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Mondialisation

José Bové, libéré, reprend la lutte

Ses 44 jours de détention n'ont visiblement pas changé José Bové, porte-parole du syndicat agricole anti-mondialisation, la Confédération paysanne. Dès sa sortie de prison il a repris son combat contre les OGM et la «mal-bouffe» y ajoutant la dénonciation de la condition pénitentiaire en France.
Incarcéré le 19 juin dans la plus grande médiatisation à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone près de Montpellier dans le sud de la France, José Bové est sorti le 1er août, accueilli par plusieurs centaines de manifestants. Le leader de la Confédération paysanne purgeait sa peine pour la destruction d’un restaurant MacDonald en construction à Millau en 1999. Il a bénéficié d’une remise de peine de 28 jours en raison de la traditionnelle amnistie du 14 juillet, fête nationale française, et pour bonne conduite pendant son incarcération. La date de sa mise en détention avait d’ailleurs été retardée pendant toute la durée de la campagne électorale afin de ne pas interférer.

Dès son arrivée en prison et jusqu’au 14 juillet, José Bové a suivi une grève de la faim dont il porte encore aujourd’hui les traces après avoir perdu plus d’une dizaine de kilos. Mais ce n’est certes pas l’isolement où le sentiment d’abandon qui ont du peser à l’image emblématique de l’agriculture anti-productiviste. Chaque jour, en dépit de son statut affirmé par l’administration pénitentiaire de «détenu comme les autres», José Bové a reçu de 300 à 400 lettres de soutien, émanant de personnalités ou d’anonymes. Dans un message de remerciement diffusé sur le site internet de la Confédération paysanne José Bové explique qu’il passe plus de quatre heures par jour à les lire. De plus, selon sa compagne, ses codétenus n’ont cessé de rechercher son contact.

«Mes amis prisonniers»

De ces conversations et de sa propre observation, le leader paysan semble avoir tiré les raisons d’une nouvelle cause : la dénonciation de la condition pénitentiaire en France. Au nom de ses «amis prisonniers» et de «la France du sous-sol», en référence au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui se présente comme le défenseur de la «France d’en bas» contre celle «d’en haut», José Bové s’est élevé contre la situation des détenus qui n’est «pas seulement une privation de liberté, mais aussi la négation même de la personne comme être humain». Pour lui «un pays qui permet cela n’est pas digne d’être le pays des droits de l’homme». Tout particulièrement il a vivement critiqué la décision du gouvernement Raffarin de permettre l’incarcération de jeunes à partir de 13 ans.

Le dossier Bové devant la justice n’est cependant pas clos. Il reste passible d’une peine de 14 mois de prison ferme pour la destruction de plans d’OGM dans plusieurs sites agricoles et doit encore comparaitre, en septembre prochain, pour une affaire du même type.

Ecoutez également:
José Bové après 44 jours de détention.



par Francine  Quentin

Article publié le 01/08/2002