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Mondialisation

G8 : l'Italie sommée de rendre des comptes

Le G8 revient sur la scène politique italienne. Depuis la fin du sommet, une série d'enquêtes ont été lancées et une mission d'information vient d'être votée au Parlement.
Les intenses pressions intérieures et extérieures exercées sur le gouvernement italien à l'issue du sommet de Gênes semblent porter quelques fruits. Mardi, le parlement italien a voté la constitution d'une mission d'information chargée de faire la lumière sur les affrontements entre manifestants anti-mondialisation et forces de l'ordre, et qui ont fait un mort et des centaines de blessés entre le début et la fin du G8 du 20 au 22 juillet. La décision, prise à l'unanimité, précise que la mission débute «immédiatement».

Depuis le 23 juillet, l'opposition de centre gauche (le parti de l'Olivier) réclamait avec insistance la création d'une commission d'enquête parlementaire. Mais la majorité s'est radicalement opposée à cette demande par la voix de Silvio Berlusconi, qui l'a exclue sans appel devant le Parlement vendredi tout en assurant que son gouvernement n'entendait cacher «aucune vérité» sur les événements. Le compromis d'une «mission d'information» représente donc le résultat d'intenses tractations entre les partis des deux bords, à l'exception des marxistes de la Refondation communiste qui se sont retirés du débat en dénonçant l'absence de pouvoirs effectifs de la mission.

«Erreurs» et «abus graves»

L'Olivier n'en reste pas là dans son offensive. Ce mercredi, le Sénat italien ouvre un débat sur une motion de censure présentée par l'opposition contre le ministre de l'Intérieur, Claudio Scajola. Débat qui a toutes chances de rester symbolique, la droite disposant d'une majorité assez confortable pour rejeter la motion, mais qui a été porté sans délai à l'ordre du jour du Sénat.

Dans le même temps, outre la série d'enquêtes judiciaires ouvertes par les magistrats, une enquête interne au ministère de l'Intérieur est en cours. Trois « super-inspecteurs » sont ainsi chargés de dégager les responsabilités dans les affrontements de rue, les exactions à la caserne Bolzaneto et la descente de police à l'école Diaz dans la nuit du 21 au 22 juillet. Pour l'heure, les rapports feraient état d' «erreurs» et «d'abus graves», voire de «violences gratuites» en ce qui concerne ce dernier dossier. Cette école avait été mise à la disposition du Genoa Social Forum (GSF), la coordination chapeautant environ un millier d'organisations anti-mondialisation. Surpris dans leur sommeil par l'assaut de la police, une soixantaine de membres avaient alors été blessés.

Depuis la fin du sommet, les pressions extérieures se sont multipliées envers les autorités italiennes. Des actions de mobilisation organisées par les syndicats et les collectifs anti-mondialisation ont régulièrement lieu dans toute l'Europe ; ce mercredi, des manifestants occupaient le consulat d'Italie à Amsterdam. Vendredi, les Verts italiens et français réclamaient de concert une commission destinée à faire la lumière «sur l'action des forces de l'ordre pendant le sommet», suivis par Amnesty International. Les ministères allemand et britannique des affaires étrangères ont également réagi face aux traitements subis par certains de leurs ressortissants.

Le Parti socialiste français, quant à lui, a stigmatisé sans réserve dans le sommet «le directoire autoproclamé du monde». Avec le gouvernement italien, l'institution du G8 ne ressort pas tout à fait indemne d'un sommet tumultueux.



par Marie  Balas

Article publié le 01/08/2001