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Drogue

L’argent de la drogue va au Nord

Le rapport pour 2002 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) décrit un environnement international marqué par une production et une consommation croissante de drogues illicites, chimiques et dérivées du cannabis notamment. Mais, dans ce rapport, le document insiste en particulier cette année sur les conséquences du phénomène sur le développement économique, «car il s’agit d’un élément déterminant du développement humain».
Selon les auteurs, le commerce illicite entrave le développement durable et humain et ne contribue ni à la croissance, ni à la prospérité économique des pays producteurs. En effet, note le document, les agriculteurs (producteurs de la matière première) ne reçoivent que 1% de l’argent dépensé par les consommateurs, alors que les trafiquants, d’un bout à l’autre de la chaîne commerciale, perçoivent les 99% restants. Et l’essentiel de ces 99% des gains générés par le trafic circulent entre les mains des dealers des pays de consommation (74% aux Etats-Unis).

Les pays producteurs sont d’autre part pénalisés en raison de l’entrave à la croissance que produit l’économie de la drogue. L’Etat de droit est compromis, la corruption augmente, les actes de violences sont en hausse, la société civile est confrontée à l’économie souterraine, la cohésion sociale est menacée… et les capitaux vont s’investir ailleurs! L’Organe n’a trouvé aucun élément permettant de penser que l’expansion des cultures illicites conduit à une amélioration d’un indicateur plus général du développement. Raison pour laquelle l’OICS réaffirme indispensable que le communauté internationale offre son aide en matière de lutte contre la drogue aux pays concernés.

L'Organe n’a toutefois pas la tâche facile dans sa mission de surveillance et d’alerte. Il se plaint en effet des pressions de certains groupes qui prônent la légalisation, ou la dépénalisation, des drogues illicites. Il dénonce une croisade sur la minimisation ou la réduction des risques car, selon lui, «il n’existe pas de moyens sûrs d’abuser des drogues».

«Revenir à de bonnes pratiques médicales»

A l'évidence, l’OICS continue de se placer dans une perspective répressive et prohibitionniste. Il déclare son inquiétude face aux tendances des pays du Nord à manifester une plus grande tolérance vis à vis du phénomène, et à le traduire dans leurs législations, malgré la signature des Conventions internationales. Le Canada, la Suisse, la Grande-Bretagne, la Hollande, la Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et le Luxembourg sont notamment cités pour leur attitude conciliante. La France est félicitée pour sa fermeté. C’est remarquable lorsque le rapport de l’OICS aborde concrètement la situation des pays qui dépénalisent les conduites toxicomaniaques ou pratique une politique de réduction des risques. Dans le premier cas, c’est une condamnation sans appel, au nom des conventions internationales. Selon les auteurs du rapport, toute politique autorisant la détention, la culture, le commerce, la consommation, est de nature à compromettre les efforts de la communauté internationale en matière d’éradication de la drogue et adresse aux pays producteurs des signaux de nature à déstabiliser leurs efforts en matière de répression. Quant aux initiatives libérales visant à réduire la morbidité au sein des populations toxicomanes, elles sont également rejetées. Le rapport demande, par exemple, aux pays tel que la Suisse d’en revenir à «de bonnes pratiques médicales (…) plutôt que de faciliter et d’encourager l’abus de drogues, voire le trafic, en ouvrant des salles d’injection et des lieux analogues».

L’analyse de la situation mondiale continue de montrer une spécialisation par continent. La cocaïne reste massivement produite en Amérique du sud (Bolivie) et l’héroïne en Asie. Le cannabis prospère sur le continent africain où il est produit à grande échelle. Entre 60 et 70% du haschisch consommé en Europe provient du Maroc. L’Europe restant le principal pourvoyeur de drogues chimiques, ecstasy (dont les Pays-Bas produisent l’essentiel du stock mondial), amphétamines et autres produits de synthèse psychotropes.



par Georges  Abou

Article publié le 26/02/2003