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Mondialisation

L’Afrique reléguée au second plan au sommet du G8

«Ce sommet est d’abord et avant tout celui de l’Afrique». Jacques Chirac a eu beau le confirmer à Kananaskis, il ne fait aucun doute que le développement de l’Afrique, pourtant théoriquement au centre des discussions des pays du G8, a largement été éclipsé par l’évolution de la crise au Proche-Orient, la lutte contre le terrorisme ou encore la situation économique mondiale. Les chefs d’Etat des pays les plus riches devraient toutefois s’attaquer à ce dossier lors de leur dernière journée de travail. Et en prélude à leurs discussions, ils ont décidé d’accorder un milliard de dollars supplémentaires pour l’allègement de la dette des pays pauvres les plus endettés, dont 22 sont africains.
Le président George Bush a, une fois de plus, eu le dernier mot. Le sommet du G8, consacré pourtant au décollage économique de l’Afrique, s’est en effet attelé sous la pression américaine, à renforcer la lutte contre la menace terroriste. Les Huit ont ainsi conclu deux accords, l’un portant sur un plan d’action pour la sécurité des transports, l’autre sur la sécurisation des excédents russes de plutonium. Le premier accord a fait l’unanimité, les huit pays estimant nécessaire de fixer désormais «une norme mondiale commune» pour la collecte et la transmission d’informations préalables sur les voyageurs. Ils ont en outre décidé de mettre en œuvre un régime de sécurité renforcée pour les conteneurs qui transitent par voies aérienne et maritime et d’instaurer des normes pour blinder les portes des postes de pilotages pour tous les avions de ligne dans l’année qui vient. Une consultation devrait d’ailleurs avoir lieu dans six mois pour mesurer les «progrès accomplis» sur ces questions devenues brûlantes depuis les attentats du 11 septembre.

Le second accord, qui concerne la sécurisation des réserves russes d’excédent de plutonium militaire, vise à éviter que ce matériau ne tombe entre les mains de terroristes pour la fabrication d’une «bombe sale». Les Etats-Unis se sont ainsi engagés à consacrer pas moins dix milliards de dollars à ce programme qui s’inscrit dans le cadre d’«un effort conjoint des plus grandes économies de la planète pour lutter contre la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques». Dix autres milliards seront également débloqués par les autres pays du G8, la Russie mise à part. Et dans le cas où ces derniers échoueraient à réunir la somme, d’autres pays seraient appelés à contribution.

La Russie désormais membre à part entière du G8

Alliée incontestée de l’Occident depuis les attentats du 11 septembre, la Russie a officiellement été reconnue membre à part entière du G8 à Kananaskis. Jusqu’à présent en effet, même si elle participait au sommet du G8, Moscou était exclue des discussions sur l’état de l’économie mondiale. Les pays les plus industrialisés ne lui cachent aujourd’hui plus leur soutien puisqu’ils ont décidé que la Russie assurerait en 2006 la présidence annuelle du G8. «Cette décision témoigne des transformations économiques et démocratiques remarquables qu’a connues la Russie ces dernières années, tout particulièrement sous la présidence de Vladimir Poutine», a notamment affirmé le gouvernement canadien qui préside cette année le G8.

Ce geste à l’égard de la Russie consacre la politique de rapprochement engagée par Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir. Moscou avait en effet déjà obtenu un statut d’association à certaines décisions de l’OTAN. Sur le plan économique, les Etats-Unis et l’Union européenne lui avaient accordé le statut d’économie de marché qui devrait faciliter l’accès de ses produits à leurs marchés tandis que, parallèlement, elle entamait des négociations pour son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. La reconnaissance du G8 constitue donc une nouvelle consécration pour une Russie qui, il n’y pas si longtemps, était encore décriée sur le plan des droits de l’homme.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 27/06/2002