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Mondialisation

Porto Alegre II : la contestation s’organise

Rendez-vous devenu incontournable des adversaires de la mondialisation libérale, le Forum social mondial devrait rassembler 50 à 80 000 personnes venues de plus de 100 pays, à Porto Alegre, au sud du Brésil, pour la deuxième année consécutive.
D’une année à l’autre, le mouvement a grossi, alimenté par les flots de contestataires mobilisés lors des contre-sommets aux réunions du G8, de l’Union européenne et des grandes institutions internationales comme le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. La situation internationale après les événements du 11 septembre sera au centre des débats. Mais on visera surtout, à Porto Alegre, à sortir la contestation d’un mauvais pas : l’amalgame avec le terrorisme et les contradictions internes au mouvement.
Le premier forum et ses 14 000 participants avaient déjà pour mission, il y a un an, de formuler des propositions constructives, pour promouvoir un mode de développement qui ne lèse pas les pays et les populations les plus pauvres, reléguées aux marges d’une société mondialisée, oubliées dans la course aux profits menée par les transnationales.

Il fallait se montrer sous un jour positif, se démarquer pour un temps, de l’image réductrice d’un mouvement rebelle sans autre objet que la contestation de l’ordre en place. La rencontre a donné lieu à un véritable foisonnement d’idées, des propositions les plus concrètes liées à l’application de la démocratie participative, dont la ville de Porto Alegre se veut un exemple sous l’égide du parti des travailleurs, jusqu’aux positions les plus extrêmes visant à la disparition du FMI et de la Banque mondiale et leur remplacement par de nouvelles instances dont les contours restent flou.

Un autre monde est possible

Un ensemble difficile à articuler. D’autant que le mouvement privilégie l’aspect informel et l’espace de liberté d’où sont censées émerger les lignes directrices d’un «autre monde possible», selon le slogan des manifestations.
La plupart des participants au 2ème forum, déjà présents au précédent, insistent néanmoins sur la constance des revendications : la taxation des flux de capitaux, afin d’enrayer l’effet déstabilisant des allées et venues trop soudaines de placements à court terme dans les économies émergentes qui ont besoin au contraire de financements longs ; le revenu de cet impôt international serait destiné justement à financer les besoins les plus criants des pays pauvres, de façon à contrecarrer la baisse constante des fonds alloués à l’aide au développement par les plus riches ; la fin des paradis fiscaux, à la source du blanchiment de l’argent sale et du financement du terrorisme ; la promotion du commerce équitable, qui permet de rémunérer à leur juste prix les efforts des producteurs agricoles et d’encourager une agriculture de qualité, respectueuse de l’environnement.

Les militants antimondialisation prônent également l’annulation de la dette qui empêche la mise en vigueur de programmes de grande envergure pour l’accès des population aux soins, aux médicaments et l’accès aux savoirs.
Autant de thématiques déjà abordées lors du premier forum, et toujours aussi pertinentes aux yeux des participants de Porto Alegre, ce qui les incite à penser que le monde est resté tel qu’il était avant le 11 septembre. Pire, le ralentissement économique mondial exacerbe l’injustice et les inégalités.

Lire également
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Edito politique de Geneviève Goetzinger

Ecouter également
Bernard Cassen, président d'ATTAC
au micro d'Arnaud Pontus, 31/01/2002, 7'30"


Pour en savoir plus

Le site du Forum économique mondial
Le site du Forum social mondial




par Sophie  Malibeaux

Article publié le 30/01/2002