Proche-Orient
Sharon se résigne à gouverner à droite
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon est parvenu, à l’issue de plusieurs semaines de négociations, à se forger une coalition clairement affichée à droite. En s’alliant au Parti national religieux, considéré comme le porte-parole des colons, il s’est définitivement interdit de gouverner avec les travaillistes, farouchement opposés à une poursuite de la colonisation. Il a en outre provoqué un coup de théâtre en écartant du pouvoir les partis religieux ultra-orthodoxes habitués à faire et défaire les gouvernements en Israël. Ce faisant il s’est allié le parti laïc centriste Shinoui, devenu à l’issue des élections du 28 janvier dernier la troisième formation politique du pays. Ariel Sharon ne dispose toutefois que d’une courte majorité à la Knesset avec 61 sièges sur 120.
Après plusieurs semaines de vaines négociations avec les travaillistes, Ariel Sharon a donc renoncé à constituer un gouvernement d’union nationale. Il a en effet choisi de s’allier au parti laïc Shinoui et au Parti national religieux (PNR). Troisième formation politique du pays avec 15 députés, les centristes du Shinoui savent qu’il peuvent déjà compter sur cinq portefeuilles ministériels et non des moindres puisqu’ils auront notamment en charge la Justice et l’Intérieur. Leur leader Tommy Lapid devrait être en outre nommé vice-Premier ministre. Contre toute attente et alors qu’ils avaient pourtant largement construit leur campagne électorale contre la coercition religieuse, les centristes ont donc accepté de siéger aux côtés du PNR, considéré comme le porte-parole des colons. Il faut croire que Tommy Lapid, conscient que son rêve d’une coalition laïque regroupant la formation d’Ariel Sharon et le Parti travailliste étant vain, a estimé qu’il était préférable pour sa formation de faire alliance avec des religieux modérés que d’être réduite à faire entendre sa voix depuis les rangs de l’opposition. Mais en acceptant cette concession, le Shinoui ne renonce toutefois pas à défendre le principe de laïcité sur lequel il a fondé son programme et la bataille s’annonce d’ores et déjà ardu au sein du gouvernement.
Outre les centristes Ariel Sharon a également bâti sa coalition avec le Parti national religieux qui possède six sièges à la Knesset. Pour le convaincre d’entrer dans son gouvernement, le Premier ministre a fait des concessions de taille. Il s’est en effet engagé à ce que les colonies dans les territoires palestiniens soient agrandies pour répondre à la croissance naturelle de leur population. Cette décision ne pouvait que contrarier les travaillistes qui avaient exigé comme condition préalable à leur participation à un gouvernement d’union nationale que soient démantelées toutes les colonies de la bande de Gaza et que soient reversés à des projets d’infrastructure en territoire israélien tous les fonds publics destinés à ces colonies de peuplement. Ariel Sharon s’est en outre engagé auprès de ses alliés du PNR à ce que le programme du gouvernement qu’il doit présenter dans les prochains jours devant la Knesset ne fasse mention ni de la création d’un Etat palestinien, ni de la feuille de route présentée par le quartette (Etats-Unis, Russie, Nations unies et Union européenne), ni du plan de paix évoqué par le président Bush. Ces concessions risquent d’agacer la communauté internationale qui tente de relancer depuis plusieurs semaines le dialogue avec les Palestiniens. Le PNR devrait obtenir les ministères de l’Habitat, du Travail et des Affaires sociales. Son leader, Effi Eitam devrait être également nommé vice-Premier ministre.
Les ultra-orthodoxes se sentent trahis
En choisissant de s’appuyer sur le Shinoui et sur le PNR, Ariel Sharon a aussi réussi le tour de force de s’affranchir des partis religieux ultra-orthodoxes, pourtant alliés traditionnels du Likoud. «Sharon nous a trahi ! Il forme un gouvernement de poubelle», s’est ainsi indigné le rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du Shass fort de 11 députés à la Knesset. Plus mesuré, le rabbin Yisrael Eichler, député sur la Liste de la Tora unifiée –deuxième formation ultra-orthodoxe avec cinq députés–, a estimé pour sa part que la leçon à tirer de «la trahison politique de Sharon» est qu’«il ne faut pas faire plus confiance à la droite qu’à la gauche». Les partis ultra-orthodoxes qui depuis 22 ans font et défont les gouvernements en Israël se retrouvent donc aujourd’hui dans les rangs de l’opposition, aux côtés de leur ennemi de toujours le Parti travailliste, initiateur des négociations avec les Palestiniens.
Mais si Amram Mitzna, le leader des travaillistes, estime que la place de son parti est désormais dans l’opposition, son avis est de plus en plus contesté au sein de sa formation. Après l’échec des tractations sur le ralliement à un gouvernement d’union nationale, plusieurs ténors du parti lui ont en effet reproché son «amateurisme». L’ancien ministre de la Défense d’Ariel Sharon, Benyamin Ben Eliezer l’a ainsi accusé d’avoir provoqué «la plus cuisante défaite historique du parti». Et le prix Nobel de la paix Shimon Peres a perfidement insinué qu’Amram Mitzna «n’avait pas tout à fait compris ce que le Likoud était prêt à offrir». Les jours du leader des travaillistes semblent donc plus que jamais comptés, ses alliés –que ce soit au bureau politique, au comité central ou au groupe parlementaire– étant désormais minoritaires. Ces dissensions internes affaiblissent plus que jamais le parti travailliste et certains analystes estiment dans ce contexte qu’Ariel Sharon ne désespère pas de rallier ultérieurement à son cabinet la formation de gauche une fois qu’elle se sera restructurée.
Outre les centristes Ariel Sharon a également bâti sa coalition avec le Parti national religieux qui possède six sièges à la Knesset. Pour le convaincre d’entrer dans son gouvernement, le Premier ministre a fait des concessions de taille. Il s’est en effet engagé à ce que les colonies dans les territoires palestiniens soient agrandies pour répondre à la croissance naturelle de leur population. Cette décision ne pouvait que contrarier les travaillistes qui avaient exigé comme condition préalable à leur participation à un gouvernement d’union nationale que soient démantelées toutes les colonies de la bande de Gaza et que soient reversés à des projets d’infrastructure en territoire israélien tous les fonds publics destinés à ces colonies de peuplement. Ariel Sharon s’est en outre engagé auprès de ses alliés du PNR à ce que le programme du gouvernement qu’il doit présenter dans les prochains jours devant la Knesset ne fasse mention ni de la création d’un Etat palestinien, ni de la feuille de route présentée par le quartette (Etats-Unis, Russie, Nations unies et Union européenne), ni du plan de paix évoqué par le président Bush. Ces concessions risquent d’agacer la communauté internationale qui tente de relancer depuis plusieurs semaines le dialogue avec les Palestiniens. Le PNR devrait obtenir les ministères de l’Habitat, du Travail et des Affaires sociales. Son leader, Effi Eitam devrait être également nommé vice-Premier ministre.
Les ultra-orthodoxes se sentent trahis
En choisissant de s’appuyer sur le Shinoui et sur le PNR, Ariel Sharon a aussi réussi le tour de force de s’affranchir des partis religieux ultra-orthodoxes, pourtant alliés traditionnels du Likoud. «Sharon nous a trahi ! Il forme un gouvernement de poubelle», s’est ainsi indigné le rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du Shass fort de 11 députés à la Knesset. Plus mesuré, le rabbin Yisrael Eichler, député sur la Liste de la Tora unifiée –deuxième formation ultra-orthodoxe avec cinq députés–, a estimé pour sa part que la leçon à tirer de «la trahison politique de Sharon» est qu’«il ne faut pas faire plus confiance à la droite qu’à la gauche». Les partis ultra-orthodoxes qui depuis 22 ans font et défont les gouvernements en Israël se retrouvent donc aujourd’hui dans les rangs de l’opposition, aux côtés de leur ennemi de toujours le Parti travailliste, initiateur des négociations avec les Palestiniens.
Mais si Amram Mitzna, le leader des travaillistes, estime que la place de son parti est désormais dans l’opposition, son avis est de plus en plus contesté au sein de sa formation. Après l’échec des tractations sur le ralliement à un gouvernement d’union nationale, plusieurs ténors du parti lui ont en effet reproché son «amateurisme». L’ancien ministre de la Défense d’Ariel Sharon, Benyamin Ben Eliezer l’a ainsi accusé d’avoir provoqué «la plus cuisante défaite historique du parti». Et le prix Nobel de la paix Shimon Peres a perfidement insinué qu’Amram Mitzna «n’avait pas tout à fait compris ce que le Likoud était prêt à offrir». Les jours du leader des travaillistes semblent donc plus que jamais comptés, ses alliés –que ce soit au bureau politique, au comité central ou au groupe parlementaire– étant désormais minoritaires. Ces dissensions internes affaiblissent plus que jamais le parti travailliste et certains analystes estiment dans ce contexte qu’Ariel Sharon ne désespère pas de rallier ultérieurement à son cabinet la formation de gauche une fois qu’elle se sera restructurée.
par Mounia Daoudi
Article publié le 24/02/2003