Proche-Orient
L’engrenage meurtrier
Le retour des attentats sanglants en Israël et la brutalité des opérations militaires israéliennes dans les zones densément peuplées de Gaza font de nombreuses victimes civiles.
Ce n’est pas que la violence ait jamais cessé entre Israéliens et Palestiniens, mais la brutale flambée que l’on observe depuis quelque jours coïncide avec la formation du nouveau gouvernement de coalition issu des élections largement remportées après Ariel Sharon. Un cabinet musclé, fortement marqué à droite après le refus des travaillistes de participer au gouvernement. Malgré la situation désastreuse de l’économie israélienne qui monopolise les titres des journaux israéliens depuis plusieurs semaines, c’est la sécurité qu’Ariel Sharon, aujourd’hui comme hier, a placé en tête de ses priorités. Le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, a précisé que la montée du mouvement de la résistance islamique, le Hamas, lui inspirait une «profonde inquiétude».
L’armée israélienne n’avait pas attendu cette déclaration pour s’en prendre vigoureusement au Hamas par des interventions musclées dans la bande de Gaza, coupée en trois par les forces israéliennes qui ont opéré plusieurs incursions dans le camp de Jabaliya, à la recherche d’activistes palestiniens, de caches d’armes et d’atelier de fabrication de roquettes artisanales Al Qassam. La violence de ces interventions, qui ont provoqué d’importantes pertes civiles, ont suscité des critiques de la part des États-Unis et de la Grande-Bretagne. La Maison Blanche a reproché, de façon inhabituelle, à Israël ses actions qui «frappent des innocents», reproches aussitôt rejetés par Israël.
Lundi et mardi, au cours de plusieurs de ces opérations, en effet, une famille entière a été tuée dans un raid de l’armée israélienne à Deir el Balah ; plus au sud, huit Palestiniens, dont une jeune femme enceinte, sont morts ensevelis sous les décombres de leur maison détruite au bulldozer, ailleurs, c’est un enfant de 13 ans ou un vieillard de 85 ans, tous non armés, qui ont été tués en l’espace de quelques heures.
La réponse du Hamas
Mercredi, c’était au tour d’Israël d’être en deuil : en plein cœur de la ville d’Haïfa, ville israélienne symbolisant la coexistence entre juifs et Arabes dont le leader travailliste est le maire, et à vingt mètres seulement du domicile de ce dernier, un autobus explosait, détruit par une charge de grande puissance, faisant quinze morts et de nombreux blessés. L’attentat, revendiqué par la branche militaire du Hamas, était présenté par le mouvement de la résistance islamique comme «une réponse au terrorisme d’Israël». Immédiatement condamné par les États-Unis, l’Europe et l’Autorité palestinienne, l’attentat a donné lieu ce jeudi, comme il était prévisible, à des représailles israéliennes à Gaza. Cette riposte, présentée comme mesurée, mais qui a, en quelques heures, provoqué une douzaine de morts chez les Palestiniens. Une fois de plus, Ariel Sharon a refusé de donner satisfaction à ceux de ses ministres qui, comme Benyamin Netanyahou ou Shaoul Mofaz voulaient saisir l’occasion pour expulser Yasser Arafat, retrancher dans son immeuble détruit de Ramallah depuis près d’un an.
Voici un an tout juste, en effet, un attentat meurtrier commis à Netanya par le Jihad islamique avait conduit Israël à déclencher l’«Opération Remparts», aboutissant à la reconquête des principales villes de Cisjordanie et à l’emprisonnement de fait de Yasser Arafat dans ce qui fut son palais présidentiel de Ramallah, la Mouqata’a. Cette fois-ci, indiquent les autorités israéliennes, il n’y aura pas d’«Opération Remparts-bis».
Les États-Unis ne tiennent pas, en effet, à provoquer une vague de colère dans le monde arabe au moment où ils se préparent à intervenir militairement en Irak. Ariel Sharon, qui tient comme à la prunelle de ses yeux à préserver la relation exceptionnelle qu’il a su nouer avec George W. Bush, ne tient surtout pas à la compromettre par une action de trop grande ampleur à ce moment précis. Il sait que, pour le reste, il peut compter sur la bienveillance de l’hôte de la Maison Blanche, et attend son heure, convaincu que la guerre en Irak lui fournira l’occasion de marquer des points décisifs, tant sur le plan militaire que politique, face aux Palestiniens.
Pour l’heure, l’attentat d’Haïfa ne marque pas seulement le retour du terrorisme, après près de deux mois d’accalmie, il est également une très mauvaise nouvelle pour Yasser Arafat : non seulement il fournit une raison supplémentaire aux dirigeants israéliens de démanteler ce qui reste de son pouvoir, mais il signale aussi l’échec des pourparlers inter-palestiniens, menés au Caire sous l’égide des Egyptiens qui devaient, en cas de succès, mener à une trêve d’un an des attentats anti-israéliens, condition sine qua non pour espérer quelque progrès dans les négociations politiques. Une perspective qui s’éloigne a vue d’œil, les Américains n’étant pas pressés de publier la fameuse «feuille de route» rédigée par le Quartette (États-Unis, Union Européenne, Russie et Onu), prête depuis l’automne, mais dont la publication a été ajournée par les Américains une première fois après les élections israéliennes, puis après la formation du gouvernement d’Ariel Sharon, et renvoyée désormais à un après-guerre incertain.
L’armée israélienne n’avait pas attendu cette déclaration pour s’en prendre vigoureusement au Hamas par des interventions musclées dans la bande de Gaza, coupée en trois par les forces israéliennes qui ont opéré plusieurs incursions dans le camp de Jabaliya, à la recherche d’activistes palestiniens, de caches d’armes et d’atelier de fabrication de roquettes artisanales Al Qassam. La violence de ces interventions, qui ont provoqué d’importantes pertes civiles, ont suscité des critiques de la part des États-Unis et de la Grande-Bretagne. La Maison Blanche a reproché, de façon inhabituelle, à Israël ses actions qui «frappent des innocents», reproches aussitôt rejetés par Israël.
Lundi et mardi, au cours de plusieurs de ces opérations, en effet, une famille entière a été tuée dans un raid de l’armée israélienne à Deir el Balah ; plus au sud, huit Palestiniens, dont une jeune femme enceinte, sont morts ensevelis sous les décombres de leur maison détruite au bulldozer, ailleurs, c’est un enfant de 13 ans ou un vieillard de 85 ans, tous non armés, qui ont été tués en l’espace de quelques heures.
La réponse du Hamas
Mercredi, c’était au tour d’Israël d’être en deuil : en plein cœur de la ville d’Haïfa, ville israélienne symbolisant la coexistence entre juifs et Arabes dont le leader travailliste est le maire, et à vingt mètres seulement du domicile de ce dernier, un autobus explosait, détruit par une charge de grande puissance, faisant quinze morts et de nombreux blessés. L’attentat, revendiqué par la branche militaire du Hamas, était présenté par le mouvement de la résistance islamique comme «une réponse au terrorisme d’Israël». Immédiatement condamné par les États-Unis, l’Europe et l’Autorité palestinienne, l’attentat a donné lieu ce jeudi, comme il était prévisible, à des représailles israéliennes à Gaza. Cette riposte, présentée comme mesurée, mais qui a, en quelques heures, provoqué une douzaine de morts chez les Palestiniens. Une fois de plus, Ariel Sharon a refusé de donner satisfaction à ceux de ses ministres qui, comme Benyamin Netanyahou ou Shaoul Mofaz voulaient saisir l’occasion pour expulser Yasser Arafat, retrancher dans son immeuble détruit de Ramallah depuis près d’un an.
Voici un an tout juste, en effet, un attentat meurtrier commis à Netanya par le Jihad islamique avait conduit Israël à déclencher l’«Opération Remparts», aboutissant à la reconquête des principales villes de Cisjordanie et à l’emprisonnement de fait de Yasser Arafat dans ce qui fut son palais présidentiel de Ramallah, la Mouqata’a. Cette fois-ci, indiquent les autorités israéliennes, il n’y aura pas d’«Opération Remparts-bis».
Les États-Unis ne tiennent pas, en effet, à provoquer une vague de colère dans le monde arabe au moment où ils se préparent à intervenir militairement en Irak. Ariel Sharon, qui tient comme à la prunelle de ses yeux à préserver la relation exceptionnelle qu’il a su nouer avec George W. Bush, ne tient surtout pas à la compromettre par une action de trop grande ampleur à ce moment précis. Il sait que, pour le reste, il peut compter sur la bienveillance de l’hôte de la Maison Blanche, et attend son heure, convaincu que la guerre en Irak lui fournira l’occasion de marquer des points décisifs, tant sur le plan militaire que politique, face aux Palestiniens.
Pour l’heure, l’attentat d’Haïfa ne marque pas seulement le retour du terrorisme, après près de deux mois d’accalmie, il est également une très mauvaise nouvelle pour Yasser Arafat : non seulement il fournit une raison supplémentaire aux dirigeants israéliens de démanteler ce qui reste de son pouvoir, mais il signale aussi l’échec des pourparlers inter-palestiniens, menés au Caire sous l’égide des Egyptiens qui devaient, en cas de succès, mener à une trêve d’un an des attentats anti-israéliens, condition sine qua non pour espérer quelque progrès dans les négociations politiques. Une perspective qui s’éloigne a vue d’œil, les Américains n’étant pas pressés de publier la fameuse «feuille de route» rédigée par le Quartette (États-Unis, Union Européenne, Russie et Onu), prête depuis l’automne, mais dont la publication a été ajournée par les Américains une première fois après les élections israéliennes, puis après la formation du gouvernement d’Ariel Sharon, et renvoyée désormais à un après-guerre incertain.
par Olivier Da Lage
Article publié le 06/03/2003