Irak
Acculé, Bagdad fait des concessions
Volonté réelle de coopérer comme le soutient Bagdad ou au contraire manœuvres destinées à gagner du temps comme l’affirment les Américains ? Toujours est-il que l’accord du régime irakien pour un survol de son territoire par les avions de surveillance U2 joue en sa faveur au moment ou les propositions franco-allemandes sur un renforcement du travail des inspecteurs ont été transmises aux membres du Conseil de sécurité. Pendant ce temps, l’Otan traverse une crise sans précédent en raison du triple veto de Paris, Berlin et Bruxelles aux demandes américaines de soutien à la guerre contre l’Irak. Les ambassadeurs de l’Alliance tentaient toujours mardi soir de trouver un compromis.
Les chefs des inspecteurs de l’ONU sont repartis dimanche de Bagdad en affichant un «optimisme prudent». Le Suédois Hans Blix, responsable de désarmement chimique, biologique et bactériologique a ainsi noté «le début d’une prise en compte plus sérieuse des problèmes en suspens» de la part des autorités irakiennes. Il faut en effet reconnaître qu’en deux jours d’entretiens l’Irak a fait bien plus de concessions qu’en deux mois et demi d’inspection. Il a en effet remis aux chefs des inspecteurs «des documents sur le bacille du charbon et les missiles al-Fatah et al-Soumoud», qu’il a prétendu pourtant ne pas détenir. Onze lettres sur des questions techniques et des programmes nucléaires et 24 documents relatifs aux armements chimiques, bactériologiques et balistiques sont désormais à l’étude chez les inspecteurs. Bagdad a en outre proposé de mener des tests pour la détection de l’anthrax et de l’agent neurotoxique VX. Il s’est également engagé à créer une commission pour rechercher tous les documents concernant les armes prohibées.
Mais la meilleure preuve de la bonne volonté de Bagdad a été sans conteste son accord lundi pour le survol «sans condition» de son territoire par les avions espions U2. Les Nations unies le réclamaient depuis des semaines mais en vain, les autorités irakiennes estimant ne pas pouvoir garantir la sécurité de ces appareils. Le vice-Premier ministre Tarek Aziz avait notamment affirmé la semaine dernière que les avions espions américains, sous contrôle de l’ONU, ne pourraient survoler l’Irak que si Washington et Londres abandonnaient leurs patrouilles dans les zones d’exclusion aérienne du nord et du sud du pays. Aujourd’hui les autorités de Bagdad, qui ont renoncé à leurs exigences, déclarent que «tous les avions qui seront utilisés par les inspecteurs sont désormais autorisés à survoler» le pays. Elles s’engagent en outre à assurer la protection des pilotes et des appareils. En plus des avions américains U2, l’Irak a également autorisé les Mirages français et les Antonov russes à opérer des vols de reconnaissance au dessus de l’Irak.
A quelques jours de la remise du nouveau rapport des chefs des inspecteurs au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Irak tente de mettre toutes les chances de son côté. L’ambassadeur irakien à l’ONU, Mohamed al-Douri, l’a d’ailleurs ouvertement reconnu. «Nous coopérons de façon très active», a-t-il notamment affirmé en soulignant que son pays «essayait d’éviter la guerre à tout prix». «Nous avons été sincères tout au long du processus» d’inspection, a pour sa part déclaré le général Amer al-Saadi, un proche conseiller de Saddam Hussein. Selon lui, «le 14 février –date à laquelle les chefs doivent remettre leur rapport au Conseil– n’est pas la fin du monde». Confiant, il a estimé qu’il y aura d’autres rapports.
Des progrès mais…
Si Mohamed el-Baradeï, le directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, semble plutôt optimiste lorsqu’il évoque «le début d’une pleine coopération» de la part des Irakiens «pouvant contribuer à une issue pacifique de la crise», son collègue de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies, Hans Blix, parait plus prudent. Il a notamment affirmé qu’il n’était pas satisfait de la liste des scientifiques remise par Bagdad. «Nous avons présenté une liste de personnes que nous voulons interroger, mais nous ne sommes pas satisfaits de la liste que nous avons reçue», a-t-il déclaré en soulignant que la partie irakienne avait promis de la compléter sans toutefois donner de précisions. Depuis le 27 novembre, les inspecteurs ont sollicité une quinzaine d’interviews privées avec des scientifiques irakiens mais ce n’est que la semaine dernière qu’ils ont pour la première fois pu auditionner cinq de ces chercheurs.
Quoiqu’il en soit ces signes de bonne volonté de Bagdad interviennent au moment où la France et l’Allemagne, soucieuses d’éviter une guerre contre l’Irak qu’elles jugent prématurée, ont présenté une série de mesures destinées à renforcer le travail des inspecteurs. Ces propositions, qui portent notamment sur le doublement voire le triplement du nombre des experts sur place ainsi que sur la mise en place d’un corps chargé de maintenir sous surveillance les sites contrôlés par l’ONU, ont, selon des sources proches du gouvernement, d’ores et déjà reçu l’approbation de onze des quinze membres du Conseil de sécurité. Et la Chine, un des cinq membres permanents, a officiellement annoncé qu’elle adhérait aux propositions franco-allemandes.
En apparence indifférents aux initiatives de Paris et Berlin, Les Etats-Unis intensifient leurs préparatifs militaires. Les renforts continuent à affluer dans le Golfe où il dépassent maintenant les 133 000 hommes. Le Pentagone a par ailleurs affrété, le week-end dernier, 47 avions de lignes de diverses compagnies pour transporter des troupes dans la région.
Mais la meilleure preuve de la bonne volonté de Bagdad a été sans conteste son accord lundi pour le survol «sans condition» de son territoire par les avions espions U2. Les Nations unies le réclamaient depuis des semaines mais en vain, les autorités irakiennes estimant ne pas pouvoir garantir la sécurité de ces appareils. Le vice-Premier ministre Tarek Aziz avait notamment affirmé la semaine dernière que les avions espions américains, sous contrôle de l’ONU, ne pourraient survoler l’Irak que si Washington et Londres abandonnaient leurs patrouilles dans les zones d’exclusion aérienne du nord et du sud du pays. Aujourd’hui les autorités de Bagdad, qui ont renoncé à leurs exigences, déclarent que «tous les avions qui seront utilisés par les inspecteurs sont désormais autorisés à survoler» le pays. Elles s’engagent en outre à assurer la protection des pilotes et des appareils. En plus des avions américains U2, l’Irak a également autorisé les Mirages français et les Antonov russes à opérer des vols de reconnaissance au dessus de l’Irak.
A quelques jours de la remise du nouveau rapport des chefs des inspecteurs au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Irak tente de mettre toutes les chances de son côté. L’ambassadeur irakien à l’ONU, Mohamed al-Douri, l’a d’ailleurs ouvertement reconnu. «Nous coopérons de façon très active», a-t-il notamment affirmé en soulignant que son pays «essayait d’éviter la guerre à tout prix». «Nous avons été sincères tout au long du processus» d’inspection, a pour sa part déclaré le général Amer al-Saadi, un proche conseiller de Saddam Hussein. Selon lui, «le 14 février –date à laquelle les chefs doivent remettre leur rapport au Conseil– n’est pas la fin du monde». Confiant, il a estimé qu’il y aura d’autres rapports.
Des progrès mais…
Si Mohamed el-Baradeï, le directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, semble plutôt optimiste lorsqu’il évoque «le début d’une pleine coopération» de la part des Irakiens «pouvant contribuer à une issue pacifique de la crise», son collègue de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies, Hans Blix, parait plus prudent. Il a notamment affirmé qu’il n’était pas satisfait de la liste des scientifiques remise par Bagdad. «Nous avons présenté une liste de personnes que nous voulons interroger, mais nous ne sommes pas satisfaits de la liste que nous avons reçue», a-t-il déclaré en soulignant que la partie irakienne avait promis de la compléter sans toutefois donner de précisions. Depuis le 27 novembre, les inspecteurs ont sollicité une quinzaine d’interviews privées avec des scientifiques irakiens mais ce n’est que la semaine dernière qu’ils ont pour la première fois pu auditionner cinq de ces chercheurs.
Quoiqu’il en soit ces signes de bonne volonté de Bagdad interviennent au moment où la France et l’Allemagne, soucieuses d’éviter une guerre contre l’Irak qu’elles jugent prématurée, ont présenté une série de mesures destinées à renforcer le travail des inspecteurs. Ces propositions, qui portent notamment sur le doublement voire le triplement du nombre des experts sur place ainsi que sur la mise en place d’un corps chargé de maintenir sous surveillance les sites contrôlés par l’ONU, ont, selon des sources proches du gouvernement, d’ores et déjà reçu l’approbation de onze des quinze membres du Conseil de sécurité. Et la Chine, un des cinq membres permanents, a officiellement annoncé qu’elle adhérait aux propositions franco-allemandes.
En apparence indifférents aux initiatives de Paris et Berlin, Les Etats-Unis intensifient leurs préparatifs militaires. Les renforts continuent à affluer dans le Golfe où il dépassent maintenant les 133 000 hommes. Le Pentagone a par ailleurs affrété, le week-end dernier, 47 avions de lignes de diverses compagnies pour transporter des troupes dans la région.
par Mounia Daoudi
Article publié le 11/02/2003