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Mondialisation

L'Italie ne veut plus du sommet de la FAO

Rome ne veut plus accueillir le sommet de la FAO prévu du 5 au 9 novembre prochain. Echaudées par l'expérience, désastreuse en terme d'image de marque, du dernier sommet du G8, les autorités italiennes proposent de délocaliser le sommet en Afrique.
«Nous avons déjà donné ». La formule de Silvio Berlusconi est lapidaire mais elle a le mérite de la clarté. Le chef du gouvernement italien ne veut plus que Rome accueille le prochain sommet de la FAO, l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Simple souhait pour le moment, l'hypothèse n'en est pas moins qualifiée de sérieuse par le gouvernement italien : des consultations diplomatiques ont d'ores et déjà commencé.
La capitale italienne abrite pourtant depuis 1951 le siège de l'agence onusienne et tous ses sommets s'y sont déroulés. Mais après les violents affrontements qui ont marqué la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 à Gênes, les 21 et 22 juillet derniers, et passablement terni l'image du tout nouveau gouvernement Berlusconi, la perspective d'organiser une nouvelle réunion d'envergure internationale enthousiasme de moins en moins les autorités de la péninsule.
D'autant plus que certaines figures de l'anti-mondialisation ont d'ores et déjà appelé à un rassemblement à Rome «contre l'oppression du FMI et des multinationales de l'agroalimentaire» et que le sommet de la FAO coïncidera avec une réunion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), organisé dans l'émirat du Qatar, une destination délicate à rejoindre pour les militants.

Face à ce projet, le ministre de l'intérieur Claudio Scajola a ainsi exprimé «une profonde inquiétude face au risque de nouvelles manifestations de violence ». Et ce lundi matin, son collègue des affaires étrangères, Renato Ruggiero lui emboîtait le pas : «Faire ce sommet à Rome pourrait signifier offrir une tribune à la frange extrême des mouvements anti-mondialisation». Et d'ajouter : «Nous devons éliminer l'occasion de violence, de ce point de vue l'hypothèse de déplacer le sommet prend un sens».

«Impliquer les pays en voie de développement »

A Rome, on souhaiterait ainsi que ce sommet se déroule dans une métropole africaine. Des responsables de la majorité parlementaire estiment en effet que les intérêts des pays confrontés à des problèmes en matière d'alimentation seront mieux défendus si le sommet est transféré dans un pays du Sud. On avance même les noms de Nairobi (le siège des Nations Unies pour l'Afrique), du Caire ou encore de Dakar (le Sénégal est le pays d'origine de Jacques Diouf, le président de la FAO). Un transfert vers l'une ou l'autre de ces villes serait conforme à la ligne fixé par le G8 à Gênes «d'impliquer davantage les pays en voie de développement» et éviterait que d'éventuelles violences ne «finissent par occulter les vrais contenus du sommet de la FAO ».

Mais pour les responsables de la FAO, la pilule est un peu dure à avaler : ils travaillent depuis près d'un an à l'organisation de ce sommet auquel sont conviées entre trois et sept mille personnes. Dont de nombreux chefs d'Etat des 180 pays membres. Le porte-parole de l'organisation, Nick Parsons, souligne la complexité de mettre sur pied les réunions, les cabines d'interprétation, les documents, les enregistrements, les repas et l'hébergement et estime que la FAO n'a aucun intérêt à trouver un autre site à trois mois de la tenue de ce sommet. Pour le moment, les préparatifs en vue d'une réunion à Rome se poursuivent mais le dialogue reste ouvert: «Nous trouverons une solution car nos rapports avec les Italiens ont toujours été excellents», précise Nick Parsons.

Pour en savoir plus
le site de la FAO: www.fao.org/debut.htm



par Nicolas  Sur

Article publié le 06/08/2001