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Côte d''Ivoire

Vers la formation d’un gouvernement malgré des combats

Les pourparlers entre les représentants des partis politiques ivoiriens et des rebelles, qui se sont déroulés durant 48 heures à Accra au Ghana, ont abouti à la ratification d’un texte de compromis concernant la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale. Mais sur le terrain, la situation est toujours difficile. De nouveaux combats ont eu lieu, vendredi, à l’Ouest du pays et auraient fait de nombreuses victimes civiles.
Le texte qui a été ratifié samedi matin à Accra, vise à sortir la Côte d’Ivoire de l’impasse et à trouver les moyens de former un gouvernement de réconciliation nationale. Pour contourner l’obstacle majeur de l’attribution des ministères clefs de la Sécurité intérieure et de la Défense aux rebelles, prévus par les accords de Marcoussis, il propose de la création d’un «conseil de sécurité de quinze membres» dans lequel doivent siéger «le président, le Premier ministre, un représentant de chacune des forces politiques signataires de l’accord de Marcoussis, un représentant des forces armées de Côte d’Ivoire, un représentant de la gendarmerie nationale et un représentant de la police nationale».

Ce conseil a pour objectif de «concourir à la bonne gestion des ministères de la Défense et de la Sécurité Intérieure» et de participer au choix des personnalités «consensuelles» qui en assumeront la charge au sein du futur gouvernement ivoirien que le Premier ministre, Seydou Diarra, doit soumettre à l’approbation du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, dans «les plus brefs délais».

L’équipe ministérielle devrait être composée de 39 membres. Le partage des postes prévoit notamment l’attribution de dix ministères au parti du président Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), de sept au Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alasane Ouattara, de sept au Parti démocratique de Côte d’Ivoire d’Henri Konan Bédié et de sept aux rebelles du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI).

Des massacres à Bangolo

Le communiqué final de la réunion d’Accra, qui s’est déroulée sous l’égide du chef de l’Etat ghanéen, John Kufuor, qui est aussi le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO), précise que deux ministères d’Etat, celui de l’Administration du territoire et celui de la Communication, doivent revenir dans le prochain gouvernement à des représentants du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, le plus ancien mouvement rebelle. Le ministère de l’Economie et des Finances devrait être attribué au FPI et celui des Affaires étrangères au PDCI.

Le texte stipule aussi que les parties signataires demandent «le respect des choix faits par les parties politiques de leurs représentants au gouvernement » et invite les responsables ivoiriens mais aussi les troupes françaises et celles de la CEDEAO «à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection et la sécurité des participants à la table ronde de Marcoussis».

Dans un esprit d’apaisement, les participants aux négociations appellent aussi «les forces en présence à faire cesser immédiatement les massacres et tueries ainsi que toutes les exactions commises dans leur zone d’opération» et à libérer les prisonniers politiques.

Cet accord a été salué par Albert Tévoedjrè, le président du comité de suivi des accord de Marcoussis, qui a estimé qu’il s’agissait «du commencement de la fin de la guerre».

Sur le terrain, la situation est pourtant encore tendue. Des combats ont eu lieu vendredi dans le grand Ouest de la Côte d’Ivoire, à proximité de Bangolo, à 50 kilomètres au Sud de Man, dans une zone tenue par les rebelles du Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP). Le chef des opérations de ce mouvement, Ousmane Coulibally, a affirmé que la ville avait été attaquée par des hommes en armes «parlant français et guéré [une langue locale]» et qu’un nombre important de victimes civiles était à déplorer. L’existence des affrontements a été confirmée par les troupes françaises et les forces loyalistes. Ces dernières ont, par contre, nié toute participation aux combats malgré les accusations du MJP. Pour le moment, les agresseurs n’ont pas été identifiés et aucun bilan sur le nombre réel de victimes n’a pu être confirmé par une source indépendante. L'armée française qui s'est rendue sur place a constaté que «la violence a touché beaucoup de personnes» et qu'il y avait des morts.

Les forces françaises postées dans l’ouest du pays ont aussi signalé qu'elles avaient eu «un accrochage» avec des troupes armées, qui tentaient de s’infiltrer entre Duékoué et Diboli, à partir du Nord. Il s’agissait vraisemblablement de «supplétifs libériens» pro-gouvernementaux. Ces combattants, environ une centaine, ont été interceptés et ont rendu leurs armes.



par valérie  GAS, avec AFP

Article publié le 08/03/2003