Proche-Orient
Le parti laïc Shinoui draine les mécontents
Contrairement à toutes attentes, les scandales de corruption qui ont, ces dernières semaines, fortement ébranlé le Likoud et son chef de file, le Premier ministre sortant Ariel Sharon, ne semblent par profiter à son rival le Parti travailliste. Selon les derniers sondages, le parti de droite, qui dans un premier temps avait enregistré un net recul dans les intentions de vote, semble se ressaisir sans toutefois atteindre la popularité qui était la sienne il y a un mois encore. L’électorat travailliste quant à lui, continue de s’effriter alors que le parti centriste laïc Shinoui semble rassembler les déçus de gauche comme de droite.
Un parti parmi d’autres il y a encore quelques mois, le Shinoui pourrait bien s’imposer en tant que troisième formation politique du pays à l’issue des élections législatives du 28 janvier prochain. Ce parti centriste, ardent défenseur de la laïcité, pourrait en effet obtenir dix-sept sièges dans la prochaine Knesset alors que le Likoud d’Ariel Sharon et le Parti travailliste d’Amram Mitzna sont respectivement crédités de 30 et 20 mandats. Une avancée significative pour cette formation qui dans le parlement sortant ne disposait que de six députés. Ce succès du Shinoui est sans doute largement dû à l’érosion subie par les partis traditionnels confrontés à près de deux ans et demi d’Intifada. Cette formation attire désormais aussi bien les électeurs du Likoud choqués par les scandales à répétition qui frappent leurs leaders que ceux du Parti travailliste que leur nouveau chef de file Amram Mitzna, dénué de tout charisme, peine à convaincre. Le Shinoui pourrait donc jouer un rôle non négligeable dans la formation du prochain gouvernement d’autant plus que le Shass, parti religieux courtisé depuis une décennie par le Likoud et le Parti travailliste et qui a fait et défait les coalitions, est nettement en perte de vitesse.
Fondé en 1974 au lendemain de la guerre du Kippour, le Shinoui se définit comme un parti libéral réformiste. Sur le plan économique et social, il se situe au centre de l’échiquier politique en affirmant représenter la classe moyenne israélienne qui selon lui «paie trop d’impôts et ne reçoit que trop peu en retour». Soucieux de ratisser large, il promet ainsi de réduire les impôts, de relancer l’économie mise à mal par vingt-sept mois d’Intifada et de réformer l’enseignement. Mais c’est sur une laïcité militante que le parti fonde principalement son action. «Nous croyons en une société libérale éclairée, dans laquelle tout citoyen a droit non seulement à la liberté de religion, mais aussi à la liberté de n’en avoir aucune», peut-on notamment lire sur le site du parti. C’est d’ailleurs sur la foi du slogan «Halte à la coercition et au parasitisme des hommes en noir», que le Shinoui a fait une entrée fracassante à la Knesset en 1999 en remportant six sièges (il n’était représenté que par un seul député dans le parlement précédent). Le parti reproche en effet aux religieux juifs orthodoxes de se soustraire pour la plupart à leurs obligations militaires et au fisc, tout en bénéficiant des largesses de l’Etat. Des largesses obtenus, selon lui, grâce au poids politique qu’ils ont su négocier au sein des divers gouvernements de coalition, de droite comme de gauche, depuis la fin des années 80. Le Shinoui se présente d’ailleurs comme la seule formation «intègre» du paysage politique israélien, ayant refuser de gouverner avec des partis religieux, ce que même le parti de gauche pacifiste Meretz avait accepté de faire dans le gouvernement Barak en 1999.
Un parti difficile à cerner
Sur le plan régional, le Shinoui préconise une relance des pourparlers avec les Palestiniens et affirme soutenir le processus de paix, même si Yasser Arafat n’est, selon lui, plus un partenaire de négociation. Il estime en outre que l’arrêt des violences est une condition indispensable pour cette relance du processus et estime nécessaire l’évacuation immédiate des territoires autonomes. Le parti préconise que certaines colonies de peuplement, situées au cœur des territoires palestiniens, soient également évacués. Concernant le statut de Jérusalem, le Shinoui remet la question à plus tard, à la fin du processus de paix, estimant qu’il faudra alors trouver un modus vivendi pour que les deux communautés puissent y coexister en paix, dans le respect des trois religions révélées. Quant à la création d’un Etat palestinien, il n’en sera question que si les Palestiniens renoncent à leur droit au retour.
Tantôt libéral, tantôt poujadiste, le Shinoui est un parti difficile à cerner. Il donne le sentiment, pour de nombreux analystes, de jouer un rôle de composition en fonction de la situation du moment. Le parti affirme qu’il ne ralliera ni la droite, si elle est appuyée par les formations religieuses, ni la gauche, si elle s’appuie sur les formations arabes. Si le Likoud est assuré de remporter les prochaines élections, il risque en revanche d’avoir beaucoup de mal à dégager une majorité. Et même si le leader travailliste Amram Mitzna a d’ores et déjà affirmé refuser de participer à un gouvernement d’union nationale, c’est au comité central du parti travailliste que reviendra la décision finale. Un cabinet laïc pourrait alors voir le jour si le Shinoui rejoint une coalition Likoud-travailliste. C’est en tous cas l’espoir de son chef de file Tommy Lapid, partagé par l’un des ténors du parti travailliste, l’ancien ministre des Affaires étrangères Shimon Peres.
Fondé en 1974 au lendemain de la guerre du Kippour, le Shinoui se définit comme un parti libéral réformiste. Sur le plan économique et social, il se situe au centre de l’échiquier politique en affirmant représenter la classe moyenne israélienne qui selon lui «paie trop d’impôts et ne reçoit que trop peu en retour». Soucieux de ratisser large, il promet ainsi de réduire les impôts, de relancer l’économie mise à mal par vingt-sept mois d’Intifada et de réformer l’enseignement. Mais c’est sur une laïcité militante que le parti fonde principalement son action. «Nous croyons en une société libérale éclairée, dans laquelle tout citoyen a droit non seulement à la liberté de religion, mais aussi à la liberté de n’en avoir aucune», peut-on notamment lire sur le site du parti. C’est d’ailleurs sur la foi du slogan «Halte à la coercition et au parasitisme des hommes en noir», que le Shinoui a fait une entrée fracassante à la Knesset en 1999 en remportant six sièges (il n’était représenté que par un seul député dans le parlement précédent). Le parti reproche en effet aux religieux juifs orthodoxes de se soustraire pour la plupart à leurs obligations militaires et au fisc, tout en bénéficiant des largesses de l’Etat. Des largesses obtenus, selon lui, grâce au poids politique qu’ils ont su négocier au sein des divers gouvernements de coalition, de droite comme de gauche, depuis la fin des années 80. Le Shinoui se présente d’ailleurs comme la seule formation «intègre» du paysage politique israélien, ayant refuser de gouverner avec des partis religieux, ce que même le parti de gauche pacifiste Meretz avait accepté de faire dans le gouvernement Barak en 1999.
Un parti difficile à cerner
Sur le plan régional, le Shinoui préconise une relance des pourparlers avec les Palestiniens et affirme soutenir le processus de paix, même si Yasser Arafat n’est, selon lui, plus un partenaire de négociation. Il estime en outre que l’arrêt des violences est une condition indispensable pour cette relance du processus et estime nécessaire l’évacuation immédiate des territoires autonomes. Le parti préconise que certaines colonies de peuplement, situées au cœur des territoires palestiniens, soient également évacués. Concernant le statut de Jérusalem, le Shinoui remet la question à plus tard, à la fin du processus de paix, estimant qu’il faudra alors trouver un modus vivendi pour que les deux communautés puissent y coexister en paix, dans le respect des trois religions révélées. Quant à la création d’un Etat palestinien, il n’en sera question que si les Palestiniens renoncent à leur droit au retour.
Tantôt libéral, tantôt poujadiste, le Shinoui est un parti difficile à cerner. Il donne le sentiment, pour de nombreux analystes, de jouer un rôle de composition en fonction de la situation du moment. Le parti affirme qu’il ne ralliera ni la droite, si elle est appuyée par les formations religieuses, ni la gauche, si elle s’appuie sur les formations arabes. Si le Likoud est assuré de remporter les prochaines élections, il risque en revanche d’avoir beaucoup de mal à dégager une majorité. Et même si le leader travailliste Amram Mitzna a d’ores et déjà affirmé refuser de participer à un gouvernement d’union nationale, c’est au comité central du parti travailliste que reviendra la décision finale. Un cabinet laïc pourrait alors voir le jour si le Shinoui rejoint une coalition Likoud-travailliste. C’est en tous cas l’espoir de son chef de file Tommy Lapid, partagé par l’un des ténors du parti travailliste, l’ancien ministre des Affaires étrangères Shimon Peres.
par Mounia Daoudi
Article publié le 16/01/2003