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Mondialisation

Un G8 théoriquement consacré à l’Afrique

Renforcement de la lutte anti-terroriste contre aide au développement de l’Afrique : le G8 qui se réunit les 26 et 27 juin au Canada devra composer entre les priorités de l’Américain George Bush et celles des Européens soutenus par les Canadiens. A moins que l’actualité proche-orientale vienne prendre la première place de cette rencontre annuelle entre les huit pays les plus riches de la planète.
Le précédent sommet du G8, en juillet 2001 à Gênes (Italie), avait fixé l’aide au développement de l’Afrique à l’ordre du jour de sa prochaine réunion qui s’ouvre mercredi dans la petite station des montagnes Rocheuses de Kananaskis au Canada. Il s’agit de soutenir financièrement le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) lancé en 2001 par quatre chefs d’Etat africains qui seront d’ailleurs présents à cette rencontre.

Mais les chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés (Etats-Unis, France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Japon, Canada, Russie) devront trouver un terrain d’entente entre des priorités différentes. Côté Etats-Unis, depuis les attentats du 11 septembre, la lutte contre le terrorisme est devenue la première priorité, voire l’unique préoccupation au plan international, des responsables américains. George W. Bush voudrait bien faire approuver par ses partenaires du G8 une initiative de renforcement du programme de non-prolifération nucléaire en Russie et de lutte contre la fabrication d’armes de destruction massive.

Dans ce but le président américain demande aux autres membres du groupe, sauf la Russie, d’engager 10 milliards de dollars en dix ans. Il est peu probable qu’il reçoive l’accord des autres sur de tels montants mais George W. Bush pourrait se contenter, finalement, d’un soutien verbal à sa proposition et d’un renvoi à plus tard de ses aspects concrets. En effet, les autres membres du G8 s’inquiètent de la conception «extensive» du terrorisme vu par les Américains et sont en désaccord avec le gendarme du monde sur les menaces contre l’Irak de Saddam Hussein ou ses propositions de règlement du conflit au Proche-Orient.

Redresser la tendance

Le Canada et les Européens, de leur côté, souhaitent voir les Américains apporter leur concours au plan de développement de l’Afrique dont l’objectif est d’attirer 64 milliards de dollars par an d’investissement sur le continent, soit sept fois les montants investis en 1999. Le président sénégalais Abdoulaye Wade, le Sud-africain Thabo Mbeki, le Nigérian Olusegun Obasanjo et l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, à l’origine du Nepad, viendront plaider sa cause jeudi auprès du G8.

Déjà, le G7 des ministres des Finances a décidé, la semaine dernière, l’augmentation des dons de la Banque mondiale par rapport aux prêts pour les pays les plus pauvres. De plus, la France tentera de faire passer l’idée que la moitié de l’augmentation de l’aide publique au développement aille à l’Afrique. Les Européens ont en effet décidé de redresser la tendance à la réduction de l’APD au cours des dernières années en portant leur contribution, d’ici 2006, de 0,33% de leur richesse nationale à 0,39%. Toutefois, là encore, la conception très libre-échangiste des Etats-Unis en matière de développement ne recouvre pas celle de ses partenaires. L’APD américaine est actuellement de 0,1% du PIB. En mars dernier le président Bush a annoncé l’augmentation de l’APD américaine de 50%, d’ici 2006, mais sous conditions de réformes économiques et politiques des pays bénéficiaires.



par Francine  Quentin

Article publié le 26/06/2002