Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Mondialisation

José Bové fait son entrée en prison

Après avoir reçu, le 17 juin, sa convocation pour se rendre en prison, afin d'y purger le reste de sa peine dans l'affaire du saccage du McDonald's de Millau en 1999, le leader de la Confédération paysanne a pris la route vers la maison d’arrêt de Villeneuve-les-Maguelonne, ce mercredi matin, escorté par un cortège de tracteurs et suivi par un essaim de journalistes.
Toujours médiatisé et médiatique José Bové. Comme il l’avait annoncé, il a quitté le Larzac en tracteur, ce mercredi matin, escorté d’une centaine de militants et d’une foule de journalistes pour se rendre à la prison de Villeneuve-les-Maguelonne, près de Montpellier, pour y purger une peine de trois mois de prison pour sa participation à des dégradations d’un établissement américain de restauration rapide. Installé au volant d’un tracteur affublé d’une pancarte recouverte du slogan «Farines animales poison, lutte syndicale prison», le porte-parole de la Confédération paysanne a ouvert la route suivi d’une dizaine d’autres tracteurs et de nombreux représentants des médias français. En chemin, il a de nouveau dénoncé la «provocation» que constitue, selon lui, son incarcération. «Trois ans le après le démontage du McDo de Millau, l’Europe est toujours condamnée pour avoir refusé le bœuf aux hormones américain», a-t-il déclaré avant d’ajouter: «Est-il normal d’aller en prison pour ça ?».

Remise de peine et grâce présidentielle

Plusieurs partis politiques dont le Parti communiste français et la Ligue communiste révolutionnaire ont vivement protesté contre cette incarcération du leader syndical, qui intervient trois jours après le second tour des élections législatives. De son côté, Attac France, l’une des organisations qui lutte contre la mondialisation, a dénoncé, dans un communiqué «un premier coup bas de la France d’en bas» et s’est étonnée de la «précipitation» du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, qui ne souhaite pas que la loi d’amnistie s’applique à José Bové. «Cette précipitation en dit long par avance sur la réalité du dialogue social avec les organisations syndicales dont le Premier ministre se prétend le champion», s’est indigné le mouvement antiglobalisation. Des réactions qui ont immédiatement suscité l’ire de Jean-Louis Debré, ancien ministre de l’Intérieur, qui a estimé que la «sanction» décidée par les magistrats «devait être appliquée». «Tout cela est un peu ridicule. Il y a une décision de justice, elle doit être exécutée (…). Arrêtons la comédie», a-t-il asséné.

L’incarcération de José Bové qui fait suite au «démontage» du McDonald’s de Millau (dans le sud de la France), le 12 août 1999 en compagnie de neuf autres militants de la Confédération paysanne, aurait dû normalement avoir lieu en mai. Mais à l’époque, le procureur général de Montpellier, Paul-Louis Auméras avait décidé de la reporter après les échéances électorales en déclarant: «Il n’est pas question que l’institution judiciaire pollue le débat électoral». José Bové à déjà effectué une vingtaine de jours de détention provisoire en 1999 et il devrait passer, selon ses estimations, entre cinquante et soixante jours derrière les barreaux. Le jeu des remises de peine et la grâce présidentielle du 14 juillet prochain, devant lui offrir un rabais d’une semaine par mois de détention.

La figure de proue de l’antimondialisation reste également sous le coup d’une autre condamnation à six mois de prison ferme, prononcée en décembre 2001, pour la destruction de plants de riz transgéniques et qui sera bientôt examinée par la Cour de cassation. Une peine à laquelle pourraient s’ajouter les huit mois de la condamnation avec sursis prononcée en 1998 pour des faits similaires.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 19/06/2002