son premier discours, le nouveau président a été clair: Attac ne sera pas neutre sur le terrain politique.

Renvoyant dos à dos la droite et la gauche, Jacques Nikonoff a qualifié l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin de «plus grand privatisateur de la Vème République». «Nous allons rappeler que Jean-Claude Gayssot a commencé, soutenu ou défendu certains processus de privatisation», a-t-il déclaré avant d’accuser le ministre de l’Intérieur actuel, Nicolas Sarkozy d’utiliser «le thème de l’insécurité» comme «une rente électorale» au lieu de s’attaquer à «l’insécurité sociale». Il n’a donc épargné personne, ni le PS, ni le PCF ni la majorité et il a même insisté sur l’indépendance de l’Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (Attac): «On peut nous inviter, mais que tout le monde sache que nous ne nous inscrirons pas dans une démarche molle et consensuelle». La ligne est donc fixée.

De nombreuses mobilisations en perspective

Il faut dire que dans les rangs de l’association, l’on compte nombre de militants Verts, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et du Parti communiste, comme en témoigne d’ailleurs l’appartenance passée de Jacques Nikonoff au parti de Robert Hue. Même si de nombreux hommes politiques courtisent l’association comme récemment Dominique Strauss-Kahn qui a affirmé «partager» l’analyse des mouvements antimondialisation sans en tirer toutefois les mêmes conclusions qu’eux, Attac n’est pas dupe et entend rester maître de son destin et de ses choix.

En effet, dans les mois qui viennent, Attac a prévu d’être sur tous les fronts: avec les syndicats français pour défendre les retraites et l’emploi, au sommet du G8, en juin prochain à Evian, aux côtés du leader de la Confédération paysanne, José Bové, en passe de retourner en prison, aux côtés des manifestants le 14 décembre qui seront dans la rue pour s’insurger d’une éventuelle guerre en Irak, au sommet de l’OMC à Cancun, au Mexique ou encore au prochain Forum social européen à côté de Paris, en novembre prochain. L’année 2003 s’annonce donc comme celle de la mobilisation. Et dans cette perspective, Attac ambitionne déjà d’élargir sa base aux victimes de la mondialisation libérale. Depuis le fameux sommet de Seattle en 1998, des mouvements comme Attac ou la Confédération paysanne ont renouvelé le genre du militantisme politique et pèse régulièrement dans les débats. L’association est donc prête à débattre de sujets sociaux et politiques avec les différents partis mais pas à vendre son âme au diable, quel qu’il soit.

Lire également :
La gauche et les altermondialistes
(L’éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 02/12/2002