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Politique française

Irak : la classe politique derrière Chirac

Après l’intervention télévisée du chef de l’Etat, le 10 mars au soir, toute la classe politique a tenu à saluer sa décision d’utiliser le droit de veto de la France à l’Onu. Jusqu’ici, les dirigeants de la majorité, tout en soutenant la position française favorable à la poursuite des inspections en désarmement, s’étaient gardés d’évoquer directement le veto. En revanche, les socialistes, les communistes et les Verts le réclamaient depuis longtemps. Aujourd’hui, tous sont unanimes derrière le président français.
Une fois n'est pas coutume, la classe politique, toutes obédiences confondues, a applaudi des deux mains la décision de Jacques Chirac d'utiliser le droit de veto de la France à l’Onu contre la résolution américano-britannique ouvrant la voie à une guerre contre l’Irak. Dans la majorité, jusque là silencieuse, les langues se sont peu à peu déliées. Ainsi Jacques Barrot, président du groupe à l’Assemblée nationale, a affirmé que «la force de conviction de Jacques Chirac (…) devait être demain une force d’entraînement pour la sécurité du monde et de la paix». De son côté, Axel Poniatowski, député UMP du Val d’Oise et président du groupe d’amitié France-Etats-Unis à l’Assemblée, est resté fidèle à sa ligne de conduite en regrettant que la France «utilise son veto car ce serait un choix contre les Etats-Unis».

A l’UDF, François Bayrou, président du parti centriste, s’est félicité de cette posture. «Ce non de la France était dans la logique des positions prises et ce non de la France est juste», a-t-il dit avant d’ajouter : «Là, un intérêt national majeur est en jeu : c’est la vision que la France a de l’avenir du monde». Cependant, Hervé Morin, président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, a exprimé «quelques doutes et des incertitudes sur la position française». «Comment peut-on être favorable à ce que toute action militaire soit engagée par l’Onu et considérer que la règle de la majorité ne s’appliquera pas ?», s’est-il interrogé. A l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, a pris «acte de la détermination affichée par Jacques Chirac» mais a toutefois constaté «que le président de la République a attendu que le gouvernement russe affirme, par deux fois, sa propre décision d’utiliser son droit de veto pour se prononcer à son tour».

La gauche en accord avec la décision du chef de l’Etat

Seul dans ce concert d’approbation, Alain Madelin - droite libérale -, atlantiste depuis toujours et favorable à une guerre, a estimé que la France ne devait pas utiliser ce veto : «Ou les Etats-Unis ont la majorité, et je ne vois pas la France mettre son veto ou ils n’ont pas la majorité, et le problème ne se pose pas. Donc, il n’y aura pas de droit de veto français», avait-il dit en février dernier.

Dans l’opposition, François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste tout en saluant l’honnêteté de Jacques Chirac, a déclaré : «Nous voulions le veto, le président de la République n’a pas prononcé le mot mais il a dit non. Pour l’instant c’est pareil». Jack Lang, ancien ministre socialiste de Lionel Jospin a approuvé «à 100%» la décision du chef de l’Etat, allant même jusqu’à dire : «Pas une feuille de papier à cigarette ne me sépare de ce qu’il a dit. L’engagement de la France par sa voix est ferme, clair et juste». «Jacques Chirac a été le porte-parole de tout un pays qui refuse le recours à la guerre préventive», a renchéri Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée.

Au Parti communiste français, on s’est également réjoui de cette attitude. Ainsi Marie-George Buffet, secrétaire nationale, a estimé «juste, digne et conforme à la volonté du peuple français» la décision de Jacques Chirac. Plus enjoué, Alain Bocquet, président du groupe communiste, a même déclaré : «Je suis fier de la France, de son attitude dans ce débat douloureux et difficile». Tout comme lors du débat parlementaire à l’Assemblée nationale sur l’Irak, il y a près de deux semaines, le député-maire Vert, Noël Mamère, a de nouveau «apprécier la position du président» en y ajoutant cependant un bémol concernant la possibilité pour les Américains de survoler le territoire français en cas de conflit avec l’Irak. Il y aurait «duplicité si l’espace aérien était ouvert aux Américains», a-t-il déclaré. Quant à Jean-Pierre Chevènement, qui avait démissionné de son poste de la Défense lors de la guerre du Golfe, a approuvé «la position à la fois ferme et habile» du président «en laissant entrevoir un éventuel veto de la France». «Jacques Chirac porte les intérêts de la France conformément à sa vocation d’universalité. Ce faisant, il sert aussi l’idée d’une Europe européenne», a-t-il ajouté.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 11/03/2003