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Côte d''Ivoire

Le gouvernement presqu’au complet

Le gouvernement de réconciliation nationale se met progressivement en place. Le Premier ministre Seydou Diarra accueille les ministres désignés par le RDR et les rebelles, grands absents au premier conseil des ministres. Celui du jeudi 20 mars verra le gouvernement presqu’au complet.
Seydou Diarra va pouvoir bientôt se mettre réellement au travail avec une équipe gouvernementale au trois-quarts composée. Le RDR qui avait fait de la sécurité une des conditions primordiales pour sa participation au gouvernement, a jugé que ces conditions étaient satisfaisantes. Ces ministres pré-positionnés à Bamako, au Mali, ont pour la plupart rejoint par avion Abidjan. Un imposant cordon de sécurité à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny a rassuré les cadres du RDR rentrés de leur exil volontaire. Les premiers arrivés, le 18 mars, ont dit leur joie de fouler le sol du pays. Ils ont été accueilli et encadré par les gendarmes ivoiriens et par les soldats de la Force de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Ecoforce). Le même dispositif de sécurité était installé autour et dans l’hôtel où les ministrables du RDR sont regroupés.

«Apparemment depuis l’aéroport ce que nous avons demandé a été respecté et nous espérons que la suite sera exactement ce que nous avons souhaité. C’est-à-dire beaucoup de sécurité dans les déplacements et partout nous serons», a déclaré Henriette Diabaté, la secrétaire générale du RDR à sa descente d’avion et après avoir apprécié l’accueil qui était réservé à la délégation de son parti. Pressentie pour occuper le poste de ministre d’Etat et de la Justice, elle n’a voulu faire aucune autre déclaration, ni présenter officiellement les «ministres» de son parti. Procédurière, elle laisse cette tâche au chef du gouvernement, Seydou Diarra. Mais, d’ores et déjà, on sait que Amadou Gon Coulibaly occupera le deuxième ministère d’Etat qui revient au RDR et sera aussi le ministre de l’Agriculture. Le cas de Kandia Camara, désignée par son parti pour occuper le ministère de la Famille, de la femme et de l’enfant, n’est toujours pas réglé. En tout cas, aucune information des bureaux du Premier ministre, de l’entourage du président de la République, du Comité de suivi de l’accord de Marcoussis, ni du secrétariat général du RDR n’a été révélée. Le Conseil des ministres du 20 mars devrait lever toutes les incertitudes.

Les rebelles sont prêts

La participation des rebelles au gouvernement ne fait plus de doute. Le MPCI, le principal mouvement rebelle qui disposent aussi comme tous les autres partis d’opposition, de sept ministères dont deux d’Etat, a communiqué sa liste au Premier ministre. Son secrétaire général, Guillaume Soro, sera ministre d’Etat, ministre de la Communication. Le colonel Moussa Diakité, prendra le poste de l’Administration territoriale et sera également ministre d’Etat. Cet officier supérieur des Forces armées ivoiriennes (FANCI), avait déjà été ministre sous la transition militaire 1999-2000 et ancien préfet. Le colonel Michel Gueu, chef des opérations militaires du MPCI, qui avait été évoqué pour le poste de ministre de la Défense, siègera plutôt dans le fauteuil de ministre des Sports et loisirs. L’adjudant Tuo Fozié, une des premières figures connues de la rébellion obtient le poste de ministre de la Jeunesse et du service civique. Massamba Koné, chef de la rébellion à Korogho sera ministre des Déplacés et victimes de guerre, l’ancien directeur du port autonome d’Abidjan, Mamadou Koné, ministre de la Recherche scientifique.

Les deux autres mouvements rebelles de l’ouest de la Côte d’Ivoire ont aussi désigné leurs deux représentants au gouvernement de réconciliation nationale. Le MJP envoie Youssouf Soumahoro au ministère de l’Enseignement technique et le MPIGO nomme Roger Branchi au ministère des Petites et moyennes entreprises. La totalité des postes est ainsi pourvue par les partis politiques et mouvements rebelles. Les dernières difficultés concernent l’attribution des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Le Conseil de sécurité nationale qui regroupe toutes les parties impliquées dans le conflit en Côte d’Ivoire, n’a pu dégager deux noms qui emportent la faveur du président Laurent Gbagbo.

Mais Seydou Diarra, plusieurs fois tenté par la démission, a appris qu’il ne suffit pas d’être un homme de consensus pour diriger un pays en conflit, mais qu’il fallait aussi avoir une autre qualité: la patience. Il ne désespère pas d’obtenir dans un proche avenir l’unanimité autour de certaines personnes du Conseil de sécurité nationale. Il obtient en cela le soutien du président du Comité de suivi de l’accord de Marcoussis, complété par Accra, Albert Tévoédjrè. «Je suis plein d’espoir. Nous avançons pas à pas. Toutes les parties sont animées par le désir de participer au redémarrage de ce pays plein de potentialités», déclare le président du Comité de suivi, qui sera aussi à Yamoussoukro pour le deuxième Conseil des ministres du gouvernement de réconciliation nationale au complet, moins deux.



par Didier  Samson

Article publié le 19/03/2003