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Côte d''Ivoire

Toujours l'impasse

De retour à Abidjan, le Premier ministre Seydou Diarra tente toujours de composer son gouvernement «de réconciliation» alors que la tension demeure vive et que l'impatience monte dans les rangs des rebelles.
La Côte d'Ivoire est toujours dans l'impasse politique. Le pays n'a toujours pas de gouvernement un mois après la signature des accords de Marcoussis et trois jours après la fin du sommet France-Afrique en marge duquel une bonne partie des discussions informelles ont été consacrées au dossier ivoirien.

Au terme du sommet, le Premier ministre «de réconciliation», Seydou Diarra, a regagné Abidjan tandis que des dissensions semblaient apparaître dans les rangs des rebelles du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire) sur la stratégie à adopter. A l'issue de ses entretiens parisiens avec Seydou Diarra, Guillaume Soro, le secrétaire général du mouvement rebelle MPCI, a souhaité que le comité de suivi des accords de Marcoussis, soit saisi du problème de la composition du gouvernement.

Les paroles relativement conciliantes du porte-parole du MPCI prononcées à Paris ont suscité des remous à Bouaké. Le colonel Michel Gueu, chef des opérations militaires de la rébellion, a d'abord affirmé à l'AFP: «Nous sommes prêts à reprendre les armes si le blocage se poursuit». Avant d'adopter un ton plus conciliant sur RFI et d'indiquer: «Nous nous en remettons au comité de suivi» tout en précisant que les responsables de la rébellion «subissent la pression des jeunes gens qui ont pris les armes pour nous». Les rebelles devraient arrêter leur position lorsque Guillaume Soro (qui se trouvait toujours à Paris lundi soir) sera de retour à Bouaké.

Du côté du gouvernement sortant, on tente d'allumer un contre-feu après les déclarations tonitruantes de Jacques Chirac sur la fin de l'impunité. Au cours du sommet France-Afrique, le chef de l'Etat français a également affirmé, selon les propos répercutés par sa porte-parole, qu'en Côte d'Ivoire «les escadrons de la mort sont une réalité» et que «tout cela pourrait se terminer devant les tribunaux internationaux».

Le ministre ivoirien de la Défense a aussitôt déploré le manque de neutralité de la France. «Quand on est médiateur, ce n'est pas comme cela que l'on parle» a estimé Bertin Kadet tandis que son homologue Désiré Tagro, ministre de la Justice, déclarait: «On ne peut pas affirmer des choses aussi graves sans preuves». Dans un memorandum rédigé par le gouvernement ivoirien, les autorités d'Abidjan réfutent le rapport sur les violations des droits de l'homme rendu public par l'ONU en janvier dernier. Ce rapport faisait publiquement état de l'existence «d'escadrons de la mort» dans la capitale économique du pays. Plusieurs journaux français ont également affirmé qu'une version non publique de ce document pointait du doigt des personnalités de l'entourage du président Gbagbo pour leur rôle dans l'action de ces «escadrons de la mort».

L'impasse actuelle se prolonge alors que les deux camps sont soupçonnés de profiter de la trève pour s'armer et que l'économie ivoirienne s'enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Selon la mission économique française à Abidjan, l'activité est en baisse de 20% à 60% selon les secteurs d'activité. Elle atteint même 80% dans le bâtiment et les travaux publics, mais aussi dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie.



par Philippe  Couve

Article publié le 24/02/2003