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Mondialisation

Le G8 fixe rendez-vous à l'Afrique

Le bilan du G8 de Gênes apparaît, pour le moins, contrasté. Toutefois, le prochain sommet, en 2002 au Canada, devrait donner lieu à un «pacte» entre l'Afrique et les huit pays les plus puissants de la planète.
D'un côté : 1,8 milliard de dollars contre le sida et les grandes endémies, la promesse d'un plan d'aide à l'Afrique, en 2002, une conférence mondiale sur le climat, mais pas avant 2003, pour tenter de trouver un accord sur la réduction des gaz à effet de serre. De l'autre : près de 200 000 manifestants anti-mondialisation dans les rues de Gênes, un mort, de 150 à 500 blessés selon les sources, des dégâts évalués à plus de 15 millions d'euros.

Le bilan de cette rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement des huit pays les plus puissants de la planète n'en fait pas la plus fructueuse du genre. Et, pour l'avenir, le G8 devrait sensiblement réduire la voilure en tenant, en juin 2002, sa réunion dans un petite ville de la province canadienne de l'Alberta, Kananaskis. Il n'est pas certain, après ce que les habitants de Gênes ont subi, que ceux de cette localité qu'on imagine paisible affichent leur enthousiasme.

En situant leur rencontre dans un endroit peu accessible, de l'aveu même du Premier ministre canadien Jean Chrétien, et en limitant l'importance des délégations, les membres du G8 espèrent à la fois éviter que le prochain sommet soit l'occasion de grandes manifestations, et gagner en efficacité. L'importance des premières et la faiblesse de la seconde ont en effet caractérisé le sommet de Gênes.

Sur les 200 000 manifestants anti-mondialisation venus à Gênes, un millier environ d'éléments violents ont fait dégénérer des défilés qui se voulaient pacifiques. Pour la première fois, il y a eu mort d'homme. Un jeune anarchiste italien de 23 ans a été abattu par un carabinier. Harcelées, les forces de l'ordre ont parfois semblé perdre leur calme, comme lors de la perquisition du centre de presse de la coordination anti-mondialisation dans la nuit de samedi à dimanche, ce qui pourrait coûter leur place à certains hauts responsables.

Plan de Gênes pour l'Afrique

L'acte le plus concret de ce sommet a été le lancement d'un fonds mondial pour la santé dont le montant a été porté, à la dernière minute de 1,2 à 1,8 milliard de dollars. Mais on ignore encore d'où proviennent les 500 millions de dollars supplémentaires.

L'Afrique devrait bénéficier largement de ce fonds en raison des ravages du sida, de paludisme et de la tuberculose sur le continent, mais les Huit ont également décidé d'établir un nouveau partenariat avec elle. Les grands de la planète soutiennent le plan de développement approuvé par l'Organisation de l'unité africaine et ont décidé de s'y associer. Ainsi, le sommet de 2002 sera consacré en partie à une nouvelle stratégie pour l'Afrique du nom de Plan de Gênes pour l'Afrique. Le G8 se donne un an, jusque là, pour proposer des moyens de développer l'investissement privé, le commerce, la santé, la lutte contre la corruption, la faim, les conflits. L'éducation sera le deuxième dossier prioritaire de la rencontre. Toutefois, au cours de leurs discussions, les membres du G8 ont dû reconnaître que la conception américaine, très libre-échangiste, du développement n'était pas exactement celle des autres.

Autre point sur lequel les Huit sont en désaccord persistant : la ratification du Protocole de Kyoto, rejeté par les Etats-Unis. Là, le fossé est tel que Jacques Chirac, le président français, a considéré comme un succès qu'on reconnaisse qu'il y a désaccord, ce qui prouve que l'Europe n'a pas changé d'avisàPour tenter de dépasser ce blocage, la proposition russe d'organiser en 2003 une conférence mondiale sur les changements climatiques a été bien accueillie. Elle devrait rassembler pour la première fois gouvernements, milieux d'affaires, scientifiques, défenseurs de la nature.



par Francine  Quentin

Article publié le 22/07/2001