Côte d''Ivoire
La tension monte dans l’Ouest
Les rebelles ivoiriens affirment que des hélicoptères gouvernementaux ont bombardé un village proche de la frontière libérienne et dénoncent une violation des accords de cessation des hostilités. L’armée gouvernementale ne dément pas.
Le village de Bin-Houyé est situé à quelques kilomètres à peine de la frontière libérienne, dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire. Ce sont les rebelles du MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du grand-Ouest) et leur chef, Félix Doh, qui ont les premiers affirmé dimanche qu’une attaque d’hélicoptères MI-24 avait eu lieu contre ce village au cours de la journée de samedi. Selon lui, «vingt civils ont été tués et plusieurs autres blessés».
L’attaque a également été dénoncée par le chef militaire du principal mouvement rebelle, le MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire). Le colonel Michel Gueu, originaire de ce village, estime que «la situation est très grave» et «interpelle les forces françaises» qui sont chargées de veiller au respect de l’accord de cessation des hostilités. Selon l’agence Reuters, les forces françaises, dont 3000 hommes supervisent le cessez-le-feu, indiquent avoir vu des hélicoptères décoller de Yamoussoukro et se diriger vers l’ouest.
L’armée ivoirienne pour sa part, ne confirme ni ne dément avoir employé ces hélicoptères pour des opérations de combat dans la zone proche de la frontière libérienne. Le porte-parole des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire), le lieutenant-colonel Jules Yao Yao a simplement indiqué qu’une attaque menée «par des ennemis parlant essentiellement anglais» (manière de désigner des combattants libériens) avait eu lieu dans la région de Toulépleu (à 25 km plus au sud) et que les forces gouvernementales avaient mené «une riposte appropriée» pour sécuriser la ville. Il est à noter que selon des témoignages concordant, les forces gouvernementales comme les rebelles font appel à des supplétifs libériens depuis le début du conflit en Côte d’Ivoire.
Du côté libérien de la frontière on affirme que des mercenaires libériens qui combattent avec les forces gouvernementales ivoiriennes ont pénétré sur le territoire du Liberia. Cette incursion au Liberia est perçue comme un acte hostile par les autorités de Monrovia. «Que la Côte d’Ivoire les encourage» a lancé samedi le ministre libérien de la défense, Daniel Chea, «et cela revient à une déclaration de guerre». Mais une fois cette mise en garde faite, le ministre a précisé que cet incident «ne doit pas être interprété comme une menace de guerre imminente entre les deux pays».
Gbagbo condamne les escadrons de la mort
Le week-end aura aussi été marqué par la première prise de position officielle de Laurent Gabgbo concernant les escadrons de la mort qu’un rapport de l’ONU soupçonne d’être en lien avec l’entourage du chef de l’Etat et dont Jacques Chirac a dénoncé les forfaits il y a dix jours à l’occasion du sommet France-Afrique de Paris. Au cours d’une conférence de presse organisée samedi soir, le chef de l’Etat ivoirien a nié toute responsabilité dans les crimes perpétrés par ces groupes en uniforme qui agissent dans les rues d’Abidjan.
«Je n’ai jamais tué quelqu’un. Ma femme n’a jamais tué quelqu’un» a lancé Laurent Gbagbo. Le chef de l’Etat a également remarqué que les assassinats imputés aux escadrons de la mort ne profitaient pas politiquement à son régime dans la mesure où les victimes des exactions sont «des gens marginaux politiquement». Le président ivoirien est allé plus loin en pointant du doigt les rebelles et les opposants du RDR (Rassemblement des républicains) qui sont «toujours les premiers» à découvrir les crimes des escadrons de la mort. Laurent Gbagbo a également annoncé son intention de porter plainte contre les quotidiens français Le Monde et La Croix à la suite de leurs articles le mettant en cause. Il est à noter que les journalistes de l’AFP et de France 2 ont été violemment pris à partie insultés et molestés à l’occasion de cette conférence de presse qu’ils ont dû quitter.
Sur le plan politique, le blocage reste total alors que le premier ministre «de réconciliation», Seydou Diarra, se rend ce lundi à Bouaké où il doit rencontrer les responsables de la rébellion. Le projet de gouvernement rendu public la semaine dernière par Laurent Gbagbo qui écartait les rebelles des postes de ministre de l’intérieur et de la défense a été rejeté par les rebelles qui le jugent en totale opposition avec les accords de Marcoussis. De passage à Dakar, le premier ministre Seydou Diarra a estimé vendredi soir que «les blocages viennent de tous côtés».
Le chef de l’Etat ivoirien a reconnu lui-même samedi au cours de ces entretiens au Togo avec le général Eyadéma que «l’attribution de certains portefeuilles clés constitue le problème essentiel». A l’issue de leur entretien de plus de deux heures qui a eu lieu à Kara, le général Eyadéma a invité son homogue ivoirien à «s’investir encore davantage pour l’aboutissement du processus de paix».
L’attaque a également été dénoncée par le chef militaire du principal mouvement rebelle, le MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire). Le colonel Michel Gueu, originaire de ce village, estime que «la situation est très grave» et «interpelle les forces françaises» qui sont chargées de veiller au respect de l’accord de cessation des hostilités. Selon l’agence Reuters, les forces françaises, dont 3000 hommes supervisent le cessez-le-feu, indiquent avoir vu des hélicoptères décoller de Yamoussoukro et se diriger vers l’ouest.
L’armée ivoirienne pour sa part, ne confirme ni ne dément avoir employé ces hélicoptères pour des opérations de combat dans la zone proche de la frontière libérienne. Le porte-parole des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire), le lieutenant-colonel Jules Yao Yao a simplement indiqué qu’une attaque menée «par des ennemis parlant essentiellement anglais» (manière de désigner des combattants libériens) avait eu lieu dans la région de Toulépleu (à 25 km plus au sud) et que les forces gouvernementales avaient mené «une riposte appropriée» pour sécuriser la ville. Il est à noter que selon des témoignages concordant, les forces gouvernementales comme les rebelles font appel à des supplétifs libériens depuis le début du conflit en Côte d’Ivoire.
Du côté libérien de la frontière on affirme que des mercenaires libériens qui combattent avec les forces gouvernementales ivoiriennes ont pénétré sur le territoire du Liberia. Cette incursion au Liberia est perçue comme un acte hostile par les autorités de Monrovia. «Que la Côte d’Ivoire les encourage» a lancé samedi le ministre libérien de la défense, Daniel Chea, «et cela revient à une déclaration de guerre». Mais une fois cette mise en garde faite, le ministre a précisé que cet incident «ne doit pas être interprété comme une menace de guerre imminente entre les deux pays».
Gbagbo condamne les escadrons de la mort
Le week-end aura aussi été marqué par la première prise de position officielle de Laurent Gabgbo concernant les escadrons de la mort qu’un rapport de l’ONU soupçonne d’être en lien avec l’entourage du chef de l’Etat et dont Jacques Chirac a dénoncé les forfaits il y a dix jours à l’occasion du sommet France-Afrique de Paris. Au cours d’une conférence de presse organisée samedi soir, le chef de l’Etat ivoirien a nié toute responsabilité dans les crimes perpétrés par ces groupes en uniforme qui agissent dans les rues d’Abidjan.
«Je n’ai jamais tué quelqu’un. Ma femme n’a jamais tué quelqu’un» a lancé Laurent Gbagbo. Le chef de l’Etat a également remarqué que les assassinats imputés aux escadrons de la mort ne profitaient pas politiquement à son régime dans la mesure où les victimes des exactions sont «des gens marginaux politiquement». Le président ivoirien est allé plus loin en pointant du doigt les rebelles et les opposants du RDR (Rassemblement des républicains) qui sont «toujours les premiers» à découvrir les crimes des escadrons de la mort. Laurent Gbagbo a également annoncé son intention de porter plainte contre les quotidiens français Le Monde et La Croix à la suite de leurs articles le mettant en cause. Il est à noter que les journalistes de l’AFP et de France 2 ont été violemment pris à partie insultés et molestés à l’occasion de cette conférence de presse qu’ils ont dû quitter.
Sur le plan politique, le blocage reste total alors que le premier ministre «de réconciliation», Seydou Diarra, se rend ce lundi à Bouaké où il doit rencontrer les responsables de la rébellion. Le projet de gouvernement rendu public la semaine dernière par Laurent Gbagbo qui écartait les rebelles des postes de ministre de l’intérieur et de la défense a été rejeté par les rebelles qui le jugent en totale opposition avec les accords de Marcoussis. De passage à Dakar, le premier ministre Seydou Diarra a estimé vendredi soir que «les blocages viennent de tous côtés».
Le chef de l’Etat ivoirien a reconnu lui-même samedi au cours de ces entretiens au Togo avec le général Eyadéma que «l’attribution de certains portefeuilles clés constitue le problème essentiel». A l’issue de leur entretien de plus de deux heures qui a eu lieu à Kara, le général Eyadéma a invité son homogue ivoirien à «s’investir encore davantage pour l’aboutissement du processus de paix».
par Philippe Couve
Article publié le 03/03/2003