Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

La classe politique française : le non à la guerre

Le président français Jacques Chirac a toujours exposé clairement la position de la France face à une éventuelle guerre en Irak : «s’il devait y avoir une action militaire, celle-ci ne pourrait être décidée que par le Conseil de sécurité de l’ONU». Une position partagée par l’UMP et les autres formations de l’échiquier politique français, de droite comme de gauche, avec cependant quelques nuances pour le Parti communiste français. Ils sont tous, quoiqu'il arrive, farouchement opposés à une guerre préventive contre l'Irak et à une action unilatérale des Etats-Unis.
Tous sont contre la guerre mais pour des raisons différentes, et avec quelques bémols. La gauche et l’extrême gauche dans leur ensemble (PS, PCF, Verts, LO, LCR et PRG) mais aussi le centre (UDF) et l’extrême droite (FN) se sont toujours déclarés farouchement opposés à une guerre contre l’Irak. Du côté de l’UMP, le grand parti de droite, on reste prudemment caché derrière les propos de Jacques Chirac qui, conscient de la forte opposition des Français à un conflit, a toujours souligné la primauté du droit sur la force. En effet, selon un récent sondage Ipsos pour Le Figaro, 77% des Français, toutes tendances politiques confondues, sont massivement hostiles à l’idée de déclencher un conflit en Irak. D'autre part, 79% d’entre eux estiment que la France «doit utiliser son droit de veto» au conseil de sécurité de l’Onu si les Etats-Unis y proposent «une résolution visant à attaquer l’Irak», selon un sondage BVA pour Paris-Match, paru le 30 janvier.

Début janvier, le président, lors de ses vœux aux forces armées, a appelé publiquement les militaires à «se tenir prêts à toute éventualité», la gauche et le Parti socialiste en tête s’est inquiété de voir Jacques Chirac se ranger aux côtés des Etats-Unis. Soucieux de montrer qu’il n’avait pas subitement changé d’avis, le président français a tenu à réaffirmer, lors de ses vœux à la presse, que le recours à la force était «la pire des solutions» et que la France avait toujours «privilégiée une solution pacifique». Cependant, a-t-il ajouté : «s’il devait y avoir une action militaire, celle-ci ne pourrait être décidée que par le Conseil de sécurité de l’ONU».

La prudence est de mise à l’UMP

A gauche et à l’extrême gauche, l’hostilité est de mise quant à une option militaire contre Bagdad. On prône même dans les rangs de l’opposition le recours au droit de veto de la France au Conseil de sécurité des Nations unies. Au parti socialiste, la position est claire, il ne s’agit pas de se préparer à une guerre contre l’Irak mais de l’empêcher à tout prix. «Il n’y a pas de raison objective pour attaquer l’Irak» a même déclaré récemment, Henri Emmanuelli. Chez les Verts, la position est plus radicale : «la France ne peut pas apporter son soutien à cette guerre qui va renforcer l’unilatéralisme américain». Pour Jean-Pierre Chevènement - qui a démissionné de son poste de ministre de la Défense en 1991 car il était opposé à la guerre du Golfe -, la France aurait «tout à perdre à s’associer à une guerre préventive déclenchée par les Etats-Unis en Irak».

Tout autant opposé à la guerre, le Front national de Jean-Marie Le Pen estime que la France n’a aucun intérêt à participer à «cette guerre immorale». Même constat chez les souverainistes emmenés par Philippe de Villiers, pour qui Paris doit absolument refuser un «alignement servile» sur les Etats-Unis. A droite, l’UDF de François Bayrou souhaite que la France soit «le meilleur défenseur de l’ONU». A l’UMP, on partage les sentiments du président français et on se déclare discrètement mais majoritairement favorable à une intervention de la France mais seulement en cas de retour à la force décidé par les Nations unies. Alain Juppé, président du grand parti de droite a récemment réaffirmé que la «France ne saurait s’engager dans une action militaire si le Conseil de sécurité de l’Onu ne se prononçait pas». Les principaux dirigeants de la grande formation de droite ne sont en effet pas très prolixes sur le sujet ; prudents, ils préfèrent laisser la parole à l’Elysée et au Quai d’Orsay.

Seul dans ce concert d’opposants à une intervention militaire, Alain Madelin, député UMP et ancien candidat à la présidentielle sous la bannière Démocratie libérale, a estimé que les «dix-sept résolutions de l’Onu que l’Irak n’a pas respectées donnent clairement à Saddam Hussein une présomption de culpabilité». Depuis toujours, il défend la nécessité d’une intervention contre «un psychopathe dangereux qui a utilisé des armes chimiques contre son propre peuple».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/02/2003