Mondialisation
Davos-Porto Alegre : troisième reprise
Pour la troisième fois, du 23 au 28 janvier, deux conceptions de la mondialisation vont s’opposer, le Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), 3ème édition, face au Forum économique mondial de Davos (Suisse), 33ème du genre. L’importance croissante du forum social contraste avec le doute grandissant qui s’empare des participants à Davos.
Il y a un an, le Forum économique mondial (WEF), qui se tient traditionnellement dans la station des Alpes suisses de Davos, depuis plus de trente ans, se délocalisait à New York, en signe de solidarité avec les victimes des attentats du 11 septembre 2001. Cette année, le forum des décideurs économiques de la planète regagne Davos, mais la morosité de la situation politique et économique internationale n’incite guère à l’optimisme. Le mot d’ordre choisi par les organisateurs est significatif de l’ambiance qui règne dans les milieux financiers: «Etablir la confiance».
Le temps n’est plus où le Forum de Davos, sûr du bien-fondé de l’action de ses membres, n’avait à se défendre que des critiques venues des militants de l'antimondialisation. Le ver est dans le fruit avec les scandales financiers de WorldCom et Enron. La crise de confiance se répercute sur le moral des investisseurs boursiers, au moment où la guerre menace au Proche-Orient dans une conjoncture d’envolée du prix du pétrole et de crise au Venezuela.
Pour tenter de relancer le moteur de la croissance, 2 150 personnalités ont été conviées à Davos, venues de 99 pays dont 29 chefs d’Etat ou de gouvernement, 80 ministres et un millier de chefs d’entreprise. Nouveauté cette année, les organisateurs ont invité des dirigeants des cabinets comptables. Cette profession a été propulsée au cœur des scandales liés à la présentation de comptes «non sincères», embellis à destination des actionnaires et des marchés.
Les thèmes de discussions qui figurent au programme de Davos reflètent bien les inquiétudes présentes : la lutte contre le terrorisme, les relations pétrole-conflits, le cavalier seul de la politique étrangère américaine. Et, dans leurs estimations de croissance pour 2003, les chefs d’entreprises et les analystes vont redoubler de prudence. Le Forum économique mondial devrait mettre en place un conseil de cent personnalités, issues pour moitié du monde occidental et pour moitié du monde musulman, afin de favoriser la compréhension entre les deux cultures. Mais, en dépit de ces efforts louables pour élargir une vision strictement économique libérale du monde, le fossé se creuse entre Davos et Porto Alegre.
Au risque du gigantisme
Pont entre les deux manifestations, Lula da Silva, habitué de Porto Alegre quand il était leader du Parti des travailleurs, se rend également cette année à Davos comme premier président de gauche du Brésil, en fonction depuis le 1er janvier. Mais à cela près, le rival social de Davos, créé en 2000, vit désormais son propre destin. De forum antimondialisation il se présente maintenant comme le lieu où se construit une mondialisation assise sur le respect des droits de l’homme et du citoyen, alternative à la mondialisation libérale décriée car, affirme le slogan «un autre monde est possible». Les organisateurs du Forum social mondial affirment son émancipation et assurent que même si le forum économique cessait de se réunir, celui de Porto Alegre continuerait.
Cette année on attend près de deux fois plus de participants qu’en 2002, 100 000 personnes venues de 157 pays pour aborder les thèmes du développement démocratique et durable, des droits de l’homme dans la diversité et l’égalité, de la lutte contre la pensée unique dans les médias et la culture, du pouvoir politique et de la société civile. Ils étaient 55 000 l’année dernière et la progression est étonnante car pour sa première édition le Forum social mondial en avait accueilli 20 000. Cette année, la délégation venue des Etats-Unis sera, pour la première fois, la plus étoffée avec pas moins de 1800 délégués.
C’est le signe que les alternatifs américains se mobilisent, ceux dont le nombre et la détermination avaient constitué une surprise lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999. L’éventualité d’une intervention américaine en Irak sera dans tous les esprits à Porto Alegre et fera l’objet d’un des principaux débats du forum consacré à la construction de la paix au XXIème siècle.
Un risque toutefois guette le Forum social mondial, le gigantisme et une croissance non maîtrisée. Déjà le besoin s’est fait sentir d’une décentralisation. Plusieurs forums régionaux ont vu le jour, en Inde, en Europe, en Afrique, et le grand rassemblement annuel pourrait laisser la place dans l’avenir à un siège permanent du Forum social mondial à Porto Alegre et des grand’messes plus espacées dans le temps.
Le temps n’est plus où le Forum de Davos, sûr du bien-fondé de l’action de ses membres, n’avait à se défendre que des critiques venues des militants de l'antimondialisation. Le ver est dans le fruit avec les scandales financiers de WorldCom et Enron. La crise de confiance se répercute sur le moral des investisseurs boursiers, au moment où la guerre menace au Proche-Orient dans une conjoncture d’envolée du prix du pétrole et de crise au Venezuela.
Pour tenter de relancer le moteur de la croissance, 2 150 personnalités ont été conviées à Davos, venues de 99 pays dont 29 chefs d’Etat ou de gouvernement, 80 ministres et un millier de chefs d’entreprise. Nouveauté cette année, les organisateurs ont invité des dirigeants des cabinets comptables. Cette profession a été propulsée au cœur des scandales liés à la présentation de comptes «non sincères», embellis à destination des actionnaires et des marchés.
Les thèmes de discussions qui figurent au programme de Davos reflètent bien les inquiétudes présentes : la lutte contre le terrorisme, les relations pétrole-conflits, le cavalier seul de la politique étrangère américaine. Et, dans leurs estimations de croissance pour 2003, les chefs d’entreprises et les analystes vont redoubler de prudence. Le Forum économique mondial devrait mettre en place un conseil de cent personnalités, issues pour moitié du monde occidental et pour moitié du monde musulman, afin de favoriser la compréhension entre les deux cultures. Mais, en dépit de ces efforts louables pour élargir une vision strictement économique libérale du monde, le fossé se creuse entre Davos et Porto Alegre.
Au risque du gigantisme
Pont entre les deux manifestations, Lula da Silva, habitué de Porto Alegre quand il était leader du Parti des travailleurs, se rend également cette année à Davos comme premier président de gauche du Brésil, en fonction depuis le 1er janvier. Mais à cela près, le rival social de Davos, créé en 2000, vit désormais son propre destin. De forum antimondialisation il se présente maintenant comme le lieu où se construit une mondialisation assise sur le respect des droits de l’homme et du citoyen, alternative à la mondialisation libérale décriée car, affirme le slogan «un autre monde est possible». Les organisateurs du Forum social mondial affirment son émancipation et assurent que même si le forum économique cessait de se réunir, celui de Porto Alegre continuerait.
Cette année on attend près de deux fois plus de participants qu’en 2002, 100 000 personnes venues de 157 pays pour aborder les thèmes du développement démocratique et durable, des droits de l’homme dans la diversité et l’égalité, de la lutte contre la pensée unique dans les médias et la culture, du pouvoir politique et de la société civile. Ils étaient 55 000 l’année dernière et la progression est étonnante car pour sa première édition le Forum social mondial en avait accueilli 20 000. Cette année, la délégation venue des Etats-Unis sera, pour la première fois, la plus étoffée avec pas moins de 1800 délégués.
C’est le signe que les alternatifs américains se mobilisent, ceux dont le nombre et la détermination avaient constitué une surprise lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999. L’éventualité d’une intervention américaine en Irak sera dans tous les esprits à Porto Alegre et fera l’objet d’un des principaux débats du forum consacré à la construction de la paix au XXIème siècle.
Un risque toutefois guette le Forum social mondial, le gigantisme et une croissance non maîtrisée. Déjà le besoin s’est fait sentir d’une décentralisation. Plusieurs forums régionaux ont vu le jour, en Inde, en Europe, en Afrique, et le grand rassemblement annuel pourrait laisser la place dans l’avenir à un siège permanent du Forum social mondial à Porto Alegre et des grand’messes plus espacées dans le temps.
par Francine Quentin
Article publié le 22/01/2003