Irak
Powell: «<i>Nous donnons du temps aux inspections</i>»
Dans un entretien exclusif accordé vendredi 28 février à Anne Toulouse, envoyée spéciale permanente de RFI à Washington, le secrétaire d’État américain Colin Powell estime que Dominique de Villepin a tort lorsqu’il dit que les États-Unis sortent de la résolution 1441 qui prévoit le désarmement et cherchent désormais un changement de régime et le remodelage de la région.
Colin Powell a également déclaré que les États-Unis donnaient davantage de temps aux inspections, comme le demandent plusieurs pays notamment la France, et que leur projet de résolution ne serait pas soumis tout de suite au vote.
Le secrétaire d’État américain s’exprime également sur la position des trois pays africains qui siègent au Conseil de sécurité (Cameroun, Guinée et Angola).
Colin Powell a également déclaré que les États-Unis donnaient davantage de temps aux inspections, comme le demandent plusieurs pays notamment la France, et que leur projet de résolution ne serait pas soumis tout de suite au vote.
Le secrétaire d’État américain s’exprime également sur la position des trois pays africains qui siègent au Conseil de sécurité (Cameroun, Guinée et Angola).
Ecouter Colin Powell (en anglais, 4')
Ecouter Colin Powell (version doublée en français, 3'37")
RFI: Dans une interview, Dominique de Villepin affirme que l'objectif des USA n'est pas seulement de désarmer l'Irak, mais de remodeler l'ensemble de la région. Qu'en pensez-vous ?
Colin Powell: Je suis en désaccord complet avec mon homologue Dominique de Villepin. La résolution 1441 que nous essayons d'appliquer avait un seul objectif: désarmer l'Irak de ses armes de destruction massive. La France a voté cette résolution comme les Etats-Unis. Si l'Irak s'était désarmé et débarrassé de ses armes, depuis 12 ans et surtout depuis l'entrée en vigueur de la résolution 1441, nous n'aurions pas à faire face à une telle crise. Je dois dire toutefois que si nous sommes incapables de forcer l'Irak à respecter ses engagements, l'action militaire devient nécessaire pour renverser ce régime et détruire ses armes de destruction massive, il est clair pour moi qu'un nouveau régime répondra mieux aux aspirations des Irakiens. Ce nouveau régime vivra en paix avec ses voisins, peut-être cela aidera-t-il l'ensemble de la région à retrouver la paix, la stabilité et la prospérité. Mais l'idée que nous faisons ceci pour remodeler tous les Etats du Moyen-Orient n'est pas correcte et je pense que Monsieur de Villepin a tort.
RFI: Que dites vous aux pays africains qui siègent au Conseil de sécurité, comme le Cameroun et la Guinée, et que faites vous pour les persuader de voter pour votre résolution ?
C. P.: Les trois pays africains au Conseil de sécurité auront à faire leur propre jugement. Ce sont des nations libres, indépendantes, capables de se déterminer seules. Ce que nous ferons, c'est leur présenter nos arguments, leur montrer le danger des armes de destruction massive. L'Irak a ignoré ses obligations et nous pensons qu'il est temps pour le Conseil de sécurité de passer à l'action. Nous espérons faire valoir nos arguments de façon persuasive pour qu'ils votent cette résolution quand elle sera mise aux voix. Nous n'avons pas encore demandé de vote parce que nous recherchons toujours une solution pacifique. Nous donnons plus de temps au processus d'inspection, comme beaucoup l'ont demandé, mais au bout du compte, il faudra bien conclure, on ne peut pas continuer longtemps comme ça. Nous avons commencé il y a 12 ans, il y a 4 mois nous avons adopté la résolution 1441, et nous espérons que si l'Irak ne se plie pas à la résolution, les 3 pays africains rejoindront les autres membres du Conseil de sécurité et voteront pour cette résolution qui dit qu'il est temps, pour la communauté internationale, de se faire obéir d'une manière ou d'une autre.
RFI: Pendant la première guerre du Golfe, quelques pays africains ont participé à la coalition militaire. Mais aujourd'hui il semble que vous ayez des difficultés à les rallier à votre offensive militaire. Pourquoi ?
C. P.: On continue à contacter les pays dans le monde et il n'y a pas encore de guerre. Nous n'avons pas commencé la guerre, nous ne voulons pas la guerre. Et je suis confiant que s'il devient nécessaire de passer à l'action les Etats-Unis seront rejoints par beaucoup de nations dans le monde. Certaines ont déjà fait part de leur soutien et je crois que dès que l'action sera jugée nécessaire, beaucoup de pays dont les pays africains vont soutenir les Etats-Unis. On a déjà reçu des témoignages de soutien de plusieurs d'entre eux. Mais je leur laisserai le soin, individuellement, d'exprimer publiquement le niveau de soutien qu'ils apporteront à la coalition.
Ecouter Colin Powell (version doublée en français, 3'37")
RFI: Dans une interview, Dominique de Villepin affirme que l'objectif des USA n'est pas seulement de désarmer l'Irak, mais de remodeler l'ensemble de la région. Qu'en pensez-vous ?
Colin Powell: Je suis en désaccord complet avec mon homologue Dominique de Villepin. La résolution 1441 que nous essayons d'appliquer avait un seul objectif: désarmer l'Irak de ses armes de destruction massive. La France a voté cette résolution comme les Etats-Unis. Si l'Irak s'était désarmé et débarrassé de ses armes, depuis 12 ans et surtout depuis l'entrée en vigueur de la résolution 1441, nous n'aurions pas à faire face à une telle crise. Je dois dire toutefois que si nous sommes incapables de forcer l'Irak à respecter ses engagements, l'action militaire devient nécessaire pour renverser ce régime et détruire ses armes de destruction massive, il est clair pour moi qu'un nouveau régime répondra mieux aux aspirations des Irakiens. Ce nouveau régime vivra en paix avec ses voisins, peut-être cela aidera-t-il l'ensemble de la région à retrouver la paix, la stabilité et la prospérité. Mais l'idée que nous faisons ceci pour remodeler tous les Etats du Moyen-Orient n'est pas correcte et je pense que Monsieur de Villepin a tort.
RFI: Que dites vous aux pays africains qui siègent au Conseil de sécurité, comme le Cameroun et la Guinée, et que faites vous pour les persuader de voter pour votre résolution ?
C. P.: Les trois pays africains au Conseil de sécurité auront à faire leur propre jugement. Ce sont des nations libres, indépendantes, capables de se déterminer seules. Ce que nous ferons, c'est leur présenter nos arguments, leur montrer le danger des armes de destruction massive. L'Irak a ignoré ses obligations et nous pensons qu'il est temps pour le Conseil de sécurité de passer à l'action. Nous espérons faire valoir nos arguments de façon persuasive pour qu'ils votent cette résolution quand elle sera mise aux voix. Nous n'avons pas encore demandé de vote parce que nous recherchons toujours une solution pacifique. Nous donnons plus de temps au processus d'inspection, comme beaucoup l'ont demandé, mais au bout du compte, il faudra bien conclure, on ne peut pas continuer longtemps comme ça. Nous avons commencé il y a 12 ans, il y a 4 mois nous avons adopté la résolution 1441, et nous espérons que si l'Irak ne se plie pas à la résolution, les 3 pays africains rejoindront les autres membres du Conseil de sécurité et voteront pour cette résolution qui dit qu'il est temps, pour la communauté internationale, de se faire obéir d'une manière ou d'une autre.
RFI: Pendant la première guerre du Golfe, quelques pays africains ont participé à la coalition militaire. Mais aujourd'hui il semble que vous ayez des difficultés à les rallier à votre offensive militaire. Pourquoi ?
C. P.: On continue à contacter les pays dans le monde et il n'y a pas encore de guerre. Nous n'avons pas commencé la guerre, nous ne voulons pas la guerre. Et je suis confiant que s'il devient nécessaire de passer à l'action les Etats-Unis seront rejoints par beaucoup de nations dans le monde. Certaines ont déjà fait part de leur soutien et je crois que dès que l'action sera jugée nécessaire, beaucoup de pays dont les pays africains vont soutenir les Etats-Unis. On a déjà reçu des témoignages de soutien de plusieurs d'entre eux. Mais je leur laisserai le soin, individuellement, d'exprimer publiquement le niveau de soutien qu'ils apporteront à la coalition.
par Anne Toulouse
Article publié le 02/03/2003