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Proche-Orient

Le Likoud en perte de vitesse

A moins de trois semaines des législatives du 28 janvier, le parti du Premier ministre sortant Ariel Sharon est confronté à une série de scandales de corruption qui touchent non seulement son leader mais aussi ses deux fils et plusieurs personnalités de cette grande formation de droite. Le Likoud, qui était donné pourtant favori pour ce scrutin anticipé, chute dans les sondages. Mais ces «affaires» ne semblent toutefois pas profiter au parti travailliste, dont le chef de file, la colombe Amram Mitzna, ne parvient pas à convaincre l’électorat israélien, encore ébranlé par un récent double-attentat kamikaze qui a fait 22 morts. La justice israélienne a par ailleurs autorisé deux députés arabes à se présenter au scrutin, annulant ainsi l’interdiction prononcée par la commission centrale des élections contre ses deux personnalités politiques accusées d’encourager le terrorisme palestinien.
Le Premier ministre sortant Ariel Sharon n’a vraiment pas été épargné ces dernières semaines. Après les déboires de son fils Omri, soupçonné d’avoir acheté des voix pour les primaires du Likoud par l’intermédiaire d’anciens repris de justice et après ceux de son autre fils Gilad, mis en cause dans une affaire de pots-de-vin de plusieurs centaines de milliers de dollars perçus pour ses «conseils» en immobilier, c’est au tour du leader du Likoud d’être en première ligne. Il est en effet accusé d’avoir bénéficié d’un prêt d’un million et demi de dollars accordé par un homme d’affaires sud-africain, ami de la famille. Cette somme aurait servi de caution à un autre prêt contracté pour éponger des dettes datant de la campagne électorale de 1999. Ariel Sharon avait alors justifié cette caution par une hypothèque sur sa ferme or celle-ci l’était déjà. Le prêt d’un million et demi de dollars aurait donc servi à financer illégalement la campagne du Premier ministre sortant alors que la loi israélienne interdit formellement le financement politique depuis l’étranger.

Cette affaire, révélée par le quotidien de gauche Haaretz, n’est pas restée sans conséquence pour Ariel Sharon puisque près d’un tiers des électeurs estiment en effet que les accusations de corruption portées contre lui et ses proches ne sont pas compatibles avec les fonctions de chef de gouvernement. Son rival du parti travailliste, Amram Mitzna est d’ailleurs monté au créneau, réclamant des explications. «Qu’il rompe son silence ou qu’il démissionne», avait-il notamment affirmé. Ariel Sharon s’était alors indigné, évoquant notamment «une machination politique honteuse» et «une calomnie avec pour seul objectif celui de renverser le Premier ministre». Mais plus préoccupant encore pour le leader du Likoud a été le sondage suggérant que 16% des membres de son propre parti ne lui faisait désormais plus confiance. Un coup dur pour Ariel Sharon qui avait pourtant il y a quelques semaines à peine laminé son rival Benyamin Netanyahu lors des primaires du parti destinées à désigner le candidat au poste de Premier ministre pour les législatives du 28 janvier.

Camouflet pour la commission centrale des élections

Outre les problèmes engendrés au sein même du Likoud, ces scandales de corruption ont eu pour conséquence une chute du parti dans les sondages. La formation d’Ariel Sharon a en effet subi un nouveau recul et n’obtiendrait désormais plus que 27 mandats sur 120 contre 31 il y a une semaine à peine et 41 il y a un mois. Cet effritement de l’électorat du Likoud ne semble toutefois pas profiter au parti travailliste qui n’est crédité que de 25 sièges contre 24 la semaine dernière. Ce recul favorise en revanche le parti centriste laïc Shinoui qui obtiendrait 14 à 17 députés contre seulement 6 dans le parlement sortant. Ariel Sharon n’est donc plus assuré de pouvoir former une majorité de plus de 60 députés avec les partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite comme il l’espérait dans l’optique d’éviter une nouvelle fois la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

La justice israélienne a d’autre part autorisé jeudi les deux députés arabes, Azmi Bichara et Ahmad Tibi, à se présenter au élections législatives du 28 janvier. En tranchant en faveur de ces deux hommes politiques, la Cour suprême a annulé l’interdiction qui leur avait été faite par la commission centrale des élections qui avait accusé les parlementaires de «soutien à des organisations terroristes» palestiniennes et de nier «le caractère juif et démocratique» de l’Etat hébreu. La justice israélienne a en revanche confirmé l’interdiction faite au ministre de la Défense Shaoul Mofaz de se présenter, estimant que le délai minimum de six mois requis par la loi pour un officier supérieur ayant pris sa retraite avant de pouvoir être candidat pour des élections, n’avait pas été respecté.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 09/01/2003