Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

La France, ancienne alliée de Bagdad

Depuis le début des années 70 jusqu’à l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, Paris et Bagdad ont toujours entretenu de bonnes relations. Une fois la guerre du Golfe terminée, la France même si elle avait rallié les Etats-Unis durant le conflit, s’est vivement opposée au maintien de l’embargo.
L’idylle a duré près de vingt ans. Tout commence en 1972 lorsque Jacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre de la France invite, à Paris, Saddam Hussein, fraîchement promu figure incontournable du régime irakien. Deux ans plus tard, c’est au tour de l’homme fort de Bagdad de convier une personnalité française, Jacques Chirac, successeur de Jacques Chaban-Delmas à Matignon. A cette occasion, les deux hommes signent plusieurs contrats militaires - une soixantaine de Mirage F-1 est livrée à l’Irak en 1977 et 1979 ainsi que des missiles, des blindés et des hélicoptères …etc - mais surtout ils concluent un accord de coopération nucléaire. La France livrant peu de temps après deux réacteurs, Tamouz 1 et 2, qui vont servir à la construction de la centrale nucléaire de Tamouz-Osirak. Mais, cette dernière est détruite en juin 1981 par un bombardement israélien avant même sa mise en service.

Durant la guerre entre l’Iran et l’Irak, qui va durer huit ans, la France reste une alliée fidèle du régime irakien en continue de signer avec lui de faramineux contrats d’armement pour un montant d’au moins 10 milliards d’euros, pour notamment barrer la route aux Iraniens. La France va même jusqu’à fermer les yeux, tout comme les Etats-Unis d’ailleurs, quand les Irakiens vont utiliser des gaz chimiques prohibés contre les Iraniens. C’est alors la classe politique française, touts bords confondus, qui est complice de ces violations. Pour Paris, outre ces liens commerciaux privilégiés, il s’agit avant tout de consolider une amitié durable au Moyen-Orient avec une terre riche en pétrole.

La fracture

Pendant la décennie 80, les liens ne se distordent pas. La lune de miel atteint son comble en 1986 quand Jacques Chirac, alors Premier ministre, déclare que la France est «l’amie et l’alliée de l’Irak» et en juillet 1990, lorsque Paris signe un accord permettant le rééchelonnement de la dette irakienne. Mais c’était compter sans l’invasion du Koweït, quelques semaines plus tard, par le régime de Bagdad. Les anciens amis français de Saddam Hussein le lâchent tous, à l’exception de Jean-Marie Le Pen qui lui rend visite à Bagdad et de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, qui démissionne de son poste et qui se rend également sur place pour saluer celui qu’il qualifiera de «dirigeant courageux et aimé».

Concomitamment, Paris se rallie à Washington et participe à l’opération alliée Tempête du Désert en bombardant l’Irak et en envoyant des militaires pour participer à l’offensive terrestre. Bien que s’étant placée aux côtés des Américains pendant la guerre du Golfe, la France s’oppose vivement, après la fin du conflit, à la poursuite de l’embargo sur le pétrole irakien. Elle ira même jusqu’à faire pression, en 1996, aux Nations unies, pour que son ancienne alliée puisse vendre son pétrole contre de la nourriture, bien utile pour une population affamée, depuis la mise en place d’un embargo drastique. La France continuant ainsi d’adopter une position médiane, pour préserver notamment ses intérêts économiques.

Aujourd’hui, toute la classe politique se positionne derrière Jacques Chirac qui a clairement exposé la position de la France : si toutefois il doit y avoir un recours à la force, il devra être décidé uniquement par le Conseil de sécurité de l’Onu et non pas unilatéralement par les Etats-Unis.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/02/2003