Proche-Orient
Riposte et contraintes après l’attentat
Le double attentat-suicide commis dimanche soir à Tel-Aviv a fait 25 morts, dont les deux kamikazes. La communauté immigrée d’Israël paie un lourd tribut avec, au moins, 6 étrangers tués. L’attaque survient dans un contexte international d’avant-guerre contre l’Irak et à quelques semaines des élections législatives israéliennes.
Raid d’hélicoptères sur Gaza, avec tirs de missiles contre un atelier soupçonné de produire de l’armement; gesticulation de blindés, avec appui héliporté, sur le camp de réfugiés de Rafah, faisant sept blessés; arrestation de militants palestiniens; renforcement des entraves aux déplacements des responsables et des populations des territoires palestiniens; promesse d’intensifier la lutte antiterroriste, en multipliant notamment les «frappes» contre les activistes, c’est à dire les exécutions extra-judiciaires et le dynamitage de maisons; fermeture de trois universités islamiques en Cisjordanie… A vingt-quatre heures de l’attentat revendiqué par l’ensemble des organisations radicales palestiniennes, les déclarations prononcées et les décisions prises par la direction israélienne au sortir de la réunion d’un mini-cabinet de sécurité reflète la situation dans laquelle se débat ce cabinet Sharon en fin de mandat. A la fois montrer sa détermination mais sans trop en faire, et ne pas gêner ses alliés en faisant preuve d’une trop grande brutalité, provocatrice au regard des opinions publiques arabes dans ce contexte international d’avant-guerre contre l’Irak.
Si la direction palestinienne, qui a condamné l’attentat, est une nouvelle fois désignée comme la responsable de l’activité terroriste anti-israélienne, si les autorités de l’Etat hébreu décident d’empêcher son chef de participer aux réunions auxquelles il devait prendre part, jeudi à Ramallah et à la mi-janvier à Londres, il n’a en revanche pas été question de son bannissement. Les faucons du Likoud le réclament régulièrement, mais les Américains ne veulent pas en entendre parler. Et, en ce moment, les deux partenaires sont engagés dans une négociation pour une aide militaire américaine exceptionnelle de quatre milliards de dollars à Israël.
Le double attentat de Tel-Aviv survient d’autre part à quelques semaines des élections législatives du 28 janvier. Or le Likoud d’Ariel Sharon est actuellement secoué de nombreux scandales qui touchent personnellement le Premier ministre et qui affectent déjà les intentions de vote des électeurs. Pourtant, compte tenu de la dégradation du climat, son discours sécuritaire et ses méthodes musclées recueillent l’adhésion d’une large majorité de citoyens qui lui reconnaît les qualités dont Israël a besoin pour éradiquer le terrorisme. Porté par son intransigeance, mais ébranlé par les scandales, la victoire du parti du chef du gouvernement sortant n’est plus acquise. A moins que la reprise des attentats-suicides ne viennent in extremis renforcer le mieux-disant sécuritaire, vaille que vaille. Mais, là encore, les adversaires d’Ariel Sharon auront beau jeu de dénoncer une politique qui n’a pas fait la démonstration de ses capacités à assurer la sécurité des citoyens, tout en perdant la bataille de la paix.
Le quartier des immigrés
C’est évidemment la thèse soutenue par les Palestiniens. Selon ministre des Collectivités locales Saëb Erakat, les mesures annoncées par Israël «versent de l’huile sur le feu et ne donneront pas (…) la sécurité et la stabilité, au contraire, elles signifient la poursuite du chaos et de la violence». Selon le dirigeant palestinien, interdire à Yasser Arafat de se rendre à Londres pour examiner les projets de réforme de l’Autorité palestinienne «équivaut à interdire de parler d’une éventuelle reprise du processus de paix».
C'est le premier attentat-suicide de l'année en Israël et l'un des plus meurtriers depuis le début de la seconde intifada, en septembre 2000. Le dernier remontait au 21 novembre et il avait fait onze morts dans un bus circulant dans la banlieue de Jérusalem. Dimanche les terroristes ont frappé un quartier populaire de Tel-Aviv, où se retrouvent volontiers les immigrés d’Israël, près de l’ancienne gare routière. Parmi les morts on compte en effet au moins six étrangers: deux Roumains, un Bulgare, un Ghanéen et deux Chinois, sur les dix-neuf tués identifiés lundi par l’institut médico-légal. Six Chinois ont également été blessés, dont trois grièvement. Tous étaient membres de cette communauté de travailleurs immigrés appelée à remplacer la main d’œuvre palestinienne, indésirable depuis la reprise du conflit. Ils seraient 230 000 en tout, dont 130 000 en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur s’est tout spécialement adressé à eux pour inciter les blessés à se faire soigner dans les hôpitaux du pays sans avoir à redouter les tracas des services d’immigration. Le ministre israélien du Travail a, de son côté, invité les familles des victimes étrangères à se rendre en Israël, au frais de l’Etat, afin de soutenir leurs proches dans l’épreuve. Il s’est notamment engagé à donner «des visas de plusieurs mois à tous ceux qui ont été victimes, physiquement ou psychiquement, du double-attentat, ainsi qu’à leurs parents en Israël ou à ceux venus de l’étranger pour les aider». Les Caisses nationales d’assurances seront mises à contribution pour le remboursement des soins et elles prendront aussi en charge l’assistance psychologique aux victimes.
Si la direction palestinienne, qui a condamné l’attentat, est une nouvelle fois désignée comme la responsable de l’activité terroriste anti-israélienne, si les autorités de l’Etat hébreu décident d’empêcher son chef de participer aux réunions auxquelles il devait prendre part, jeudi à Ramallah et à la mi-janvier à Londres, il n’a en revanche pas été question de son bannissement. Les faucons du Likoud le réclament régulièrement, mais les Américains ne veulent pas en entendre parler. Et, en ce moment, les deux partenaires sont engagés dans une négociation pour une aide militaire américaine exceptionnelle de quatre milliards de dollars à Israël.
Le double attentat de Tel-Aviv survient d’autre part à quelques semaines des élections législatives du 28 janvier. Or le Likoud d’Ariel Sharon est actuellement secoué de nombreux scandales qui touchent personnellement le Premier ministre et qui affectent déjà les intentions de vote des électeurs. Pourtant, compte tenu de la dégradation du climat, son discours sécuritaire et ses méthodes musclées recueillent l’adhésion d’une large majorité de citoyens qui lui reconnaît les qualités dont Israël a besoin pour éradiquer le terrorisme. Porté par son intransigeance, mais ébranlé par les scandales, la victoire du parti du chef du gouvernement sortant n’est plus acquise. A moins que la reprise des attentats-suicides ne viennent in extremis renforcer le mieux-disant sécuritaire, vaille que vaille. Mais, là encore, les adversaires d’Ariel Sharon auront beau jeu de dénoncer une politique qui n’a pas fait la démonstration de ses capacités à assurer la sécurité des citoyens, tout en perdant la bataille de la paix.
Le quartier des immigrés
C’est évidemment la thèse soutenue par les Palestiniens. Selon ministre des Collectivités locales Saëb Erakat, les mesures annoncées par Israël «versent de l’huile sur le feu et ne donneront pas (…) la sécurité et la stabilité, au contraire, elles signifient la poursuite du chaos et de la violence». Selon le dirigeant palestinien, interdire à Yasser Arafat de se rendre à Londres pour examiner les projets de réforme de l’Autorité palestinienne «équivaut à interdire de parler d’une éventuelle reprise du processus de paix».
C'est le premier attentat-suicide de l'année en Israël et l'un des plus meurtriers depuis le début de la seconde intifada, en septembre 2000. Le dernier remontait au 21 novembre et il avait fait onze morts dans un bus circulant dans la banlieue de Jérusalem. Dimanche les terroristes ont frappé un quartier populaire de Tel-Aviv, où se retrouvent volontiers les immigrés d’Israël, près de l’ancienne gare routière. Parmi les morts on compte en effet au moins six étrangers: deux Roumains, un Bulgare, un Ghanéen et deux Chinois, sur les dix-neuf tués identifiés lundi par l’institut médico-légal. Six Chinois ont également été blessés, dont trois grièvement. Tous étaient membres de cette communauté de travailleurs immigrés appelée à remplacer la main d’œuvre palestinienne, indésirable depuis la reprise du conflit. Ils seraient 230 000 en tout, dont 130 000 en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur s’est tout spécialement adressé à eux pour inciter les blessés à se faire soigner dans les hôpitaux du pays sans avoir à redouter les tracas des services d’immigration. Le ministre israélien du Travail a, de son côté, invité les familles des victimes étrangères à se rendre en Israël, au frais de l’Etat, afin de soutenir leurs proches dans l’épreuve. Il s’est notamment engagé à donner «des visas de plusieurs mois à tous ceux qui ont été victimes, physiquement ou psychiquement, du double-attentat, ainsi qu’à leurs parents en Israël ou à ceux venus de l’étranger pour les aider». Les Caisses nationales d’assurances seront mises à contribution pour le remboursement des soins et elles prendront aussi en charge l’assistance psychologique aux victimes.
par Georges Abou
Article publié le 06/01/2003