Proche-Orient
Le Likoud assuré de remporter les élections
La campagne électorale pour les législatives anticipées a été, malgré les scandales de corruption qui ont éclaboussé les chefs de file du Likoud et du parti travailliste, des plus insipides. Près de 20% des électeurs sont en effet, à la veille du scrutin toujours indécis. Et si le Premier ministre sortant, Ariel Sharon, semble assuré de conserver le pouvoir, la coalition qu’il devra mettre en place risque d’être des plus fragiles. Son rival Amram Mitzna a d’ores et déjà annoncé qu’il refusait de participer à un gouvernement d’union nationale dirigée par le leader du Likoud, tandis que le parti laïc Shinoui a réaffirmé qu’il ne siègerait pas avec des partis religieux, soutien traditionnel de la droite israélienne.
A en croire les derniers sondages, le Likoud devrait remporter au moins 32 sièges sur 120 à l’issue du scrutin de mardi contre seulement 19 dans la Knesset sortante. Un moment affaibli par des scandales de corruption qui ont éclaboussé non seulement son chef de file mais aussi plusieurs personnalités de premier plan, le parti de droite a su maintenir son avance sur son rival, le parti travailliste qui ne disposerait que de 19 députés dans le prochain parlement. Le grand vainqueur de cette élection pourrait donc bien être la formation laïque Shinoui qui a su drainer les mécontents à droite comme à gauche. Crédité de 16 sièges, le parti de Tommy Lapid fait une percée significative puisqu’il ne disposait que de six sièges dans la Knesset sortante et pourrait bien être appelé à jouer un rôle d’arbitre dans la formation du prochain gouvernement. Si les sondages font en effet apparaître que le bloc formé par le Likoud, les partis religieux et l’extrême droite pourrait compter sur 64 ou 65 députés, Ariel Sharon semble très réticent à mettre en place une telle coalition qui pourrait s’avérer des plus fragiles à cause notamment des surenchères nationalistes de ses alliés potentiels. Il les a encore récemment accusés d’avoir causé la chute de deux gouvernements de droite en 1992 et 1999.
Dans ce contexte, le Premier ministre sortant préférerait de loin reconstituer un gouvernement d’union nationale avec notamment la participation des travaillistes et du parti laïc Shinoui. Ariel Sharon pourrait ainsi s’appuyer sur une base parlementaire beaucoup plus large. Il pourrait également se prévaloir d’une image de respectabilité, qui lui fait de plus en plus défaut, notamment aux yeux des Européens. Un gouvernement d’union nationale lui permettrait en outre de faire bonne figure aux yeux des Américains, dont il attend beaucoup en terme d’assistance économique. En plus des trois milliards de dollars d’aide annuelle, Washington pourrait débloquer une aide spéciale de quatre autres milliards et garantir pour la somme de huit milliards de dollars des emprunts bancaires à l’Etat hébreu. Mais l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale semble toutefois très compromise puisque le chef de file des travailliste a scandé tout au long de la campagne électorale son refus de participer à une telle coalition. Et même si Amram Mitzna a semblé faire marche arrière ces derniers jours en déclarant n’être hostile qu’à «un gouvernement dirigé par Ariel Sharon», ce dernier devra faire des concessions importantes sur le dossier palestinien s’il veut convaincre les travaillistes de gouverner à ses côtés. Le Premier ministre sortant devra également satisfaire les dirigeants du Shinoui qui refusent de siéger aux côtés des représentants des religieux orthodoxes.
Une campagne largement dominée par la sécurité
Si la campagne électorale a été des plus ternes, c’est sans doute parce que son thème prédominant a été la sécurité, au point où certains analystes sont allés jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une «élection inhabituelle». L’économie israélienne, qui après 28 mois d’Intifada traverse la crise la plus grave de son histoire, n’a ainsi pas été un sujet de débat, les Israéliens étant vraisemblablement beaucoup plus préoccupés par leur sécurité que par les problèmes de chômage ou de pouvoir d’achat. Cette préoccupation est sans doute la cause principale de l’échec du discours des travaillistes car pour la majorité de la population Amram Mitzna, en prônant la reprise des négociations avec les Palestiniens, n’apporte pas une solution à «la situation de guerre» qui selon elle prévaut depuis plus de deux ans en Israël. L’Intifada qui a fait plus de 700 morts israéliens semble avoir marqué de façon indélébile les esprits et les électeurs réclament une réponse ferme aux attentats suicide, ce que le chef de file des travaillistes ne semble pas être, selon eux, en mesure d’apporter.
Cette réponse ferme, seul Ariel Sharon est aujourd’hui capable de l’assumer. Le week-end dernier, l’armée israélienne a lancé une vaste opération militaire dans la bande de Gaza, faisant douze morts et une soixantaine de blessés. C’est la première fois depuis le début de l’Intifada que les forces de Tsahal opèrent au centre même de Gaza. L’Autorité palestinienne qui a vivement condamné cette intervention a annoncé qu’elle demanderait un débat au Conseil de sécurité de l’ONU. Et Saëb Erakat, le principal négociateur palestinien a accusé Ariel Sharon de vouloir achevé son mandat de Premier ministre «sur une démonstration de force» à la veille des élections. Le gouvernement israéliens, sans doute dans la crainte de représailles, a en outre décidé le bouclage de l’ensemble des territoires palestiniens jusqu’au lendemain des législatives.
Dans ce contexte, le Premier ministre sortant préférerait de loin reconstituer un gouvernement d’union nationale avec notamment la participation des travaillistes et du parti laïc Shinoui. Ariel Sharon pourrait ainsi s’appuyer sur une base parlementaire beaucoup plus large. Il pourrait également se prévaloir d’une image de respectabilité, qui lui fait de plus en plus défaut, notamment aux yeux des Européens. Un gouvernement d’union nationale lui permettrait en outre de faire bonne figure aux yeux des Américains, dont il attend beaucoup en terme d’assistance économique. En plus des trois milliards de dollars d’aide annuelle, Washington pourrait débloquer une aide spéciale de quatre autres milliards et garantir pour la somme de huit milliards de dollars des emprunts bancaires à l’Etat hébreu. Mais l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale semble toutefois très compromise puisque le chef de file des travailliste a scandé tout au long de la campagne électorale son refus de participer à une telle coalition. Et même si Amram Mitzna a semblé faire marche arrière ces derniers jours en déclarant n’être hostile qu’à «un gouvernement dirigé par Ariel Sharon», ce dernier devra faire des concessions importantes sur le dossier palestinien s’il veut convaincre les travaillistes de gouverner à ses côtés. Le Premier ministre sortant devra également satisfaire les dirigeants du Shinoui qui refusent de siéger aux côtés des représentants des religieux orthodoxes.
Une campagne largement dominée par la sécurité
Si la campagne électorale a été des plus ternes, c’est sans doute parce que son thème prédominant a été la sécurité, au point où certains analystes sont allés jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une «élection inhabituelle». L’économie israélienne, qui après 28 mois d’Intifada traverse la crise la plus grave de son histoire, n’a ainsi pas été un sujet de débat, les Israéliens étant vraisemblablement beaucoup plus préoccupés par leur sécurité que par les problèmes de chômage ou de pouvoir d’achat. Cette préoccupation est sans doute la cause principale de l’échec du discours des travaillistes car pour la majorité de la population Amram Mitzna, en prônant la reprise des négociations avec les Palestiniens, n’apporte pas une solution à «la situation de guerre» qui selon elle prévaut depuis plus de deux ans en Israël. L’Intifada qui a fait plus de 700 morts israéliens semble avoir marqué de façon indélébile les esprits et les électeurs réclament une réponse ferme aux attentats suicide, ce que le chef de file des travaillistes ne semble pas être, selon eux, en mesure d’apporter.
Cette réponse ferme, seul Ariel Sharon est aujourd’hui capable de l’assumer. Le week-end dernier, l’armée israélienne a lancé une vaste opération militaire dans la bande de Gaza, faisant douze morts et une soixantaine de blessés. C’est la première fois depuis le début de l’Intifada que les forces de Tsahal opèrent au centre même de Gaza. L’Autorité palestinienne qui a vivement condamné cette intervention a annoncé qu’elle demanderait un débat au Conseil de sécurité de l’ONU. Et Saëb Erakat, le principal négociateur palestinien a accusé Ariel Sharon de vouloir achevé son mandat de Premier ministre «sur une démonstration de force» à la veille des élections. Le gouvernement israéliens, sans doute dans la crainte de représailles, a en outre décidé le bouclage de l’ensemble des territoires palestiniens jusqu’au lendemain des législatives.
par Mounia Daoudi
Article publié le 27/01/2003