Grande-Bretagne
Irak : l’heure de vérité pour Tony Blair
Emboîtant le pas à Washington, le gouvernement britannique a dû se résoudre, la mort dans l’âme, à abandonner ses efforts diplomatiques et préparer son opinion et nombre de ses parlementaires réticents à l’imminence d’un conflit avec l’Irak.
De notre correspondante à Londres
Loin de concéder son impuissance à obtenir le vote à l’ONU d’une seconde résolution qui lui était si chère, Downing Street a d’emblée rejeté le blâme sur un seul membre onusien: la France. Que ce soit l’ambassadeur britannique à l’ONU à New York, Sir Jeremy Greenstock, le vice-Premier ministre John Prescott après un conseil extraordinaire à Downing Street où le chef de la diplomatie Jack Straw devant la Chambre des Communes, le message est resté le même : la menace française de veto à une résolution autorisant le recours à la force est responsable de l'impasse diplomatique, et au-delà de la guerre à venir, Paris a donc été placé sur le banc des accusés par les Américains mais surtout par le gouvernement de Tony Blair pour qui l’aval des Nations unies était vital afin de convaincre une population majoritairement opposée à un conflit.
L’opposition de la France est vécue comme une trahison par un gouvernement britannique affaibli et sur la défensive. L’amertume était d’ailleurs bien visible ce lundi soir chez Jack Straw venu demander au Parlement de Westminster le soutien des députés à une action militaire. Et le chef de la diplomatie s’est montré bien peu diplomate en faisant porter le chapeau à la France. Une hostilité ouverte envers Paris qu’est pourtant venue contrebalancer de façon magistrale le leader des Communes démissionnaire, Robin Cook. Première «victime» d’une guerre avec l’Irak, l’ancien secrétaire au Foreign Office avait auparavant expliqué à Tony Blair, avant le conseil de guerre convoqué dans l’après-midi à Downing Street, qu’il ne pouvait accepter de prendre la responsabilité collective d’engager la Grande Bretagne dans une intervention militaire sans avoir obtenu le soutien intérieur et international.
Tony Blair critiqué par les siens
Ancien avocat, réputé pour ses talents d’orateur exceptionnels, la déclaration officielle de Robin Cook était donc très attendue et l’homme n’a pas déçu : il a prononcé là l’un des plus impressionnants discours qu’ait connu la Chambre et qui lui a d’ailleurs valu les applaudissements debout de plusieurs de ses pairs. Robin Cook a laissé éclaté toute sa frustration devant la politique de Tony Blair en prévenant que «l’Histoire découvrirait plus tard avec stupéfaction les erreurs de calcul diplomatique qui auront mené à la guerre». L’ancien leader des Communes n’a pas manqué non plus de relever la différence de traitement entre les alliés de Washington comme Israël, en infraction depuis une trentaine d’années avec les résolutions de l’ONU et les autres pays comme l’Irak. Avant d’achever en appelant tout simplement le Parlement à voter contre la motion du gouvernement. Un discours certes mesuré mais extrêmement dévastateur pour le cabinet Blair qui voit désormais se dresser devant lui un puissant leader à la tête de la rébellion travailliste.
En effet, le Premier ministre aura à peine eu le temps de ruminer sa défaite diplomatique qu’il lui faut désormais affronter l’hostilité d’une bonne partie de ses députés et du parti travailliste. Tony Blair se prépare ce mardi à l’un des débats les plus difficiles et les plus passionnés de ces dernières années au Parlement. Face à la rébellion des députés du Labour qui pourraient, cette fois, s’élever jusqu’à 150 parlementaires, le gouvernement avait trouvé une parade juridique en demandant le conseil du procureur général britannique Lord Goldsmith. Ce dernier a en effet estimé que les résolutions 678, 887 et la dernière 144, devrait en fait assurer la légalité d’une guerre sans recours à une autre résolution. Tony Blair compte aussi sur le devoir moral des députés de soutenir les troupes britanniques en attente dans le Golfe. Mais l’arrivée de Robin Cook dans les rangs des frondeurs est une bien mauvaise nouvelle pour le Premier ministre. Le discours de Robin Cook a déjà convaincu le sous-secrétaire d’État à la Santé, Lord Hunt mais aussi le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, John Denham de démissionner et ils ne seront sans doute pas les derniers.
Loin de concéder son impuissance à obtenir le vote à l’ONU d’une seconde résolution qui lui était si chère, Downing Street a d’emblée rejeté le blâme sur un seul membre onusien: la France. Que ce soit l’ambassadeur britannique à l’ONU à New York, Sir Jeremy Greenstock, le vice-Premier ministre John Prescott après un conseil extraordinaire à Downing Street où le chef de la diplomatie Jack Straw devant la Chambre des Communes, le message est resté le même : la menace française de veto à une résolution autorisant le recours à la force est responsable de l'impasse diplomatique, et au-delà de la guerre à venir, Paris a donc été placé sur le banc des accusés par les Américains mais surtout par le gouvernement de Tony Blair pour qui l’aval des Nations unies était vital afin de convaincre une population majoritairement opposée à un conflit.
L’opposition de la France est vécue comme une trahison par un gouvernement britannique affaibli et sur la défensive. L’amertume était d’ailleurs bien visible ce lundi soir chez Jack Straw venu demander au Parlement de Westminster le soutien des députés à une action militaire. Et le chef de la diplomatie s’est montré bien peu diplomate en faisant porter le chapeau à la France. Une hostilité ouverte envers Paris qu’est pourtant venue contrebalancer de façon magistrale le leader des Communes démissionnaire, Robin Cook. Première «victime» d’une guerre avec l’Irak, l’ancien secrétaire au Foreign Office avait auparavant expliqué à Tony Blair, avant le conseil de guerre convoqué dans l’après-midi à Downing Street, qu’il ne pouvait accepter de prendre la responsabilité collective d’engager la Grande Bretagne dans une intervention militaire sans avoir obtenu le soutien intérieur et international.
Tony Blair critiqué par les siens
Ancien avocat, réputé pour ses talents d’orateur exceptionnels, la déclaration officielle de Robin Cook était donc très attendue et l’homme n’a pas déçu : il a prononcé là l’un des plus impressionnants discours qu’ait connu la Chambre et qui lui a d’ailleurs valu les applaudissements debout de plusieurs de ses pairs. Robin Cook a laissé éclaté toute sa frustration devant la politique de Tony Blair en prévenant que «l’Histoire découvrirait plus tard avec stupéfaction les erreurs de calcul diplomatique qui auront mené à la guerre». L’ancien leader des Communes n’a pas manqué non plus de relever la différence de traitement entre les alliés de Washington comme Israël, en infraction depuis une trentaine d’années avec les résolutions de l’ONU et les autres pays comme l’Irak. Avant d’achever en appelant tout simplement le Parlement à voter contre la motion du gouvernement. Un discours certes mesuré mais extrêmement dévastateur pour le cabinet Blair qui voit désormais se dresser devant lui un puissant leader à la tête de la rébellion travailliste.
En effet, le Premier ministre aura à peine eu le temps de ruminer sa défaite diplomatique qu’il lui faut désormais affronter l’hostilité d’une bonne partie de ses députés et du parti travailliste. Tony Blair se prépare ce mardi à l’un des débats les plus difficiles et les plus passionnés de ces dernières années au Parlement. Face à la rébellion des députés du Labour qui pourraient, cette fois, s’élever jusqu’à 150 parlementaires, le gouvernement avait trouvé une parade juridique en demandant le conseil du procureur général britannique Lord Goldsmith. Ce dernier a en effet estimé que les résolutions 678, 887 et la dernière 144, devrait en fait assurer la légalité d’une guerre sans recours à une autre résolution. Tony Blair compte aussi sur le devoir moral des députés de soutenir les troupes britanniques en attente dans le Golfe. Mais l’arrivée de Robin Cook dans les rangs des frondeurs est une bien mauvaise nouvelle pour le Premier ministre. Le discours de Robin Cook a déjà convaincu le sous-secrétaire d’État à la Santé, Lord Hunt mais aussi le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, John Denham de démissionner et ils ne seront sans doute pas les derniers.
par Muriel Delcroix
Article publié le 18/03/2003