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Côte d''Ivoire

Gbagbo, objet du clivage au sein du PS français

Le 4 mars, une réunion s'est tenue au Parti socialiste français au retour de la délégation qui avait effectué, la semaine dernière, une visite de 48 heures en Côte d'Ivoire. Ecartelé entre ses accointances idéologiques avec le président Gbagbo et la nécessité de ne pas s’impliquer plus avant dans le soutien du régime ivoirien depuis le début de la crise, le PS connaît actuellement quelques tiraillements en son sein. Henri Emmanuelli a été le premier visé.
Le 26 février, une délégation du bureau national du Parti socialiste français composée de cinq membres, s’est envolée pour Abidjan pour une mission d’information de deux jours. La délégation était composée de Guy Labertit, délégué national aux questions africaines, Régis Passerieux, secrétaire national aux affaires internationales, Charles Josselin, ancien ministre de la Coopération et de la Francophonie, Christian Paul, ex-secrétaire d’Etat aux DOM-TOM et Henri Emmanuelli, député des Landes.

Le but de ce voyage, selon le communiqué, était de «mieux comprendre» la situation en Côte d’Ivoire et de rencontrer le président ivoirien Laurent Gbagbo, le Premier ministre Seydou Diarra, le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly, les «principales forces politiques ivoiriennes», des associations des droits de l’Homme ainsi que des organisations humanitaires. Le Parti socialiste, avant son départ avait également rappelé son «attachement à une solution politique à la crise dans le respect du droit, de l’intégrité du territoire et du respect des droits de l’Homme».

Crise au sein du PS

Au retour de cette mission, une réunion a donc été organisée par le bureau national et les divergences concernant la Côte d’Ivoire ont éclaté au grand jour. Ainsi Henri Emmanuelli dont le rôle a été et est toujours déterminant dans les rapports France-Côte d’Ivoire, notamment au sein du Parti socialiste, a été suspecté de vouloir soutenir côute que coûte le président ivoirien, membre de l’International socialiste (IS). Eric Besson, député de la Drôme a vivement réagi, selon les informations parues dans le journal Libération daté du 6 mars, en déclarant : «Laurent Gbagbo est peut-être membre de l’IS, mais c’est un dictateur».

Plus prosaïque, Anne Hidalgo, porte-parole du bureau national socialiste a reconnu que la situation était grave dans un pays «au bord du massacre» mais qu’il fallait également admettre que le président ivoirien était un «président élu, certes dans des conditions difficiles, mais élu (…) Mais le fait d’être élu n’exonère pas du respect des règles». Elle a aussi ajouté que Laurent Gbagbo avait assuré la délégation que «ni lui ni aucun membre de sa famille» n’avait «participé à des exactions». Une allusion aux rumeurs persistantes qui pèsent sur le chef de l’Etat ivoirien dont l’entourage est soupçonné d’être impliqué dans des escadrons de la mort. En outre, le rapport qui a été rédigé après ce déplacement met en cause ouvertement et pour la première fois Laurent Gbagbo qui semble incapable de maîtriser la situation de crise qui règne dans son pays depuis le 19 septembre 2002.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 06/03/2003