Algérie
La banque Khalifa dans le collimateur du pouvoir
Rien ne va plus pour le très médiatique milliardaire algérien, Rafik Abdelmoumène Khalifa. La gestion de sa banque a été confiée à un administrateur provisoire. Cette décision vient renforcer les interrogations sur la santé financière du groupe Khalifa dont la croissance très rapide a fait l’objet de beaucoup de soupçons et de polémiques.
C’est un quotidien algérien El Watan qui a révélé, il y a quelques jours, que la banque Khalifa faisait l’objet, depuis le 27 novembre, d’une suspension de ses transferts de capitaux vers l’étranger à cause de la découverte d’un certain nombre d’irrégularités. A la suite de cette première mesure conservatoire, la Banque d’Algérie a décidé lundi de confier la gestion de l’établissement financier à un administrateur provisoire. Il s’agit, «devant l’incapacité du management de Khalifa Bank de prendre les mesures requises pour endiguer tout risque de détérioration de la situation financière» de la plus importante banque privée du pays puisqu’elle regroupe 135 agences, un milliard et demi de dollars de dépôt et un million et demi de clients en Algérie.
Après l’arrestation, le 24 février, de trois collaborateurs du milliardaire, interpellés à l’aéroport d’Alger alors qu’ils allaient embarquer sur son avion privé munis d’une mallette contenant au moins deux millions d’euros en liquide, les soupçons sur l’existence de malversations et de transferts illégaux de devises semblent se confirmer. Parmi les trois hommes se trouvaient, en effet, deux très proches collaborateurs de Rafik Khalifa : l’ex-Pdg de sa chaîne de télévision, Djamel Guelimi et le secrétaire général du groupe, Sami Kassa. Dans ce contexte, la version officielle des faits proposées par le groupe paraît peu crédible. Ses responsables ont, en effet, affirmé dans un communiqué que les fonds saisis ne lui appartenait pas et que les hommes interpellés agissaient pour leur propre compte en faisant des opérations de change au noir. «Il s’agit d’un acte isolé qui n’engage que les personnes mises en cause».
El Watan a aussi fait état, dans son édition du 4 mars, d’un très gros cafouillage à l’aéroport d’Alger dans la journée de mardi au cours de laquelle la compagnie aérienne Khalifa Airways a interrompu ses vols, sans donner d’explication valable, laissant sur le carreau de nombreux passagers qui se présentaient pour embarquer sur des liaisons intérieures. Cet incident arrive bien mal et pourrait confirmer les spéculations qui courent aussi depuis quelques temps sur la mauvaise santé financière de la compagnie aérienne du magnat algérien, pourtant présentée comme l’un des fleurons de son groupe.
Une fortune aux origines douteuses
Décidément, le groupe Khalifa est dans une mauvaise passe. Les événements se succèdent et semblent à chaque fois aggraver les difficultés d’un homme d’affaires qui, en quelques années, a pourtant réussi à devenir le symbole d’une nouvelle génération d’entrepreneurs algériens jeunes et ambitieux. Tout a démarré en 1992. A cette date, Rafik Khalifa commence la fabrication de médicaments génériques à partir d’une entreprise pharmaceutique familiale et obtient ses premiers succès dans cette branche. Ce fils d’un ministre d’Ahmed Ben Bella qui fut aussi membre des services secrets algériens, sait ensuite profiter de l’ouverture économique du pays en investissant dans le secteur bancaire, l’aéronautique, les médias et même le sport. Son groupe emploie aujourd’hui 14 000 personnes. Avec une banque, une chaîne de télévision, une compagnie aérienne, des opérations de sponsoring sportif très médiatiques, avec le club de football français de l’Olympique de Marseille notamment, le label Khalifa a essaimé dans de nombreux domaines. L’homme lui-même est devenu rapidement un notable algérien proche du pouvoir et un membre de la jet-set internationale très lié avec des personnalités du monde du spectacle comme l’acteur français Gérard Depardieu.
Malgré ses succès, son parcours a souvent été décrié et ses détracteurs ont mis en cause l’origine douteuse de sa fortune. Le député-maire de Bègles, Noël Mamère, qui s’est opposé à l’arrivée de Khalifa en tant que sponsor du club de rugby de la ville a eu, à cet égard, des mots très durs à l’encontre du milliardaire algérien : «En fait, ce qu’il y a derrière, c’est que le groupe Khalifa n’est qu’une sorte d’écran qui permet aux généraux du régime algérien de blanchir leur argent sale».
La décision de la commission bancaire algérienne de confier la gestion de la plus grosse structure du groupe Khalifa, sa banque, à un administrateur, pourrait indiquer que la donne est en train de changer et que son dirigeant ne bénéficie plus des mêmes protections. D’ailleurs, le frère du président Bouteflika a annoncé récemment qu’il renonçait à la fonction de conseiller juridique du groupe qu’il occupait jusque-là. Cette décision n’a pas manqué d’être interprétée comme le signe avant-coureur d’un retournement de tendance dont Rafik Khalifa pourrait faire les frais.
Après l’arrestation, le 24 février, de trois collaborateurs du milliardaire, interpellés à l’aéroport d’Alger alors qu’ils allaient embarquer sur son avion privé munis d’une mallette contenant au moins deux millions d’euros en liquide, les soupçons sur l’existence de malversations et de transferts illégaux de devises semblent se confirmer. Parmi les trois hommes se trouvaient, en effet, deux très proches collaborateurs de Rafik Khalifa : l’ex-Pdg de sa chaîne de télévision, Djamel Guelimi et le secrétaire général du groupe, Sami Kassa. Dans ce contexte, la version officielle des faits proposées par le groupe paraît peu crédible. Ses responsables ont, en effet, affirmé dans un communiqué que les fonds saisis ne lui appartenait pas et que les hommes interpellés agissaient pour leur propre compte en faisant des opérations de change au noir. «Il s’agit d’un acte isolé qui n’engage que les personnes mises en cause».
El Watan a aussi fait état, dans son édition du 4 mars, d’un très gros cafouillage à l’aéroport d’Alger dans la journée de mardi au cours de laquelle la compagnie aérienne Khalifa Airways a interrompu ses vols, sans donner d’explication valable, laissant sur le carreau de nombreux passagers qui se présentaient pour embarquer sur des liaisons intérieures. Cet incident arrive bien mal et pourrait confirmer les spéculations qui courent aussi depuis quelques temps sur la mauvaise santé financière de la compagnie aérienne du magnat algérien, pourtant présentée comme l’un des fleurons de son groupe.
Une fortune aux origines douteuses
Décidément, le groupe Khalifa est dans une mauvaise passe. Les événements se succèdent et semblent à chaque fois aggraver les difficultés d’un homme d’affaires qui, en quelques années, a pourtant réussi à devenir le symbole d’une nouvelle génération d’entrepreneurs algériens jeunes et ambitieux. Tout a démarré en 1992. A cette date, Rafik Khalifa commence la fabrication de médicaments génériques à partir d’une entreprise pharmaceutique familiale et obtient ses premiers succès dans cette branche. Ce fils d’un ministre d’Ahmed Ben Bella qui fut aussi membre des services secrets algériens, sait ensuite profiter de l’ouverture économique du pays en investissant dans le secteur bancaire, l’aéronautique, les médias et même le sport. Son groupe emploie aujourd’hui 14 000 personnes. Avec une banque, une chaîne de télévision, une compagnie aérienne, des opérations de sponsoring sportif très médiatiques, avec le club de football français de l’Olympique de Marseille notamment, le label Khalifa a essaimé dans de nombreux domaines. L’homme lui-même est devenu rapidement un notable algérien proche du pouvoir et un membre de la jet-set internationale très lié avec des personnalités du monde du spectacle comme l’acteur français Gérard Depardieu.
Malgré ses succès, son parcours a souvent été décrié et ses détracteurs ont mis en cause l’origine douteuse de sa fortune. Le député-maire de Bègles, Noël Mamère, qui s’est opposé à l’arrivée de Khalifa en tant que sponsor du club de rugby de la ville a eu, à cet égard, des mots très durs à l’encontre du milliardaire algérien : «En fait, ce qu’il y a derrière, c’est que le groupe Khalifa n’est qu’une sorte d’écran qui permet aux généraux du régime algérien de blanchir leur argent sale».
La décision de la commission bancaire algérienne de confier la gestion de la plus grosse structure du groupe Khalifa, sa banque, à un administrateur, pourrait indiquer que la donne est en train de changer et que son dirigeant ne bénéficie plus des mêmes protections. D’ailleurs, le frère du président Bouteflika a annoncé récemment qu’il renonçait à la fonction de conseiller juridique du groupe qu’il occupait jusque-là. Cette décision n’a pas manqué d’être interprétée comme le signe avant-coureur d’un retournement de tendance dont Rafik Khalifa pourrait faire les frais.
par Valérie Gas
Article publié le 04/03/2003