Proche-Orient
Sharon privé de télé
Eclaboussé par plusieurs scandales de corruption, le Premier ministre sortant Ariel Sharon devait tenter de se blanchir jeudi soir devant les électeurs israéliens au cours d’une conférence de presse retransmise par trois chaînes de télévision et les radios publiques du pays. Mais la stratégie du leader du Likoud, qui consistait dans un premier temps à attaquer son rival du parti travailliste avant d’affirmer n’avoir rien à se reprocher, n’a pas porté ses fruits. Le président de la commission centrale des élections a en effet décidé de censurer à la télévision et à la radio la retransmission de son point de presse, estimant que loin de se défendre Ariel Sharon utilisait cette tribune à des fins de «propagande politique». Un coup dur pour le Premier ministre sortant dont le parti est en chute dans les sondages.
La conférence de presse d’Ariel Sharon était très attendue. Annoncée plusieurs heures à l’avance, elle devait lui permettre de se justifier face aux nombreuses accusations de corruption qui, depuis ces dernières semaines, frappent non seulement plusieurs personnalités de son parti mais surtout son proche entourage avec en première ligne ses deux fils Omri et Gilad, impliqués dans des affaires frauduleuses. Trois télévisions et les radios publiques du pays devait transmettre le point de presse. Mais cinq minutes à peine après avoir pris la parole, Ariel Sharon a été interdit d’antenne. Le président de la commission centrale des élections, le juge Michaël Heshin, confortablement installé chez lui pour suivre l’intervention du Premier ministre sortant, a en effet estimé que ce dernier, au lieu de se justifier sur les accusations portées contre lui, faisait un exercice de «propagande politique». En conséquence, il a donné l’ordre pour que soit mis fin à la retransmission de la conférence de presse.
Cet événement sans précédent constitue un camouflet pour le leader du Likoud même s’il a affirmé comprendre la décision du juge et la «respecter». Il est vrai qu’Ariel Sharon n’y était pas allé de main morte contre ses adversaires du parti travailliste. «Je suis venu répondre aux allégations mensongères que les travaillistes ont lancé pour prendre le pouvoir», avait-il lancé d’emblée avant de poursuivre que ces derniers avaient «essayé de salir tous les représentants du Likoud en les présentant comme des membres de la mafia et du crime organisé». Visiblement tendu et bien éloigné de l’attitude pondérée qu’il avait adoptée au cours de ces derniers mois à la tête du gouvernement, il a en outre accusé son rival Amram Mitzna d’être lui-même impliqué dans des affaires de corruption. Une affirmation que pouvait difficilement laisser passer le président de la commission centrale des élections chargé de superviser la campagne électorale.
La décision du juge Heshin a d’ailleurs secoué les états-majors du Likoud et du parti travailliste qui ont pour des raisons différentes réclamé une réunion de la commission centrale des élections. La formation de droite a ainsi dénoncé la mesure en affirmant qu’elle «jouait pour le parti travailliste» et le maire de Jérusalem Ehud Olmert, un des ténors du parti d’Ariel Sharon, s’est même insurgé contre une décision «honteuse». Les travaillistes, pour leur part, ont réclamé que les minutes diffusées soient retranchées du temps de parole du candidat du Likoud et qu’une amende lui soit infligée. Ils estiment en effet qu’Ariel Sharon a exploité ses fonction pour faire de la propagande électorale.
Une intervention désastreuse
La conférence de presse du Premier ministre sortant ne devrait par ailleurs pas avoir l’effet escompté auprès des électeurs. Selon un sondage publié vendredi, une majorité relative d’Israéliens –43% des personnes interrogés avant l’intervention du leader du Likoud– estimait déjà qu’Ariel Sharon était effectivement impliqué dans des affaires de corruption. Or sa prestation devant les caméras est apparu à bien des égards désastreuse. La presse israélienne a ainsi jugé très sévèrement son comportement, estimant notamment que les explications données étaient trop vagues pour mettre fin au scandale. Elle a trouvé son comportement «hystérique» vis-à-vis des travaillistes. Certains ont même estimé qu’Ariel Sharon avait tombé le masque en se présentant tel qu’il était réellement à travers notamment un langage brutal qu’il avait pourtant réussi à éviter depuis près de deux ans qu’il dirige le pays.
Contre toute attente, son rival Amram Mitzna a choisi de jouer la carte de l’apaisement en évitant soigneusement d’entrer dans la polémique. Depuis sa petite phrase en début de semaine réclamant du Premier ministre qu’il s’explique ou qu’il démissionne, il s’est bien gardé de revenir sur le sujet, laissant le soin à son parti de s’exprimer. Encore plus subtil, il a déclaré, à l’issue d’un entretien à Londres avec le Premier ministre Tony Blair, qu’il «comprenait la décision» d’Ariel Sharon d’interdire, à la suite d’un double attentat, aux dirigeants palestiniens de se rendre à une réunion internationale prévue dans la capitale britannique. Mais fidèle à son discours, il a toutefois rappelé la nécessité de reprendre le dialogue avec les Palestiniens. Malgré la chute dans les sondages du Likoud, le parti travailliste n’a pas bénéficié du report des intentions de vote. En jouant la carte de l’apaisement et le rôle du leader responsable, Amram Mitzna tente sans doute ainsi de rallier à lui les électeurs israéliens.
Cet événement sans précédent constitue un camouflet pour le leader du Likoud même s’il a affirmé comprendre la décision du juge et la «respecter». Il est vrai qu’Ariel Sharon n’y était pas allé de main morte contre ses adversaires du parti travailliste. «Je suis venu répondre aux allégations mensongères que les travaillistes ont lancé pour prendre le pouvoir», avait-il lancé d’emblée avant de poursuivre que ces derniers avaient «essayé de salir tous les représentants du Likoud en les présentant comme des membres de la mafia et du crime organisé». Visiblement tendu et bien éloigné de l’attitude pondérée qu’il avait adoptée au cours de ces derniers mois à la tête du gouvernement, il a en outre accusé son rival Amram Mitzna d’être lui-même impliqué dans des affaires de corruption. Une affirmation que pouvait difficilement laisser passer le président de la commission centrale des élections chargé de superviser la campagne électorale.
La décision du juge Heshin a d’ailleurs secoué les états-majors du Likoud et du parti travailliste qui ont pour des raisons différentes réclamé une réunion de la commission centrale des élections. La formation de droite a ainsi dénoncé la mesure en affirmant qu’elle «jouait pour le parti travailliste» et le maire de Jérusalem Ehud Olmert, un des ténors du parti d’Ariel Sharon, s’est même insurgé contre une décision «honteuse». Les travaillistes, pour leur part, ont réclamé que les minutes diffusées soient retranchées du temps de parole du candidat du Likoud et qu’une amende lui soit infligée. Ils estiment en effet qu’Ariel Sharon a exploité ses fonction pour faire de la propagande électorale.
Une intervention désastreuse
La conférence de presse du Premier ministre sortant ne devrait par ailleurs pas avoir l’effet escompté auprès des électeurs. Selon un sondage publié vendredi, une majorité relative d’Israéliens –43% des personnes interrogés avant l’intervention du leader du Likoud– estimait déjà qu’Ariel Sharon était effectivement impliqué dans des affaires de corruption. Or sa prestation devant les caméras est apparu à bien des égards désastreuse. La presse israélienne a ainsi jugé très sévèrement son comportement, estimant notamment que les explications données étaient trop vagues pour mettre fin au scandale. Elle a trouvé son comportement «hystérique» vis-à-vis des travaillistes. Certains ont même estimé qu’Ariel Sharon avait tombé le masque en se présentant tel qu’il était réellement à travers notamment un langage brutal qu’il avait pourtant réussi à éviter depuis près de deux ans qu’il dirige le pays.
Contre toute attente, son rival Amram Mitzna a choisi de jouer la carte de l’apaisement en évitant soigneusement d’entrer dans la polémique. Depuis sa petite phrase en début de semaine réclamant du Premier ministre qu’il s’explique ou qu’il démissionne, il s’est bien gardé de revenir sur le sujet, laissant le soin à son parti de s’exprimer. Encore plus subtil, il a déclaré, à l’issue d’un entretien à Londres avec le Premier ministre Tony Blair, qu’il «comprenait la décision» d’Ariel Sharon d’interdire, à la suite d’un double attentat, aux dirigeants palestiniens de se rendre à une réunion internationale prévue dans la capitale britannique. Mais fidèle à son discours, il a toutefois rappelé la nécessité de reprendre le dialogue avec les Palestiniens. Malgré la chute dans les sondages du Likoud, le parti travailliste n’a pas bénéficié du report des intentions de vote. En jouant la carte de l’apaisement et le rôle du leader responsable, Amram Mitzna tente sans doute ainsi de rallier à lui les électeurs israéliens.
par Mounia Daoudi
Article publié le 10/01/2003