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Irak

L'alternative pacifique franco-allemande

Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel à paraître le 10 février, la France et l’Allemagne travailleraient à un «plan exhaustif» - le plan «projet Mirage» - sur l’Irak en vue d’un «désarmement complet», avec une prise de contrôle du pays par les Casques bleus des Nations unies, pour superviser son désarmement. Ces rumeurs ont provoqué la fureur et colère des Etats-Unis - qui ont appris l’existence de ce plan par la presse -, ce week-end à la Conférence de Munich sur la sécurité.
Le «projet Mirage», le plan alternatif de Paris et de Berlin, qui pourrait être soumis en tant que projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, vendredi 14 février, a fait l’objet de toutes les discussions, durant deux jours, à Munich où se déroulait ce week-end, la 39ème Conférence internationale sur la sécurité. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, qui cite une source proche du gouvernement allemand, ce plan étudié par Paris et Berlin proposerait notamment l’envoi de plusieurs milliers de troupes de maintien de la paix de l’Onu en Irak afin de fournir un soutien militaire aux inspecteurs en désarmement et de superviser des inspections accrues sur l’ensemble du territoire. Le nombre d’inspecteurs, actuellement une centaine, serait triplé. Ce plan prévoirait également la création d’une zone d’interdiction de survol sur tout le territoire irakien. De plus, des Mirage IV de l’armée française soutiendraient le travail des inspecteurs de l’Onu et le contrôle du régime de Bagdad serait intensifié par le biais d’une nouvelle série de sanctions, parmi lesquelles des contrôles renforcés des exportations vers les pays industriels et une lutte active contre la contrebande de pétrole, l’une des importantes sources de revenus de l’Irak. Autre élément de ce «projet Mirage», toujours selon l’hebdomadaire allemand, un coordinateur permanent des Nations unies pour l’inspection de l’arsenal irakien pourrait être nommé.

Interrogé, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé qu’il «n’y avait pas de plan secret franco-allemand sur le désarmement de l’Irak». Quant à la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui n’a pas rencontré son homologue américain Donald Rumsfeld à Munich alors que les deux responsables se sont croisés toute la journée de samedi, elle a assuré qu’il n’y avait pas de plan spécifique mais que des propositions avaient été formulées publiquement, le 5 février dernier aux Nations unies par le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin après l’exposé du secrétaire d’Etat américain Colin Powell sur le programme irakien d’armes de destruction massive.

La Belgique favorable, la Russie en passe de l’être

En revanche, le ministre allemand de la Défense a confirmé, ce dimanche, l’existence d’une initiative franco-allemande, dans une interview télévisée. «Nous espérons que l’initiative va être reçue positivement au sein du Conseil de sécurité le 14 février», a-t-il dit. Ce plan a continué d’alimenter les débats quand Peter Struck a annoncé que le chancelier Gerhard Schröder et Vladimir Poutine comptaient évoquer, à Berlin, les propositions françaises. La Russie, qui siège au Conseil de sécurité a immédiatement envisagé d’y adhérer : «si le Conseil de sécurité soutient cette proposition, je n’ai presque aucun doute que la Russie l’approuvera», a déclaré le ministre russe Sergueï Ivanov. Vladimir Poutine s’entretiendra également avec Jacques Chirac, ce lundi à Paris. De son côté, la Belgique par le biais de son chef de la diplomatie, s’est déclarée «tout à fait favorable» à cette action et a annoncé vouloir utiliser son droit de veto à l’Otan pour s’opposer aux demandes américaines d’un soutien de l’Alliance atlantique en cas d’intervention militaire en Irak. Selon Der Spiegel, l’Allemagne et la France n’ont jamais consulté les Etats-Unis ni leurs alliés britanniques, espagnols ou italiens.

Face à cette initiative, la délégation américaine à Munich s’est montrée furieuse d’apprendre son existence par la presse. «Ce n’est pas le moyen de gagner les faveurs des Etats-Unis», a déclaré un haut responsable américain, avant d’ajouter : «Si la France et l’Allemagne préparent un plan qu’elles pensent présenter à la communauté internationale, et si personne sauf la presse n’en parle au secrétaire à la Défense alors qu’il vient de rencontrer en 24 heures plus d’un million d’Européens, le moins que l’on puisse dire est que cela n’est pas la meilleure façon d’entamer une discussion». Dimanche, Colin Powell a affirmé que cette proposition «ne répondait pas au problème».

Alors que le président américain George Bush - qui estime que la partie est terminée avec l’Irak, «the game is over», multiplie les déploiements militaires, un sommet réunissant le président égyptien Hosni Moubarak et ses homologues syrien Bachar Al-Assad et lybien Mouammar Khadafi, est organisé ce dimanche à Charm el-Cheikh pour tenter de «permettre une solution pacifique à la crise irakienne».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 09/02/2003