Côte d''Ivoire
Les négociations ivoiriennes font escale à Paris
En marge du sommet France-Afrique, une délégation du MPCI devrait rencontrer, à Paris, le premier ministre désigné Seydou Diarra. Et relancer les négociations sur la composition du gouvernement de réconciliation nationale.
«L’offensive diplomatique en Afrique occidentale», lancée la semaine dernière par les rebelles du MPCI, devait faire une escale inattendue… à Paris, ce jeudi soir 20 février, à l’occasion du 22ème sommet franco-africain. Guillaume Soro et les autres dirigeants basés à Bouaké pourraient y rencontrer le premier ministre désigné, Seydou Diarra, qui dirige la délégation ivoirienne qui participe au sommet de la Porte Maillot, et poursuivre donc les délicates négociations sur la composition du futur gouvernement d’union nationale devant conduire le pays jusqu’aux élections générales de 2005. Une tâche on ne peut plus difficile et imprévisible, mais qui devrait bénéficier de toutes les prises de position plutôt apaisantes de ces derniers jours.
La veille, en effet, l’état-major ivoirien avait accepté pour la première fois l’entrée des rebelles dans le gouvernement de réconciliation, tout en insistant pour que les postes clés de la Défense et de l’Intérieur soient confiés à des personnalités «neutres», et non aux rebelles, comme cela avait été promis au MPCI lors du sommet de l’avenue Kléber (à Paris). Ce feu vert venant d’un état-major toujours traumatisé par les attaques du 19 septembre dernier avait visiblement débloqué les négociations en cours depuis la désignation de Seydou Diarra.
Gbagbo : «Qu’on laisse les Français tranquilles!»
Presque au même moment, le président Laurent Gbagbo, absent du sommet de Paris, mais bien présent aux cœur des négociations, avait lui aussi détendu l’atmosphère, en obtenant des «jeunes patriotes» qu’ils renoncent à leur sit-in de longue durée devant - sinon à l’intérieur ! - de la base militaire française de Port-Bouët, à Abidjan. Le président est allé même plus loin, en déclarant que «les militaires français ne soutiennent pas les rebelles», contrairement à ce laissaient entendre des médias locaux et «radio Treichville». «Il faut qu’on cesse de voir les militaires français comme des soutiens aux rebelles. Le jour où je serai convaincu qu’ils sont un soutien logistique des rebelles, je prendrai les dispositions, ne vous inquiétez pas , avait-il lancé à ses propres extrémistes, avant d’ajouter : «Qu’on laisse les Français tranquilles, que chacun fasse son travail. J’espère que le calme va revenir».
Ces déclaration sont intervenues à l’issue d’une réunion plutôt inédite de toutes les forces militaires présentes en ce moment à Abidjan et dans la partie contrôlée par les loyalistes, à savoir : le général Ibrahim Fall, commandant des forces de la CEDEAO déployées en Côte d’Ivoire, le général français Emmanuel Beth, commandant de l’opération Licorne - également conseiller militaire du comité de suivi des accords de Marcoussis - et le général ivoirien Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci (Forces armées ivoiriennes).
Cette réunion était devenue nécessaire - voire urgente - au lendemain de quelques «incidents» plutôt inquiétants entre soldats français et forces loyalistes, à Yamoussoukro comme à Abidjan. «Ce sont souvent les petits incidents qui font les grosses bavures», a tenu à préciser par la suite Laurent Gbagbo, en rappelant qu’il avait lui-même demandé à la France de surveiller le cessez-le-feu. De son côté, le général Fall a souligné que la mission de la CEDEAO est «une mission de fraternité et d’amitié parce que un pays qui nous est très cher, la Côte d’Ivoire, est en difficulté ; mais on va s’en sortir». En répondant aux «jeunes patriotes» qui avait parlé de «forces d’occupation», le général Mathias Doué a déclaré pour sa part que «le développement des forces que l’on observe sur le terrain n’a rien de méchant ; il n’y a aucune menace sur la population, il ne s’agit que d’un mécanisme technique de relève. Nous sommes résolument engagés dans le processus de paix».
Enfin, le président togolais Eyadéma, qui avait en vain tenté de rapprocher les deux parties lors des négociations sans fin de Lomé, a profité du sommet franco-africain pour annoncer que, selon lui, les rebelles entreront dans le futur gouvernement. «Nous sommes sur le point de trouver une solution avec l’aide de la France. C’est le Premier ministre qui va discuter avec son chef d’Etat pour les postes qu’on va attribuer aux rebelles », a-t-il précisé, avant d’être partiellement démenti par le MPCI, qui a précisé qu’il s’en remettait toujours au comité de suivi, mais qu’il «était tout à fait normal que nous entrions dans le gouvernement».
Avec quels portefeuilles ? C’est tout l’enjeu des négociations en cours. Et rien n’indique que les deux parties parle le même langage.
La veille, en effet, l’état-major ivoirien avait accepté pour la première fois l’entrée des rebelles dans le gouvernement de réconciliation, tout en insistant pour que les postes clés de la Défense et de l’Intérieur soient confiés à des personnalités «neutres», et non aux rebelles, comme cela avait été promis au MPCI lors du sommet de l’avenue Kléber (à Paris). Ce feu vert venant d’un état-major toujours traumatisé par les attaques du 19 septembre dernier avait visiblement débloqué les négociations en cours depuis la désignation de Seydou Diarra.
Gbagbo : «Qu’on laisse les Français tranquilles!»
Presque au même moment, le président Laurent Gbagbo, absent du sommet de Paris, mais bien présent aux cœur des négociations, avait lui aussi détendu l’atmosphère, en obtenant des «jeunes patriotes» qu’ils renoncent à leur sit-in de longue durée devant - sinon à l’intérieur ! - de la base militaire française de Port-Bouët, à Abidjan. Le président est allé même plus loin, en déclarant que «les militaires français ne soutiennent pas les rebelles», contrairement à ce laissaient entendre des médias locaux et «radio Treichville». «Il faut qu’on cesse de voir les militaires français comme des soutiens aux rebelles. Le jour où je serai convaincu qu’ils sont un soutien logistique des rebelles, je prendrai les dispositions, ne vous inquiétez pas , avait-il lancé à ses propres extrémistes, avant d’ajouter : «Qu’on laisse les Français tranquilles, que chacun fasse son travail. J’espère que le calme va revenir».
Ces déclaration sont intervenues à l’issue d’une réunion plutôt inédite de toutes les forces militaires présentes en ce moment à Abidjan et dans la partie contrôlée par les loyalistes, à savoir : le général Ibrahim Fall, commandant des forces de la CEDEAO déployées en Côte d’Ivoire, le général français Emmanuel Beth, commandant de l’opération Licorne - également conseiller militaire du comité de suivi des accords de Marcoussis - et le général ivoirien Mathias Doué, chef d’état-major des Fanci (Forces armées ivoiriennes).
Cette réunion était devenue nécessaire - voire urgente - au lendemain de quelques «incidents» plutôt inquiétants entre soldats français et forces loyalistes, à Yamoussoukro comme à Abidjan. «Ce sont souvent les petits incidents qui font les grosses bavures», a tenu à préciser par la suite Laurent Gbagbo, en rappelant qu’il avait lui-même demandé à la France de surveiller le cessez-le-feu. De son côté, le général Fall a souligné que la mission de la CEDEAO est «une mission de fraternité et d’amitié parce que un pays qui nous est très cher, la Côte d’Ivoire, est en difficulté ; mais on va s’en sortir». En répondant aux «jeunes patriotes» qui avait parlé de «forces d’occupation», le général Mathias Doué a déclaré pour sa part que «le développement des forces que l’on observe sur le terrain n’a rien de méchant ; il n’y a aucune menace sur la population, il ne s’agit que d’un mécanisme technique de relève. Nous sommes résolument engagés dans le processus de paix».
Enfin, le président togolais Eyadéma, qui avait en vain tenté de rapprocher les deux parties lors des négociations sans fin de Lomé, a profité du sommet franco-africain pour annoncer que, selon lui, les rebelles entreront dans le futur gouvernement. «Nous sommes sur le point de trouver une solution avec l’aide de la France. C’est le Premier ministre qui va discuter avec son chef d’Etat pour les postes qu’on va attribuer aux rebelles », a-t-il précisé, avant d’être partiellement démenti par le MPCI, qui a précisé qu’il s’en remettait toujours au comité de suivi, mais qu’il «était tout à fait normal que nous entrions dans le gouvernement».
Avec quels portefeuilles ? C’est tout l’enjeu des négociations en cours. Et rien n’indique que les deux parties parle le même langage.
par Elio Comarin
Article publié le 20/02/2003