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Côte d''Ivoire

Accra, un nouvel échec

Seydou Diarra, le Premier désigné de Côte d’Ivoire, a officiellement pris ses fonctions mais reste, pour l’instant, le seul membre connu du gouvernement de transition. La rencontre avec les rebelles à Accra n’a apporté aucune évolution au dossier des nominations du Premier ministre.
Les rebelles ivoiriens ont boudé la réunion de Yamoussoukro du 10 février, qui se tenait sous l’égide de la CEDEAO. Rien de nouveau ne pourrait sortir d’une rencontre, ont-ils prétendu, en exigeant «l’application pure et simple de l’accord de Marcoussis». Rappelés autour d’une table de négociation, par le président John Kufuor du Ghana, et président en exercice de la CEDEAO, ils ont accepté l’idée d’une nouvelle rencontre avec le Premier ministre Seydou Diarra. Mais à Accra, le 14 février, il n’y avait que des représentants du MPCI, Guillaume Soro, le secrétaire général, Sidiki Konaté, le porte-parole du mouvement et un cadre militaire, le colonel Soumaïla Bakayoko.

La réunion, dont la mission était de trouver des solutions pour faciliter la mise en œuvre de l’accord de Marcoussis et la composition du nouveau gouvernement, n’a débouché sur aucun texte de compromis. Le MPCI est resté arc-bouté sur ce qu’il appelle : «l’esprit de Marcoussis». Il faut entendre par cela l’intransigeance au sujet des postes ministériels qui leur aurait été concédés. Or, à Abidjan, les dignitaires du régime du président Gbagbo, et les cadres de son parti, le FPI, s’opposent à l’entrée au gouvernement des rebelles. Les postes le plus discutés sont ceux de l’Intérieur et de la Défense que revendiquent le MPCI. Au terme des séances de discussions, au soir du 14 février, aucune avancée n’a été notée. Mais à l’initiative des autorités ghanéennes, les Ivoiriens ont passé la nuit à Accra, pour un reprise des débats le samedi 15 février. La nuit porte conseil, dit-on. Malgré cette séance supplémentaire, le Premier ministre et ses interlocuteurs se sont séparés sans le moindre accord.

Soro engage une offensive diplomatique

Regroupés sous la bannière de «Forces nouvelles», les rebelles ont laissé tout de même apparaître quelques fissures dans leur coalition. Les représentants du MPIGO et du MJP n’étaient pas présents à Accra. Ils ont laissé entendre qu’ils n’étaient pas concernés par les discussions du MPCI. En effet, les postes ministériels réservés à leurs mouvements sont des ministères de «second plan», disent-ils. Ils n’ont pas de ministères d’Etat comme tous les autres grands partis, le FPI, le PDCI, le RDR et le MPCI le plus important mouvement de rébellion. Le MPIGO et le MJP sont les plus menaçants sur le front de la reprise des combats «si l’esprit de Marcoussis» n’est pas respecté. Ce sont eux qui ont aussi poussé à un ultimatum adressé au pouvoir d’Abidjan, reprochant au passage au MPCI des «débats trop intellectuels». Il est vrai, qu’au terme des discussions de Marcoussis, le MPCI a pris une nouvelle dimension et entend transformer sa reconnaissance internationale en capital politique et de respectabilité.

C’est pourquoi, après le nouvel échec d’Accra, Guillaume Soro, le secrétaire général du MPCI a annoncé qu’il engagerait dans les prochains jours une «offensive diplomatique d’explication» des positions du MPCI. Des délégations du mouvement rebelle seront envoyées au Sénégal, au Mali, au Bénin, au Nigeria, au Burkina Faso et en France. Dès le lundi 17 février une délégation du mouvement est attendue à Ouagadougou.

Inquiets du retard dans l’application de l’accord de Marcoussis, le PDCI de l’ancien président Henri Konan Bédié, a demandé au président Laurent Gbagbo à respecter les engagements. «Le processus de Linas-Marcousssis, dans son esprit et sa lettre en tenant compte de la volonté exprimée par la communauté internationale d’aider notre pays, offre une opportunité à la Côte d’Ivoire pour renouer avec son développement dans la paix», a déclaré le député PDCI, Bruno Koissi Koissi, à l’Assemblée nationale. Le RDR d’Alassane Ouattara exprime aussi son inquiétude à travers des manifestations de militants en Europe qui veulent alerter l’opinion internationale sur «la démarche peu transparente du président Gbagbo vis à vis de l’application des accords de Marcoussis et la paix en Côte d’Ivoire».



par Didier  Samson

Article publié le 16/02/2003