Irak
Pétrole : un pactole de 112 milliards de barils en réserve
Depuis la fin 1996, date de l’instauration du régime «pétrole contre nourriture», l’Irak a fait remonter sa production jusqu’à 2,6 millions de barils par jour. Ce n’est pas très inférieur à sa production d’avant la guerre du Golfe qui dépassait alors de peu les 3 millions de barils/jour. Mais ce n’est pas tant la production actuelle de l’Irak qui fait la richesse tant convoitée de ce pays que ses réserves colossales.
L’Irak exporte pour 1,6 milliards de dollars de pétrole par an, dont 59% seulement lui reviennent aux termes de l’accord pétrole contre nourriture, 13 % allant aux régions kurdes du nord, 25 % à la Commission qui, à Genève, indemnise les victimes de la Guerre du Golfe. Sous le coup de cet embargo assoupli, l’Irak n’est pas soumis aux quotas de production que l’OPEP impose à ses membres. Et une intervention militaire américaine en Irak, qui aurait pour objectif de prendre le contrôle des champs pétroliers parviendrait, théoriquement, à porter rapidement la production à 3 millions de barils/jour et, en 5 ou 6 ans, à 7 millions de barils/jour. Et beaucoup plus encore par la suite. Les gisements irakiens sont en effet aisément accessibles, peu coûteux à exploiter et bon nombre d’entre eux ne sont pas encore ouverts.
C’est bien le potentiel de production de l’Irak qui fait rêver les compagnies pétrolières. Ses réserves de pétrole brut prouvées atteignent 112 milliards de barils, les deuxièmes du monde derrière l’Arabie saoudite avec 262 milliards de barils. Certaines études font même état de plus de 330 milliards de barils de réserve ce qui placerait alors l’Irak devant même l’Arabie saoudite.
L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale de pétrole, qui était de 75 millions de barils/jour en 2000, devrait passer à 89 millions de barils/jour en 2010 et 120 millions en 2030. Ces 45 millions de barils/jour supplémentaires représentent davantage que les capacités totales actuelles de production de l’OPEP, soit 31 millions de barils/jour. D’ici 30 ans, il faudra donc trouver des pays capables de développer suffisamment leur production pour satisfaire une telle augmentation de la demande. Or, les deux tiers des réserves mondiales de pétrole se trouvent dans les pays du Golfe qui devront pratiquement doubler leur production.
Pour parvenir à une telle progression de la production des investissements colossaux sont à prévoir. En mai 2002, une étude rendue publique lors de la Conférence arabe de l’énergie envisageait, dans les seuls pays arabes, des investissements de l’ordre de 48 milliards de dollars, entre 2001 et 2006, dont 28 milliards rien que pour maintenir la capacité de production, et 20 milliards de dollars pour l’augmenter. Encore, ces montants, 4 milliards de dollars par an, sont-ils considérés comme très sous-évalués dans les milieux pétroliers qui placent plutôt la barre des investissements nécessaires à 10 milliards de dollars par an.
Reprendre pied dans le pays
Nicolas Sarkis, directeur du Centre arabe d’études pétrolières, souligne que les sociétés pétrolières américaines sont totalement d’absentes d’Irak depuis la nationalisation du secteur au début des années 70. Or, ces dernières années, le régime de Saddam Hussein a négocié des contrats avec des sociétés françaises, russes, italiennes, chinoises et d’autres encore. Ces contrats ne pourront, bien sûr, entrer en vigueur qu’après la levée de l’embargo. En cas de guerre «victorieuse» les sociétés américaines seraient donc en mesure de reprendre pied dans le pays. Toutes seules si les Etats-Unis interviennent isolés, et en laissant une part du gâteau aux alliés, en cas d’intervention d’une coalition. Le marché a été clairement, peut-être un peu trop au goût de l’administration Bush, mis sur la table par le sénateur américain Richard Lugar, qui préside la commission des affaires étrangères : si les Français et les Russes veulent avoir accès à l'exploitation et aux concessions pétrolières après Hussein, ils doivent aussi participer aux efforts militaires, et au partage des coûts pour chasser Saddam Hussein du pouvoir.
En quoi le pétrole irakien est-il à ce point stratégique aux yeux des Américains? Les Etats-Unis importent aujourd’hui 55% de leurs besoins énergétiques. En 1972, avant le premier choc pétrolier, c’était seulement 30%. Et, dans dix ans, ils devraient en importer 70%. Au début des années 70, les Etats-Unis produisaient 9,5 millions de barils /jour, ce qui les mettait en tête des pays producteurs de pétrole. En 2001, ils ne produisent plus que 5,8 millions de barils/jour. Plus grave encore leurs réserves ne dépassent pas les 30 milliards de barils, soit le quart de ce que détient l’Irak.
D’ici 2010, la Russie devrait être en mesure d’augmenter sa production de 3 millions de barils/jour, les pays d’Asie centrale de 4 millions et l’Afrique de 3,5 millions de barils/jour. On est encore bien loin du compte.
C’est donc bien au Moyen-Orient que se trouve la possibilité raisonnable d’augmenter substantiellement l’offre de pétrole dans l’avenir : Arabie saoudite, Irak, Iran, Emirats arabes unis et Koweït. L’intervention en Afghanistan a permis aux Américains de se positionner en Asie Centrale (Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Kirghizie et Géorgie). La deuxième guerre du Golfe aurait pour avantage de leur assurer un approvisionnement en hydrocarbure, tout en diversifiant les fournisseurs.
C’est bien le potentiel de production de l’Irak qui fait rêver les compagnies pétrolières. Ses réserves de pétrole brut prouvées atteignent 112 milliards de barils, les deuxièmes du monde derrière l’Arabie saoudite avec 262 milliards de barils. Certaines études font même état de plus de 330 milliards de barils de réserve ce qui placerait alors l’Irak devant même l’Arabie saoudite.
L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale de pétrole, qui était de 75 millions de barils/jour en 2000, devrait passer à 89 millions de barils/jour en 2010 et 120 millions en 2030. Ces 45 millions de barils/jour supplémentaires représentent davantage que les capacités totales actuelles de production de l’OPEP, soit 31 millions de barils/jour. D’ici 30 ans, il faudra donc trouver des pays capables de développer suffisamment leur production pour satisfaire une telle augmentation de la demande. Or, les deux tiers des réserves mondiales de pétrole se trouvent dans les pays du Golfe qui devront pratiquement doubler leur production.
Pour parvenir à une telle progression de la production des investissements colossaux sont à prévoir. En mai 2002, une étude rendue publique lors de la Conférence arabe de l’énergie envisageait, dans les seuls pays arabes, des investissements de l’ordre de 48 milliards de dollars, entre 2001 et 2006, dont 28 milliards rien que pour maintenir la capacité de production, et 20 milliards de dollars pour l’augmenter. Encore, ces montants, 4 milliards de dollars par an, sont-ils considérés comme très sous-évalués dans les milieux pétroliers qui placent plutôt la barre des investissements nécessaires à 10 milliards de dollars par an.
Reprendre pied dans le pays
Nicolas Sarkis, directeur du Centre arabe d’études pétrolières, souligne que les sociétés pétrolières américaines sont totalement d’absentes d’Irak depuis la nationalisation du secteur au début des années 70. Or, ces dernières années, le régime de Saddam Hussein a négocié des contrats avec des sociétés françaises, russes, italiennes, chinoises et d’autres encore. Ces contrats ne pourront, bien sûr, entrer en vigueur qu’après la levée de l’embargo. En cas de guerre «victorieuse» les sociétés américaines seraient donc en mesure de reprendre pied dans le pays. Toutes seules si les Etats-Unis interviennent isolés, et en laissant une part du gâteau aux alliés, en cas d’intervention d’une coalition. Le marché a été clairement, peut-être un peu trop au goût de l’administration Bush, mis sur la table par le sénateur américain Richard Lugar, qui préside la commission des affaires étrangères : si les Français et les Russes veulent avoir accès à l'exploitation et aux concessions pétrolières après Hussein, ils doivent aussi participer aux efforts militaires, et au partage des coûts pour chasser Saddam Hussein du pouvoir.
En quoi le pétrole irakien est-il à ce point stratégique aux yeux des Américains? Les Etats-Unis importent aujourd’hui 55% de leurs besoins énergétiques. En 1972, avant le premier choc pétrolier, c’était seulement 30%. Et, dans dix ans, ils devraient en importer 70%. Au début des années 70, les Etats-Unis produisaient 9,5 millions de barils /jour, ce qui les mettait en tête des pays producteurs de pétrole. En 2001, ils ne produisent plus que 5,8 millions de barils/jour. Plus grave encore leurs réserves ne dépassent pas les 30 milliards de barils, soit le quart de ce que détient l’Irak.
D’ici 2010, la Russie devrait être en mesure d’augmenter sa production de 3 millions de barils/jour, les pays d’Asie centrale de 4 millions et l’Afrique de 3,5 millions de barils/jour. On est encore bien loin du compte.
C’est donc bien au Moyen-Orient que se trouve la possibilité raisonnable d’augmenter substantiellement l’offre de pétrole dans l’avenir : Arabie saoudite, Irak, Iran, Emirats arabes unis et Koweït. L’intervention en Afghanistan a permis aux Américains de se positionner en Asie Centrale (Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Kirghizie et Géorgie). La deuxième guerre du Golfe aurait pour avantage de leur assurer un approvisionnement en hydrocarbure, tout en diversifiant les fournisseurs.
par Francine Quentin
Article publié le 07/02/2003