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Côte d''Ivoire

Les rebelles refusent de siéger

Le deuxième Conseil des ministres du gouvernement de Seydou Diarra s’est tenu le 20 mars à Yamoussoukro, sans la participation des ministres issus des mouvements rebelles. Ils ont néanmoins envoyé à Yamoussoukro une délégation conduite par Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI, pour expliquer au Premier ministre les raisons de leur refus de participer au Conseil des ministres. Ces raisons sont évoquées pour nous par un des porte-paroles du MPCI à Bouaké, Sindou Cissé.

RFI : Les rebelles, sont à Yamoussoukro, mais ne participent pas au deuxième Conseil des ministres du gouvernement de réconciliation nationale de Seydou Diarra. Pourquoi refusez-vous de siéger ?

Sindou Cissé:
Nous ne participons pas à ce nouveau Conseil des ministres parce que nous pensons que les conditions ne sont par requises pour notre participation. Premièrement au niveau de la sécurité nous pensons que la sécurité de nos ministrables n’est pas garantie. Nous ne faisons pas confiance au président Laurent Gbagbo surtout lorsque la sécurité de nôtres lui incombe. Dans l’organisation des équipes de sécurité, il est prévu un élément des forces françaises, un désigné par les FANCI (forces armées nationales de Côte d’Ivoire), un issu du contingent de la CEDEAO. Ce qui veut dire clairement que les agents des Forces nouvelles ne sont impliquées dans la sécurité. Par ailleurs, de Marcoussis jusqu’à Accra, nous n’avons enregistré aucun signe de bonne volonté de la part de Laurent Gbagbo pour résoudre les problèmes. Nous ne nous reconnaissons donc pas dans un gouvernement où les vrais questions ne sont pas abordées. L’accord de Marcoussis est pour nous la clef du règlement du conflit en Côte d’Ivoire.

RFI : Qu’est-ce qui ferait participer les forces nouvelles au gouvernement de Seydou Diarra ?
S.C: D’abord, il faut qu’on nous donne le nom des ministres de l’Intérieur et de la sécurité. Comment peut-on participer à un gouvernement où tous les ministres ne sont pas connus. On a promis de nous faire des propositions de noms, et puis plus rien. On attend toujours. Certains engagements ont été pris par Laurent Gbagbo pour influer sur des organes proches du pouvoir afin que des incitations à la haine ou à la xénophobie, ce n’est toujours pas le cas, il procède à l’enrôlement de nouvelles recrues dans son armée ; bref, il ne tient aucun de ses engagements ni d’Accra en encore moins de Marcoussis.

RFI : Le RDR qui avait soulevé comme vous des problèmes de sécurité et dont une ministre n’est toujours pas acceptée par le président de la République, participe néanmoins au Conseil des ministres.
S.C: Contrairement au RDR, nous, nous avons pris les armes pour défendre une cause. Les portefeuilles ministérielles ne nous intéressent pas. C’est pourquoi nous avons même fait la concession de laisser les ministères de l’Intérieur et de la Défense. Pour nous ce qui est important c’est la paix en Côte d’Ivoire. Nous nous battons pour la justice dans notre pays. Et tant que nous ne percevons pas un début de règlement de ce conflit par les accords signés, nous ne voyons pas notre participation à un quelconque gouvernement. Il nous faut des signes encourageant dans la voie de Marcoussis. Nous tenons à cet accord, je me répète, qui est la clef du règlement du conflit en Côte d’Ivoire. Toute la communauté internationale a été témoin de l’accord passé entre tous les partis politiques ivoiriens, alors que Laurent Gbagbo s’obstine à dire que ce ne sont que des «propositions». Je m’étonne que le Comité de suivi reste silencieux sur ce point. En tout cas Marcoussis est pour nous un acquis et nous ne sommes pas prêts à le lâcher.

RFI : Vous maintenez également les noms de vos ministrables sur votre liste, malgré les réserves du président de la République, on peut aussi vous accuser de bloquer le processus.
S.C: Nous avons déjà fait beaucoup de concessions. Nous ne nous accrochons aux ministères de l’Intérieur ni de la Défense. En revanche quand nous proposons des noms, il n’appartient pas à Laurent Gbagbo de dire si une tête lui convient ou pas. Il ramène le problème à des questions personnelles. Pourquoi refuse t-il la nomination de Louis Dacoury (MPCI) et de Kandia Camara (RDR) au gouvernement ? Je pense que sont des astuces de sa part pour torpiller l’accord de Marcoussis. Ce sont ces malversations que notre délégation est allée dénoncer à Yamoussoukro en rencontrant le Premier ministre et le président du Comité de suivi, le jour même de la tenue de deuxième Conseil des ministres.



par Propos recueillis par Didier  Samson

Article publié le 19/03/2003